L'idée que des réseaux sociaux et de relations participent à structurer la société est présente depuis les prémices de la sociologie et a contribué au développement de nombreux courants théoriques. En effet, on trouve déjà chez Hobbes l'idée qu'"avoir des amis, c'est avoir du pouvoir ».
Le fait de porter son attention aux relations qui unissent les individus et qui structurent ainsi un groupe n'est donc pas une innovation en soi et a, par ailleurs, permis aux chercheurs en sciences sociales de sortir de perspectives soit purement holistes, soit individualistes.
En effet, porter son attention aux liens entre les individus permet une approche intermédiaire, qui à partir d'une analyse microsociologique des relations permet de dégager des structures au niveau macroéconomique.
On constate un fort engouement pour l'analyse des réseaux depuis une vingtaine d'années dans différents champs des sciences sociales que l'on peut attribuer à sa théorisation récente. En effet, des chercheurs tels que Granovetter ou Moreno ont dépassé la simple idée de réseau pour s'attacher à théoriser les réseaux de relations en sciences sociales et en faire ainsi de véritables outils méthodologiques.
L'utilisation du terme de « réseau social» en sciences sociales est relativement récente. Même si de nombreux chercheurs en avaient eu l'intuition auparavant, on s'accorde généralement pour désigner John Barnes comme étant à l'origine de l'utilisation du terme dans des travaux de recherche en sciences sociales.
C'est suite à un terrain de près de deux ans sur une île norvégienne que l'anthropologue publie un article en 1954 qui devient une référence et acquiert vite une grande influence en sciences sociales. L'objectif de cette recherche était de rendre compte de l'organisation sociale d'une petite communauté par l'analyse de l'ensemble des relations entretenues par ses membres.
Sur cette base, Barnes distinguera trois champs sociaux ; le premier étant « territorial », le second correspondant au tissu « industriel » et le troisième serait le champ « social » sans frontière bien délimitée. C'est à ce propos que Barnes utilise le terme de « social network » qui doit rendre compte de cet espace relationnel qui se superpose aux champs territorial et industriel en dépassant leurs frontières.
Plus que d'enrichir le vocabulaire sociologique, c'est un nouveau concept qu'amène Barnes. En s'intéressant à ce qu'il désigne comme étant le « réseau social » de l'île, il sera mené à définir des chaînes d'interconnaissances, ce qui constitue l'un des premiers outils d'analyse de la sociologie des réseaux sociaux.
Finalement, selon Barnes, tous les habitants de l'île sont reliés par des chaînes d'un maximum de quatre relations d'interconnaissance, et il va même plus loin en affirmant que le réseau de relations informelles parcourt l'ensemble de la société, et peut être étendu à l'échelle de la Norvège ou du monde.
Barnes est donc le premier à définir la notion de réseau social et à la constituer comme outil d'analyse. Toutefois, l'approche de Barnes reste quelque peu contestable du point de vue de sa scientificité, puisqu'il ne s'agit pas de résultats établis quantitativement, mais d'hypothèses formées sur la base de son travail d'observation.
[...] Quel apport pour la sociologie économique ? Afin de mieux saisir quels ont été les apports de l'analyse des réseaux sociaux pour le développement contemporain de la sociologie économique, il nous faut tout d'abord resituer le développement de la discipline et les bases sur lesquelles celle-ci s'est fondée. Les origines de la sociologie économique Les auteurs s'accordent pour situer les débuts de la sociologie économique dans les années 1870-1920. À cette époque, de nombreux économistes et sociologues remettent en question les postulats de la théorie économique classique qui envisage l'individu comme constant, rationnel, libre et disposant d'une parfaite information, soit le fameux modèle de l'homo oeconomicus Même si les tenants de la théorie économique classique justifient leur approche par le fait qu'il s'agisse justement de modélisation et non pas d'une description du réel, celle-ci a pourtant pour but de donner des explications des phénomènes économiques et d'apporter des prévisions quant à ces phénomènes. [...]
[...] L'examen du fonctionnement du TPC par l'analyse de réseau menée par Lazega et Mounier permet donc de dresser un portrait fidèle des mécanismes de régulation en cours dans ce tribunal au regard des actions effectivement menées par les acteurs et de ne pas se limiter à une analyse catégorielle construite en amont en fonction des seuls secteurs d'activités des juges. Conclusion L'analyse des réseaux sociaux en sociologie semble donc avoir contribué à ouvrir de nouvelles possibilités dans les recherches possibles. [...]
[...] Finalement, un réseau ne connaît pas de frontière et peut théoriquement être infini. C'est donc au chercheur de délimiter arbitrairement les limites du réseau. On distingue deux approches : les réseaux complets et les réseaux simples. Les réseaux complets sont constitués en se basant sur des limites présentes a priori et jugées pertinentes dans la mesure où l'ensemble délimité conserve une certaine cohésion interne (village, classe, entreprise, quartier). Cette approche pose toutefois problème puisqu'elle suppose que les limites d'un groupe peuvent être formées a priori alors que l'analyse structurale cherche justement à se défaire de ce type de catégorisations traditionnelles pour former les limites des groupes sur la base de l'analyse du réseau. [...]
[...] La notion de réseau dans l'histoire de la sociologie L'utilisation du terme de réseau social» en sciences sociales est relativement récente. Même si de nombreux chercheurs en avaient eu l'intuition auparavant, on s'accorde généralement pour désigner John Barnes comme étant à l'origine de l'utilisation du terme dans des travaux de recherche en sciences sociales. C'est suite à un terrain de près de deux ans sur une île norvégienne que l'anthropologue publie un article en 1954 qui devient une référence et acquiert vite une grande influence en sciences sociales. [...]
[...] L'unité seule ne peut bien entendu pas former de réseau ; la dyade quant à elle présente un caractère spécifique qui empêche d'en faire l'atome de l'analyse des réseaux sociaux dans la mesure où elle dépend de la pure individualité de chacun de ses membres selon Forsé. Par contre, dès que les relations comprennent un troisième élément, elles acquièrent une dimension impersonnelle puisque l'on peut alors envisager que deux des membres de la triade n'aient pas de relation directe. Ainsi, la triade s'impose comme la figure élémentaire du social, l'unité atomique de son analyse (Mercklé p.9). [...]
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