C'est un fait sociologiquement observable, que tout le monde ne fréquente pas de la même façon ni avec le même intérêt, les oeuvres d'art. Les lieux de 1'art : musée, théâtre, concert, et même le livre, s'ouvrent en droit à tous. Dans le fait les efforts pour y attirer le plus grand nombre possible de gens ne sont pas toujours couronnés de succès. Il est bien connu que la fréquentation des oeuvres d'art demeure, en dépit de nombreuses tentatives de démocratisation, le privilège d'un petit nombre. Les oeuvres d'art s'adressent-elles alors à une élite ? Cela signifierait que certaines personnes seraient plus aptes que d'autres à apprécier l'art, il y aurait une élite du goût ce qui contredit le sentiment d'universalité, de partage d'un sens commun qu'on peut éprouver face à une oeuvre belle. Ou bien les oeuvres d'art s'adressent à tous, mais alors comment expliquer le fait de l'inégalité d'accès à l'art ? Nous allons voir que l'élite sociale et culturelle qui semble s'approprier les oeuvres d'art n'est pas forcément une élite du goût, et que les oeuvres d'art du point de vue esthétique peuvent cependant s'adresser à tous.
[...] Mais est-ce vraiment comparable ? Peut-on soutenir que puisque l'art dit primitif n'a pas moins de valeur que l'art moderne, alors de même art populaire et " grand art ne peuvent être hiérarchisés ? Les Beatles vaudraient autant que Schubert, Régine Desforge ou Alexandre Jardin ne seraient pas moins respectables que Gustave Flaubert ou Nathalie Sursaute. C'est le cas si l'on affirme que l'élite n'est pas une élite du goût, plus capable d'apprécier le beau, mais seulement une élite sociale érigeant ses propres goûts en norme absolue, et s'y adonnant pour mieux se distinguer des classes inférieures, c'est-à-dire économiquement et politiquement dominées. [...]
[...] Les oeuvres d'art s'adressent-elles à une élite ? C'est un fait sociologiquement observable, que tout le monde ne fréquente pas de la même façon ni avec le même intérêt, les oeuvres d'art. Les lieux de 1'art : musée, théâtre, concert, et même le livre, s'ouvrent en droit à tous. Dans le fait les efforts pour y attirer le plus grand nombre possible de gens ne sont pas toujours couronnés de succès. Il est bien connu que la fréquentation des oeuvres d'art demeure, en dépit de nombreuses tentatives de démocratisation, le privilège d'un petit nombre. [...]
[...] Elles semblent d'abord s'expliquer par le fait que les oeuvres d'art s'adressent à une élite sociale. En effet, l'obstacle social, qui est d'abord concrètement l'obstacle financier immédiat, n'est certes pas à négliger. Toutes les familles n'ont pas la possibilité de s'offrir des places de spectacle par exemple. Alors la solution pour que les oeuvres d'art ne soient plus réservées à une élite paraît simple, c'est une solution politique : il suffirait d'ouvrir l'accès à l'art par des aides financières. Mais ces aides existent et n'ont pas réglé le problème : ce ne sont pas les plus démunis socialement qui profitent par exemple de l'accès gratuit au Louvre une fois par mois ; les associations caritatives qui offrent à des familles démunies des places de cinéma déplorent qu'une minorité d'entre elles utilisent ces places. [...]
[...] Du coup, il semble que, outre l'élitisme par l'argent, il existe une autre élite : par la culture elle-même, comprise comme culture personnelle, c'est-à-dire capacité de jouir des oeuvres de culture. En effet certaines oeuvres sont difficiles d'accès car elles choquent, ne flattent pas nos sens. Dans la mesure où l'oeuvre d'art est celle qui nous ouvre un autre monde que celui de nos habitudes, elle nous fait violence. Picasso fait violence aux formes avec le cubisme, Dali fait violence aux lois de la nature en faisant fondre des montres, et cette violence peut rebuter un spectateur non éduqué, c'est-à-dire qui n'a pas l'expérience de ces rencontres singulières. [...]
[...] En effet, avoir un regard esthétique, c'est être capable de voir l'objet détaché de toute habitude, c'est voir sans s'attendre à ce que l'on voit. Or, trop d'habitude peut nuire à la pureté de cette rencontre. Et tant que la rencontre esthétique est de l'ordre du sentiment et non de la connaissance, une certaine candeur est peut-être plus propice à nous faire éprouver ce sentiment. Celui qui est érudit peut aussi être blasé et manquer l'approche de ce que l'oeuvre a d'unique. [...]
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