« La jeunesse n'est qu'un mot », affirme Pierre Bourdieu, célèbre sociologue français, lors d'un entretien avec Anne-Marie Métailié. Il sous-entend qu'on ne peut regrouper un ensemble d'individus du même âge biologique sous l'unique terme de « jeunes ».
Cette « jeunesse » est considérée comme une classe sociale à part entière. Or, toute classe sociale se définit comme un groupe d'individus dont les conditions de vie, de travail et les revenus sont similaires. Depuis une trentaine d'années, les membres de la catégorie des 15-29 ans ont des par-cours très différenciés. Comme le fait remarquer Bourdieu, certains individus du même âge peu-vent être déjà actifs et indépendants financièrement, et d'autres étudiants complètement dépendants du financement de leurs parents. L'auteur, bien que défendant l'existence de plusieurs jeunesses, choisit de ne s'intéresser qu'à deux exemples diamétralement opposés (« pour aller plus vite » dit-il) : « l'étudiant bourgeois » et le « jeune ouvrier qui n'a même pas d'adolescence ».
[...] Page 3 La réussite scolaire ne dépend donc pas réellement d'un certain don pour l'apprentissage ou le travail, mais elle dépend pour une large part du milieu socioculturel des individus. Ici, il est bien question de la stratification sociale à laquelle les sociologues font souvent allusion. La notion stratification sociale fait référence au fait de regrouper des classes sociales selon un ordre hiérarchique, déterminant ainsi les inégalités entre toutes ces classes. Dans le cas étudié à travers ces documents, il s'agit en effet d'inégalités en ce qui concerne l'accessibilité des étudiants à un certain avenir socioprofessionnel, comme par exemple l'accessibilité au fameux, presque sacrosaint contrat à durée indéterminée. [...]
[...] Voilà qui illustre donc les propos de Bourdieu lorsqu'il évoque l'existence de deux jeunesses Mais sans doute serait-il judicieux de prendre en considération une autre jeunesse qui est celle des étudiants qui sont obligés d'avoir un emploi en plus de leurs études. Le plus souvent, leurs parents ne peuvent les aider à les financer, ou que très partiellement. Cela les obligent donc à acquérir une indépendance financière précoce, et qui les classes dans une catégorie intermédiaire, entre les deux auxquelles fait allusion Bourdieu. Ils bénéficient des privilèges financiers des étudiants, mais sont tout de même confrontés au milieu du travail. En analysant le tableau du document on remarque que cette réalité touche surtout les 18-29 ans. [...]
[...] Ils aspirent donc à des études plus longues qu'avant. C'est ce dont parle Alexandra Filhon dans le document 4 La première année en filière administration économique et sociale : motivations, abandons, et attentes des étudiants ».Il est bien sûr ici uniquement question des étudiants ayant choisi la filière AES, mais le schéma est applicable également à d'autres formations. Elle nous dit que Dans un contexte généralisé de course aux diplômes, avec des taux de chômage élevés pour les jeunes sortis précocement du système scolaire, les étudiants envisagent de poursuivre leur cursus le plus longtemps possible Il apparaît également que selon le milieu social d'origine, des écarts significatifs apparaissent au sein de la même filière et et les jeunes issus de milieux populaires se projettent moins dans l'avenir que ceux issus de milieux plus favorisés Il est donc ici question d'origine sociale, relativement déterminante quant à l'avenir socioprofessionnel d'un individu. [...]
[...] Alors qu'en réalité une catégorie choisie de faire de longues études, alors que l'autre, à cause soit de difficultés scolaires, d'un certain manque d'ambition dans les études, mais le plus souvent par un manque de moyen, entre tôt dans la vie active et par conséquent dans la vie adulte. Leur séparation résulte d'une éducation différente d'un milieu à l'autre : l'étudiant du milieu bourgeois bénéficiera d'un héritage culturel plus en adéquation avec le système scolaire que le fils ou la fille d'ouvrier. Cela lui facilite donc l'adaptation aux études et donc assure sa réussite scolaire, mais également socioprofessionnelle. Mais quelles peuvent être alors les mesures à prendre par le gouvernement pour diminuer au maximum (vouloir les supprimer serait utopique) les disparités entre ces deux couches sociales ? [...]
[...] Dans un deuxième temps, nous verrons les origines et les conséquences de cette séparation. De nos jours, il n'existe plus tellement de rite de passage à l'âge adulte à proprement parler comme ont pu en connaître les générations qui ont précédé les évènements de 1968. Auparavant, il était considéré que le passage de l'adolescence à l'âge adulte se faisait grâce au mariage ou au service militaire, entre autres. Désormais, on parle de ce que Barbara Glowczewski appelle «l'adolescence interminable (dans Adolescence et sexualité. L'entre deux). [...]
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