Une multitude de risques nous fait front dans chaque domaine de notre vie : aussi bien le travail (licenciement, accidents de travail, …) que la santé (erreur médicale, maladie, mort, …), la famille (divorce, stérilité, grossesse, …), l'environnement (effet de serre, réchauffement climatique, OGM, …), etc. Pour les côtoyer chaque jour, tous ces risques nous sont familiers. Pourtant, afin de bien cerner cette notion de « risque », il n'est pas inutile de nous pencher plus précisément sur cette notion que notre sensibilité d'humains nous fait probablement méconnaître.
Le mot « risque » est apparu au XIVème siècle. Dérivé du latin resecum (« ce qui coupe »), le « risque » désignait l'écueil qui menace les navires, puis tout danger auquel sont exposées les marchandises en mer. On peut également relier le « risque » à rixicare (« se quereller ») qui a donné « rixe », c'est-à-dire une situation sociale de danger.
On l'a donc bien compris, risque et danger sont des notions voisines… qu'il convient de distinguer...
Le danger est une menace réelle à laquelle on est physiquement exposé alors que le risque est la probabilité d'être exposé à ce danger. Pour comprendre cette nuance, dans La société du risque, Peretti-Watel identifie trois types d'univers. L'univers du risque correspond à la situation d'un joueur qui sait quels événements peuvent se produire ainsi que leur probabilité de survenue ; l'univers incertain renvoie à la situation du joueur sachant quels événements peuvent survenir mais ignorant leur probabilité ; l'univers indéterminé coïncide avec le cas où le joueur ne connaît ni les événements possibles, ni _ de ce fait _ leur probabilité.
Dès lors, l'individu face aux risques peut plus ou moins anticiper la venue du danger. Et, à l'aide d'un calcul rationnel (coût/avantage), il peut opérer des choix (‘'prendre des risques'') de façon à limiter les contraintes associées aux risques.
En effet, si les risques sont associés à l'idée de danger, il s'agit d'un danger que l'on peut maîtriser (car il reste du registre de la probabilité). Mais il s'agit également d'un danger pour lequel il est parfois impossible d'attribuer la responsabilité à qui que ce soit. En résulte alors l'impression de danger sans cause, de « danger accidentel ».
Prenons l'exemple des accidents de travail de la fin du XIXème siècle lors du take-off industriel : peut-on les imputer aux patrons ou aux ouvriers ? Ces accidents de travail représentent un danger inhérent à l'industrialisation donc à un risque inévitable, dont le dommage est néanmoins remédiable sans condamnation d'un coupable (rétribution financière à la famille de l'ouvrier). De plus, on cherche à anticiper en calculant la fréquence des accidents, donc on cherche à prévoir le coût social qui lui est associé.
[...] alors que récompense est faite à ceux qui mènent leur vie avec droiture, ces derniers bénéficiant des effets positifs des risques. On retrouve tout à fait cela chez Weber dans L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme : les capitalistes mènent une vie ascétique à l'instar du mode de vie protestant dans lequel rien n'est consacré au superflu, il s'agit de travailler afin d'accumuler les richesses non pas en vue de les dépenser pour le plaisir, mais en signe d'une élection divine voulue par la Providence. [...]
[...] Enfin, précisons qu'il est nécessaire de distinguer les notions imputabilité et responsabilité L'« imputabilité est la possibilité d'attribuer une action à un individu. Par exemple, en transgressant la loi, un criminel nuit à la loi, c'est pourquoi le crime doit être puni. Et la punition du crime est un tête à tête entre la loi et l'inculpé. Dans le concept de responsabilité l'altérité est impliquée. Un autre ou plusieurs autres acteurs interviennent dans ce cas : la ou les victimes. [...]
[...] Le danger est une menace réelle à laquelle on est physiquement exposé alors que le risque est la probabilité d'être exposé à ce danger. Pour comprendre cette nuance, dans La société du risque, Peretti-Watel identifie trois types d'univers. L'univers du risque correspond à la situation d'un joueur qui sait quels événements peuvent se produire ainsi que leur probabilité de survenue ; l'univers incertain renvoie à la situation du joueur sachant quels événements peuvent survenir, mais ignorant leur probabilité ; l'univers indéterminé coïncide avec le cas où le joueur ne connaît ni les événements possibles, ni _ de ce fait _ leur probabilité. [...]
[...] Et lorsque les autorités politiques prennent en charge la délicate question des risques, c'est leur propre perception des risques qui sert d'instrument de mesure. Sachant que les responsables politiques appartiennent aux sphères les plus hautes de la société, il est évident qu'ils éprouvent quelque difficulté à appréhender les dommages subis par tous, notamment par les petits (c'est d'ailleurs la critique que ces derniers adressent aux dirigeants politiques, déçus qu'ils sont de l'absence de représentation de leur milieu social au sein de l'élite politique). [...]
[...] Ainsi que nous l'avons déjà souligné, le rôle des médias dans l'apparition des risques est essentiel. Ils se font le relais des autorités publiques dans leur tâche d'information des citoyens (les journaux télévisés et la publicité constituent à ce titre des outils privilégiés). Générer et amplifier les inquiétudes face à l'incertitude que sous-tendent les risques, voilà l'action des médias dans l'éprouvante lutte contre les risques, cette guerre fondée sur la peur (de la menace que représente l'autre pour moi). C'est en passant à travers le tamis des médias qu'un risque se transforme en véritable problème public. [...]
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