« Pour ma part je crois à la force du lien entre nationalité et citoyenneté : c'est la nationalité qui donne le droit de s'exprimer sur les grandes orientations politiques locales ou nationales » a déclaré Dominique de Villepin au sujet du vote des étrangers non communautaires, en réponse à Nicolas Sarkozy qui a lancé l'idée de leur octroyer un droit de vote pour les élections municipales.
L'actualité la plus contemporaine nous montre que la délimitation du corps électoral fait aujourd'hui encore partie des discussions politiques malgré les grandes avancées d'avril 1848 (mise en œuvre du suffrage universel masculin) et d'avril 1944 (droit de vote accordé aux femmes). Ce débat autour du vote des étrangers peut renvoyer indirectement à celui sur le vote des immigrés en France. Définir le terme d'immigré parait d'emblée nécessaire étant donné les différentes interprétations possibles. Nous considérerons donc que ce terme recouvre les « individus venus en France alors qu'ils étaient de nationalité étrangère, quel que soit leur age à leur arrivée en France » (BROUARD et TIBERJ, « Rapport au politique des Français issu de l'immigration », 2005). Arrêtons-nous sur la communauté maghrébine qui, issue des vagues successives d'immigration et notamment de celle d'après la Seconde Guerre mondiale, représente près de 3 millions de personnes dans notre pays. Elle est un acteur de poids dans la vie sociale et politique française c'est pourquoi s'attarder sur le comportement électoral des français d'origine maghrébine parait intéressant. Se sentent-ils concernés par la vie politique ? Leurs votes sont ils influencés par leur culture d'origine ? Ont-ils des attentes politiques similaires ? C'est autant d'interrogations qui apparaissent comme légitimes que nous regrouperons sous une seule et même question : existe-t-il un vote maghrébin en France ?
Nous apporterons les éléments nécessaires à la réponse en étudiant premièrement les arguments validant cette hypothèse en développant par exemple le concept d'identité collective. Nous nous attacherons par la suite à réfuter l'idée d'un vote « ethnique » en soulignant les disparités internes qui existent au sein du groupe étudié.
[...] II En nous plaçant au sein même de la communauté maghrébine il est possible de relever quelques disparités en terme de rapport au politique et de degrés d'intégration à la société française. Dans Le cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique (Daniel GAXIE, page 240, 1978) la politisation est définie comme l'attention accordée au fonctionnement du champ politique. Ce rapport au monde politique n'est pas le même chez chacun et cela est d'autant plus observable chez les immigrés aujourd'hui français. Le fossé est surtout visible entre la première et la seconde génération. [...]
[...] Globalement il est envisageable d'accepter la thèse d'un vote maghrébin si l'on s'arrête sur leur vote en faveur de la Gauche. Mais il faudrait noter que ce vote peut être divisé entre les partis de gauche PC, De plus, la moyennisation de la société, l'arrivée progressive des jeunes beurs à des postes élevés et le recul du religieux (ce que Weber nomme le désenchantement du monde dans L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme 1905) pourraient faire éclater ce vote a gauche. [...]
[...] Plus intégrés donc plus politisés ils sont donc en mesure d'être d'avantage mobilisés. Cet engagement constitue lui aussi une socialisation politique. Nous venons là de mettre en évidence des capacités distinctes de compréhension des phénomènes politiques qui constituent un premier clivage (de génération). Les jeunes maghrébins de part leur parcours ne se distingueraient plus des français de souche. Nés en France ils sont considérés par la loi comme n'importe quel autre français et sont par conséquent intégrés à la vie locale. [...]
[...] Il met en évidence trois causes influençant le vote : la classe sociale, la religion et le lieu de résidence. Ces aspects sont eux aussi souvent proches chez les familles issues de l'immigration. L'école de Michigan souligne aussi cette stabilité du vote : l'électeur est irrationnel, il a une information médiocre, de faibles connaissances, il est incapable de différencier les partis et son vote s'explique plus par la personnalité du candidat ou son identification partisane Cette dernière notion peut être interpréter comme l'attachement affectif de l'électeur à son groupe de référence selon Mayer et Perrineau Les comportements politiques», 1992). [...]
[...] Nous nous attacherons par la suite à réfuter l'idée d'un vote ethnique en soulignant les disparités internes qui existent au sein du groupe étudié. I Les travaux de Schérazade KELFAOUI Un vote maghrébin en France ? page 148, 1996), portant sur trois villes ou la proportion de citoyens d'origine maghrébine est élevée (Marseille, Saint Denis et Roubaix), ont montré que les membres de cette communauté sont de plus en plus nombreux à s'inscrire sur les listes électorales. Cela témoigne de leur sentiment d'appartenance envers la France mais aussi du fait qu'ils sont concernés par la vie politique de ce pays. [...]
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