L'école serait-elle une solution à la délinquance ? Victor Hugo semblait le penser lorsqu'il écrivait : "Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons".
Poète, romancier, auteur de théâtre, critique, journaliste, et historien, Hugo était doté d'assez nombreuses qualités pour que nous puissions lui faire confiance. Grand défenseur des libertés, et sans conteste l'un des géants de la littérature française, cette phrase prend tout son sens dans la bouche de ce grand homme.
A l'époque des Misérables, l'instruction publique apparaissait en effet comme une solution à la délinquance.
Celle des enfants tout d'abord, parce que étant occupés à l'école, ils n'avaient plus le temps d'aller faire des bêtises au dehors. Mais l'école semblait aussi pouvoir lutter à plus long terme contre la délinquance des adultes, puisqu'à l'époque, un homme instruit avait beaucoup plus de chances de trouver un emploi intéressant et bien payé, qu'un individu qui n'était pas allé à l'école.
De plus, l'instruction était considérée par les grands auteurs tel Victor Hugo, comme un moyen d'ouverture d'esprit. En ce sens, un homme instruit était donc censé trouver d'autres solutions à ses problèmes, que la violation de la loi.
Néanmoins, bien que cette affirmation prononcée au XIXème siècle semble raisonnable, il est possible de se demander si elle est encore d'actualité aujourd'hui ?
En effet, à l'époque où Victor Hugo croyait en un tel pouvoir des écoles, la délinquance n'était pas ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Depuis lors, il est donc possible de se demander si cette phrase a survécu à l'Ordonnance de 1945, au développement des nouvelles formes de criminalité, à l'abaissement considérable de l'age des délinquants ?
Les écoles sont elles encore capables de mettre fin à la délinquance actuelle ?
Certes l'école conserve un rôle important dans la lutte contre la criminalité. Mais elle n'y suffit plus. D'autres solutions sont désormais nécessaires.
L'école semble donc aujourd'hui encore pouvoir fermer des prisons (I), mais elle n'y est plus suffisante (II).
[...] Mais bien souvent, les familles de ces jeunes sont elles mêmes en difficulté. Généralement issus de l'immigration, ces parents ne sont pas toujours bien intégrés en France du fait de leur manque de compréhension de la langue, ou de leur attachement à leurs traditions qui ne sont pas toujours en harmonie avec le droit français. Or la France ne peut pas leur imposer une culture dont ils ne sont pas issus. Notre droit accepte donc les coutumes étrangères, à condition qu'elles ne soient pas contraires à l'Ordre Public français. [...]
[...] C'est en cela que consistent notamment les centres ouverts dans lesquels sont envoyés les jeunes délinquants. Il y sont coupés de leur milieu criminogène, sans pour autant êtres enfermés au contact de criminels qui pourraient avoir de mauvaises influences sur eux. Conclusion Lorsque Victor Hugo a écrit "Ouvrez des écoles vous fermerez des prisons", les enfants de dix ans n'étaient pas encore aussi dangereux qu'ils le sont devenus aujourd'hui. Si sa phrase pouvait avoir un sens à l'époque, elle n'est plus d'actualité. Désormais, les écoles, et l'Education Nationale dans son ensemble ne sont plus suffisantes. [...]
[...] En ce sens, l'école serait bien un moyen de "fermer les prisons". Etant la clé de la vie professionnelle, elle assure une vie active, et fait disparaître toute cause de délinquance. Une personne qui travaille et perçoit un salaire ne devrait pas, en théorie, avoir besoin d'enfreindre la loi. Ce rôle de l'école se retrouve dans le fait que la majorité de la population carcérale est d'origine étrangère. De fait, ces personnes sont souvent arrivées à un âge relativement élevé en France et n'ont donc pas pu bénéficier du système scolaire français. [...]
[...] L'ouverture d'écoles ne suffirait elle pas alors à fermer des prisons ? Il est permis d'en douter, surtout si l'on constate que les femmes, très minoritaires en milieu carcéral, n'ont finalement été autorisées à aller à l'école que plusieurs années après les garçons. La relation école-prison ne serait elle en réalité qu'une apparence ? II/ L'insuffisance de l'école A en croire le profil de la population carcérale, il semblerait que Victor Hugo n'ait pas eu totalement raison. Beaucoup de prisonniers ont en effet suivi un cursus scolaire normal, avant de se retrouver enfermés L'école n'apparaît donc pas suffisante comme élément de politique pénale Des prisonniers instruits Si l'école était idéale, les prisons se videraient-elles vraiment ? [...]
[...] Elles remplissent déjà beaucoup de rôles, qui ne sont pas forcément les leurs. Mais elles ne peuvent plus suffire à fermer des prisons. Si elles jouent un rôle important en matière de politique pénale, elles n'en sont qu'un élément parmi d'autres. Il faut donc créer plus de solutions subsidiaires à la prison, afin de désengorger le milieu carcéral et à long terme, ne plus confier à l'école que son rôle premier, celui de l'instruction. [...]
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