Qu'est-ce qu'un notable ? Le mot notable, nous dit le dictionnaire Littré de la langue française vient du mot latin qui signifie « être connu ». On peut définir le notable en tant que figure historique, politique et sociologique comme une personne qui a acquis dans un certain territoire une notoriété qui lui donne un pouvoir particulier et lui confère un statut privilégié. Un notable est un personnage profondément ancré à un lieu, à un « pays » au sens paysan du terme c'est à dire à une entité territoriale qui ne dépasse que rarement l'échelle du canton. Le notable est un personnage auquel les habitants de la région qu'il domine vouent un respect qui lui donne un certain pouvoir. Ce respect est causé par les services que le notable a pu rendre à chacun grâce à ses relations comme par exemple la modification de l'affectation militaire d'un des fils ou le règlement d'une dette à des créanciers. Par le biais de ces divers services rendus à chacun, le notable entretient une clientèle qui, si elle ne lui est pas dévouée corps et âme lui doit toujours un service.
Pour bien comprendre ce que recouvre l'idée de notable, il est indispensable de se rapporter à l'histoire et en particulier à l'histoire de France. Les notables en tant qu'entités sociologiques naissent au XIX° siècle et sont directement issus de la révolution française. En effet, le statut de notable repose avant tout sur la supériorité sociale du notable sur ses administrés. Cette supériorité tient au XIX° siècle avant tout à la propriété foncière qui constitue le rêve de la plupart des paysans français. Le notable est donc un propriétaire qui a en général acquis ses biens au lendemain de la nationalisation des biens du clergé par les révolutionnaires. Le notable est de plus l'homme qui sait lire ce qui lui confère un statut quasi magique et l'homme qui lit des journaux, qui est donc en rapport, aux yeux des paysans, direct avec la capitale. Grâce à ces attributs, le notable est donc détenteur d'une certaine autorité sur ses concitoyens et peut largement les influencer lors des élections par exemple. En effet, grâce à leur statut de propriétaires et grâce à leur éducation, les notables ont été très tôt des électeurs et sont habitués à voter et à s'intéressés à la chose publique. Ils vont donc influencer pendant de nombreuses années le vote de leurs concitoyens. Le parfait exemple du notable est l'Alexis de Tocqueville que l'on voit apparaître dans ses souvenirs :
« La population m'avait toujours été bienveillante, mais je la retrouvai cette fois affectueuse, et jamais je ne fus plus entouré de respect que depuis que l'égalité brutale était affichée sur nos murs (…). Le matin de l'élection, tous les hommes se mirent en rang deux par deux suivant l'ordre alphabétique ; je voulus marcher au rang que m'assignait mon nom car je savais que dans les pays et dans les temps démocratiques, il faut se faire mettre à la tête du peuple et ne pas s'y mettre soi-même. (…) Arrivés au haut de la colline qui domine Tocqueville, on s'arrêta un moment, je sus qu'on désirait que je parlasse. Je grimpai donc sur un fossé, on fit cercle autour de moi et je dis quelques mots que la circonstance m'inspira.. Je rappelai à ces braves gens la gravité et l'importance de l'acte qu'ils allaient faire ; je leur recommandai de ne point se laisser accoster ni détourner par les gens qui, à notre arrivée au bourg pourraient chercher à les tromper ; mais de marcher sans se désunir et de rester ensemble, chacun à son rang, jusqu'à ce qu'on eût voté. (…)Ils crièrent qu'ainsi ils feraient et ainsi ils firent. Tous les votes furent donnés en même temps, et j'ai lieu de penser qu'ils le furent presque tous au même candidat.
Aussitôt après avoir voté moi-même, je leur dis adieu, et, montant en voiture, je partis pour Paris »(1)
On voit ici de quelle autorité jouit l'auteur sur les tout nouveaux électeurs du village de Tocqueville en colonne vers les urnes, les emmenant vers l'inconnu qu'était le suffrage. Le notable est donc celui qui jouit d'une grande influence auprès du peuple apprenant le suffrage et la responsabilité politique. Mais il ne faut pas voir ici un acte désintéressé. En effet, si Tocqueville a « lieu de penser qu'ils [les votes] le furent presque tous au même candidat », c'est qu'il a mis lui-même dans les mains de ses paysans illettrés.
Ces considérations sont bonnes pour le XIX° siècle pourrait-on penser, pour ce temps des masses paysannes incultes que l'on menait par le bout du nez. Que reste-t-il de la figure du notable actuellement ? Assiste-t-on à la fin des notables ou à une transformation de ceux-ci ?
[...] L'auteur oppose deux modèles, le classique et le moderne. Modèle classique : on est ici en présence du modèle qui convenait le mieux aux notables. Une carrière politique commençait alors par un premier mandat local dans une petite bourgade de la région venant récompenser un militantisme actif (cf. la carrière de l'actuel candidat à la mairie de Lyon pour l'UDF qui a commencé sa carrière au sein des JEC) ou une amitié fidèle. On commençait donc par un mandat de conseiller municipal avant de devenir maire du village. [...]
[...] En effet, si Tocqueville a lieu de penser qu'ils [les votes] le furent presque tous au même candidat c'est qu'il a mis lui- même dans les mains de ses paysans illettrés. Ces considérations sont bonnes pour le XIX° siècle pourrait-on penser, pour ce temps des masses paysannes incultes que l'on menait par le bout du nez. Que reste-t-il de la figure du notable actuellement ? Assiste-t-on à la fin des notables ou à une transformation de ceux-ci ? I. La fin des notables . A. La difficulté des notables dans la vie politique moderne La vie politique moderne semble-t-il sonné le glas du règne des notables. [...]
[...] ou l'ENA). L'important, c'est d'avoir appartenu au bon groupe de réflexion, celui qui soutenait l'homme en forme de tel ou tel parti. Puis vient la course au cabinet ministériel tout en essayant de monter dans la hiérarchie du parti. Enfin, le retour au peuple restant indispensable en ces temps de suffrage universel, l'homme politique se trouve parachuté par son parti dans une de ces circonscriptions imperdables telles que celles du Nord Pas de Calais pour la gauche ou celles de Vendée pour la droite, afin d'obtenir un mandat normalement directement national puis de pouvoir légitimement briguer un poste de ministre ou une responsabilité dans une commission à l'assemblée. [...]
[...] On pourrait également citer le cas intéressant de monsieur le ministre des affaires européennes, Pierre Moscovisci, parisien d'origine et de culture mais qui tente depuis le début des années 90 de s'implanter dans le Doubs et plus précisément à Montbéliard. S'il n'a pas réussi à gagner la mairie de Montbéliard ni le conseil régional de Franche Comté, il est néanmoins député de Montbéliard, circonscription dans laquelle se trouve Sochaux, berceau de la marque automobile Peugeot et ce sans avoir le permis de conduire. La massification des partis politiques et la constitution d'entités organisées n'a pas non plus desservi les notables locaux et leur a donné au contraire un plus grand rôle à l'échelle nationale. [...]
[...] Les sénateurs sont élus au suffrage indirect par des élus locaux, maires, conseillers municipaux etc . De plus, la symbiose entre notables locaux et représentants nationaux est encore accentuée par le mode d'élection des députés. En effet, le scrutin de circonscription uninominal à deux tours n'est pas un scrutin neutre Il met tout d'abord l'accent sur la personnalité du candidat et non sur son parti comme cela pourrait être le cas lors d'un scrutin à la proportionnelle et il rend nécessaire un ancrage local du candidat. [...]
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