Norbert Elias naît en Allemagne, dans une famille juive, en 1897. Après des études de médecine et une thèse de philosophie, il se forme à la sociologie et soutient une thèse en 1933 (sur la société de cour, publiée trente ans plus tard). Il fuit l'Allemagne nazie et se réfugie en Angleterre, où il enseigne pendant de nombreuses années
De même que sa thèse sur la société de cour, son maître ouvrage, sur le « processus de civilisation » (civilisation des mœurs, la dynamique de l'occident) paraît en 1939 mais reste longtemps méconnu. Ce n'est que dans les années 1980 et surtout 1990 qu'historiens et sociologues ont véritablement pris la mesure de l'œuvre fondatrice de Norbert Elias, véritable sociologue maudit.
Sa sociologie se situe au carrefour de nombreuses disciplines : sociologie et histoire bien entendu, mais aussi anthropologie, psychologie et philosophie. Son principal apport est d'avoir tenté de dépasser certain nombre de fausses alternatives : société/individu, déterminisme/liberté, structures/acteurs. Tous ses concepts « configuration », « interdépendance », « évolution sociale », « équilibre des tensions », « habitus » visent explicitement à détourner l'attention de ces faux problèmes, par leur mise en œuvre systématique à des phénomènes historiquement déterminés (« les théories sociologiques qui ne se vérifient pas par un travail de sociologie empirique ne valent rien »)
[...] C'est sous Henri IV que s'opère la transformation du Roi chevalier en Roi aristocratique de cour dont le représentant le plus parfait reste Louis XIV. Le Roi aristocratique ne fait plus la guerre mais délègue cette tache à des spécialistes, il se comporte en homme de cour qui jouit d'un prestige particulier qui le distance des autres nobles, distance qui ne le fait pas pour autant sortir de cette couche sociale. Elias voit dans ce processus de distanciation, la caractéristique première du régime absolutiste. [...]
[...] Formation et évolution de la société de cour en France : approfondissement de l'analyse d'Elias sur la modernité Etatique L'analyse politique d'Elias Le régime politique : le concept de lutte : Chaque forme de domination est le reflet d'une lutte sociale et est la concrétisation du partage de la puissance qui en a résulté. Elias, à travers l'exemple de la société de cour, tente de décrire le mode de formation et d'évolution d'une domination incarnée dans un régime politique. Pour lui, chaque régime politique est le fruit d'une lutte acharnée entre différents groupes aux volontés de puissance. Interdépendances et société: Toute organisation politique est le fruit d'interdépendances humaines. [...]
[...] C'est bien l'interdépendance entre les individus qui détermine la formation et l'évolution des sociétés qui ne sont en rien extérieures à eux. La métaphore filée de la société de cour : Il prend l'exemple de la formation de la société de cour en France et de son évolution vers l'absolutisme pour appuyer son argumentation et décrire comment un régime politique est déterminé par le réseau d'interdépendances humaines et les luttes qui en découlent. Le système politique royal capétien fait intervenir plusieurs acteurs : le Roi, la noblesse et tout autre groupe aux volontés de puissance. [...]
[...] La formation de l'absolutisme : le jeu des puissances. A partir du 16e siècle, le Roi doit faire face à de fortes instabilités dues à la traditionnelle lutte entre les forces pour un partage de la puissance (noblesse d'épée et de robe), l'apparition des revendications de puissance chez la bourgeoisie renforce également ces instabilités. En effet, cette dernière prend de l'importance aux dépens de la noblesse, sur le plan économique bien sur, mais aussi sur le plan politique car elle pénètre les fonctions administratives, judiciaires et parlementaires et se fait même le plus souvent anoblir (noblesse de robe). [...]
[...] La cour serait alors le dispositif central de ce processus. Au sein de la cour, l'individu est exposé à de nombreuses contraintes paradoxales qui fabriquent l'individu moderne. Dans cette microsociété, le plus grand écart social se manifeste par la proximité spatiale vis-à-vis du Roi, tous les gestes sont vus et interprétés. Les individus vont donc développer des stratégies de contrôle de leurs actions et réactions, car ce sont leurs comportements qui définissent leurs places sociales. La cour est un système où l'individu ne peut acquérir de la puissance qu'en se soumettant à une puissance plus grande (comme le Roi ou ses proches par exemple). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture