Le principe de l'égalité méritocratique permet de rendre compte de ce qu'il en est au sein de l'école entre les valeurs affichées et les dispositifs mis en oeuvre au titre de l'égalité des chances. Il s'agit alors de vérifier empiriquement si l'adage « Tel père, tel fils » est encore la règle ou, de manière plus précise, si le passage du statut d'enfant à celui d'élève permet de s'affranchir de l'origine sociale (...)
[...] Le passage de l'égalité des chances à l'inégalité des positions sociales est régulé par la sélection des élèves en fonction de leurs résultats scolaires individuels: c'est l'égalité méritocratique. Ce principe légitime ainsi l'existence de justes inégalités à la seule condition que la compétition scolaire se fasse dans une concurrence loyale. En ce sens, l'école a pour mission de transformer l'enfant en élève, de le faire passer d'un statut marqué par l'affectif à un statut marqué par le pédagogique. L'origine sociale devait être laissée aux vestiaires comme pouvait le symboliser la blouse. [...]
[...] Dans quelle mesure l'origine sociale influence-t-elle la position sociale en France aujourd'hui ? Introduction Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Cette déclaration de principe pose fondamentalement la question de l'influence de l'origine sociale sur le devenir des jeunes générations. Est- il possible de s'affranchir de ses origines, c'est-à-dire de ne devoir sa position sociale qu'à soi-même? Et dans les sociétés démocratiques, comme en France en particulier où la question scolaire est toujours vive, l'enjeu est crucial puisqu'on est prêt à accepter la hiérarchie des positions sociales pourvu que l'égalité des chances soit le cadre dans lequel chacun puisse faire ses preuves. [...]
[...] La mobilité de proximité peut être aussi descendante: des enfants de parents en PCS 3 se retrouvent dans la 4. Autrement dit, entre plus de la moitié et près des trois quarts des enfants occupent la même position ou une position proche de celles de leurs parents. Ajoutons qu'une partie significative de la mobilité de proximité ascendante a pour origine les transformations de l'appareil productif se traduisant par une translation des postes vers le haut. Il semble donc assez difficile de s'affranchir de son origine sociale. [...]
[...] Il convient alors d'examiner les modalités de la motivation scolaire socialement différenciée, c'est-à-dire d'examiner l'environnement socioéconomique dans lequel les stratégies éducatives prennent des sens différents. Nous verrons ainsi dans une première partie les caractéristiques du système éducatif en France entre les principes et les dispositifs mis en oeuvre avant de rendre compte des caractéristiques de la mobilité sociale qui vont à l'opposé de ce qui est proclamé. Dans une seconde partie, il conviendra d'expliquer l'articulation entre école et famille, de sorte que, pour certains enfants, l'origine sociale est un frein à la mobilité sociale alors que, pour d'autres, elle est une ressource, faisant que de part et d'autre le diplôme n'a pas le même sens. [...]
[...] L'obtention d'un bon diplôme n'est alors que la ratification d'une domination sociale annoncée. Conclusion Bien que l'idéal démocratique porte en lui la possibilité de s'affranchir de ses origines sociales, et bien que l'école républicaine soit construite et régulée dans cette perspective, l'égalité méritocratique ne corrige pas sensiblement les inégalités familiales. L'origine sociale influence donc de manière décisive la position sociale à venir. Ce résultat, pour «décevant qu'il soit, ne doit cependant pas être tenu pour un échec patent de l'école, un dysfonctionnement qu'il conviendrait de corriger à tout prix. [...]
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