Norbert Elias, Mozart, sociologue, relations sociales, penser
Norbert Elias veut illustrer en quoi consiste le point de vue de la sociologie, à travers la vie et l'œuvre de Mozart. Il va nous montrer comment un sociologue peut interpréter la vie et l'œuvre de ce grand compositeur.
De plus, il veut nous prouver que la sociologie est capable d'élucider la connaissance d'objets d'étude extrêmement variés. Il n'y a pas de domaine réservé aux sociologues, tout objet devient un objet de sociologie à partir du moment où le sociologue s'en saisit et l'étudie du point de vue sociologique.
[...] Ce combat fait partie de son ethos[1] social. Pour participer à cette compétition, chaque noble a besoin d'avoir autour de lui une cour, et cette cour doit présenter deux caractéristiques : être nombreuse, et de qualité. Pour attirer à soi du nombre et de la qualité, il faut pouvoir s'offrir deux choses : un très bon cuisinier, et un très bon musicien. Mozart est donc ce que l'on appelle un artiste de cour, qui fabrique de la musique pour le noble qui l'emploie comme un artisan. [...]
[...] Penser comme un sociologue avec Norbert Elias. Cet ouvrage d'Élias pose trois questions : - quels sont les objectifs poursuivis par N. Elias dans ce livre ? - comment N. Elias atteint-il ses objectifs ? - quel est le message sociologique que nous fait passer cet ouvrage ? Il y a trois objectifs principaux. Le premier objectif, est celui qui nous intéresse le plus, veut illustrer en quoi consiste le point de vue de la sociologie, à travers la vie et l'œuvre de Mozart. [...]
[...] Et on comprend là son opéra Don Giovanni, qui illustre le conflit avec la bourgeoisie, consommant ainsi sa rupture. On retrouve donc aujourd'hui deux œuvres de Mozart : compositions d'œuvres de commande d'artiste artisan, compositions d'œuvres de commande d'artiste indépendant. On comprend aussi la rupture avec sa famille, en particulier avec son père, lui aussi artiste de cour. Son père était un bon musicien artisan mais n'avait pas et ne comprenait pas l'ambition d'artiste indépendant de Mozart, surtout en tant que génie. [...]
[...] On est en présence de deux classes sociales : la noblesse et la bourgeoisie. On peut alors étudier leurs relations d'un point de vue statique, mais aussi dynamique. Du point de vue statique, nous avons la noblesse autrichienne qui détient dans une main le pouvoir politique (classe gouvernante), et dans l'autre, le pouvoir culturel. C'est donc elle qui dit ce qui est de bon goût ou de mauvais goût. L'autre classe, la bourgeoisie, ne détient que le pouvoir économique. Ces deux classes sociales sont en concurrence, avec cette bourgeoisie qui est en phase ascendante, et qui vise la conquête du pouvoir politique. [...]
[...] Comment Norbert élias atteint-il ses trois objectifs ? Elias nous dit que l'on peut expliquer et comprendre la vie et l'œuvre de Mozart en replaçant ce compositeur de génie dans son système de relations sociales, c'est-à-dire le descendre des nuées, et le réinscrire dans le social ; puis en remplaçant ce système dans le cadre plus général des rapports entre les groupes sociaux qui forment la société autrichienne du XVIIIe siècle. La démarche du sociologue est d'étudier successivement ces trois cercles, afin d'expliquer et comprendre ce qu'il a produit. [...]
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