Il suffit de lire la première page de n'importe quel quotidien, ou d'écouter les titres de n'importe quel journal télévisé pour constater que la violence est partout et qu'elle constitue l'essentiel de ce qu'on appelle les faits d'actualité : guerres, terrorismes à l'image des attentats qui ont frappé Alger mardi, violences urbaines avec les récentes émeutes de gare du Nord, mais aussi meurtres dans la rubrique des faits divers.
La violence est une notion assez générale : elle s'apparente à une contrainte exercée par quelqu'un en vue d'obtenir quelque chose. Les formes adoptées par la violence sont multiples. L'ouvrage de Jean-Claude Chesnais, qui en retrace l'histoire, conduit d'abord à distinguer la violence privée (crime, crime familial, crimes d'Etat : peine de mort, viol, holocauste routier…) de la violence collective (formes politiques de la violence : terrorisme ; terrorisme d'Etat, protestations collectives, guérillas, guerres), et fait ressortir en troisième lieu, une violence que l'on peut qualifier de « mythique » (celle qui fait l'objet de peur et de fascination, de condamnation et d'apologie, toujours de fantasme).
On étudiera ici plus particulièrement des formes de la violence collective : celle des citoyens contre l'Etat avec les violences urbaines, terrorisme ou celles de l'Etat contre les citoyens avec la guerre.
On le remarque assez rapidement, les relations entre violence et Etat et citoyens sont parfois assez ambiguës. Dès lors, on pourra se demander comment le phénomène d'expropriation de la violence de l'Etat et la pacification des mœurs qui l'accompagne entraîne une intolérance face au recours à la force qu'il soit le fait des citoyens ou de l'Etat.
[...] La meilleure preuve, d'ailleurs, vient de l'Etat lui-même, qui, tout en s'opposant à l'exercice de la violence de chacun, semble incarner à son tour la violence sous sa forme cette fois légitime Se retrouve ainsi l'idée, notamment développée par René Girard, qu' on ne peut pas se passer de la violence pour mettre fin à la violence. Et, c'est précisément pour cela que la violence est interminable. Ainsi, l'Etat ne serait-il en définitive qu'une figure nouvelle, nécessaire, de la violence, et non l'instrument de sa disparition au sein de l'humanité. Bibliographie Guerres justes et injustes (1977), M. Walzer. L'origine de la violence de Fabrice Humbert. La violence de Michel Wieviorka. [...]
[...] Seul l'état a le pouvoir d'imposer un châtiment à quiconque serait tenté de violer son pouvoir. Par ce contrat, les hommes s'engagent faisant un calcul rationnel- à abandonner tout recours individuel à la violence et à se soumettre ensemble à une haute autorité, celle du Souverain. Le droit de chacun n'a pas été aboli dans le contrat, il est délégué à une autorité souveraine qui, en réunissant tous les droits, assure la sécurité de chacun. Le souverain dispose alors d'une puissance de dissuasion permanente : il a un pouvoir absolu et son efficacité vient du fait qu'il est plus fort que chacun des individus. [...]
[...] Ensuite, il existe des contradictions entre les termes même de guerre et de justice. Il n'y a pas de justice dans la guerre et on ne peut pas en introduire une sans risquer de remettre en cause la morale. Tout au plus, nous pouvons limiter les effets injustes de la guerre en instituant un droit de la guerre Il semble que cette logique soit adoptée par l'ONU qui, en autorisant des interventions par mandat, transforme progressivement le droit international (supposant l'interdiction d'intervenir au sein des affaires intérieures d'une Etat reconnu sur la scène international) en droit cosmopolite (supposant la priorité des droits de l'homme, donc autorisant des interventions). [...]
[...] Elle doit être tenue après mûre réflexion pour que le recours aux armes puisse être considéré comme juste. Il ne s'agit donc pas de légitimer la guerre en tant que telle, mais de limiter le recours à la violence à certains cas, des distinctions doivent don être opérées. Deux situations peuvent faire apparaître une guerre comme juste: le rétablissement d'un équilibre arbitrairement rompu et la fondation du politique. La guerre qui rétablit un équilibre arbitrairement rompu. La guerre peut paraître juste si on est conscient de sa nature instrumentale. [...]
[...] La guerre ne se manifeste pas par des combats réels, tout au plus par des luttes ponctuelles, mais par un état permanent de menace et de crainte. Ainsi, si on veut sortir de cet engrenage, il faut limiter ou renoncer à ce droit illimité sur toutes choses. L'intérêt bien compris de chacun, ce n'est pas de demeurer dans cet état d'inquiétude et d'insécurité. Hobbes imagine donc un accord passé entre les hommes pour que cesse la sauvagerie. Il s'agit là du premier acte juridique, fondateur de la société : c'est un contrat. [...]
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