«Une communauté ne peut longtemps se suffire à elle-même; elle ne peut se développer qu'avec des personnes provenant d'horizons différents et des frères encore inconnus». Howard Thurman, dans un contexte certes différent nous rappelle la vision qui prévaut du multiculturalisme pour les Etats du XVIème au XVIIIème siècle, en contradiction avec la vision de l'Etat-Nation qui s'imposera comme le modèle dominant.
Définissons le multiculturalisme pour cette étude comme la coexistence de plusieurs cultures au sein d'une société, un pays. Cette coexistence est le lieu commun de la plupart des Etats méditerranéens à l'époque. Ce concept ne peut évidemment pas être détaché d'une autre notion fondamentale pour l'étude, à savoir le cosmopolitisme, caractéristique marquante de la période qui se retrouve dans beaucoup de grandes cités.
[...] C'est un effet pervers assez intéressant, l'unité méditerranéenne peut se trouver dans ces interpénétrations mais elles génèrent inévitablement une frustration du fait de l'accaparement des richesses locales par les minorités étrangères. C'est là une divergence sociale de taille qui se mue en une divergence sociétale et enraye de manière générale toute évolution vers une éventuelle unification. L'apport initial devient bien vite une anomalie. Une telle position de domination s'ensuit inévitablement de répercussion sur les institutions de la cité. C'est en effet une caractéristique du multiculturalisme livournais que celui de faire participer les communautés allogènes au système politique. La dualité qui s'en suit divise également. [...]
[...] Modéré il est vrai par certaines mesures plus contraignantes : impôt personnel, interdiction du port d'armes, de porter la couleur verte puis de monter à cheval en ville. La diversité des statuts ne pouvait générer qu'une division, la pluralité ethnique étant issue des conquêtes victorieuses de l'Empire ottoman, elle était loin d'être une mesure symbolisant l'unité mais au contraire un facteur de stabilité politique. Illustrons notre propos à l'aide d'une représentation concrète de ce multiculturalisme à l'ère moderne par l'étude d'une ville sous contrôle ottoman : Smyrne. Principal port de l'Empire Ottoman elle est occupée par des individus aux appartenances diverses, aussi bien ethniques que confessionnelles. [...]
[...] L'intérêt est ici de parler du multiculturalisme au-delà des notions déjà perçues précédemment. On parle ici de l'architecture qui permet de rendre dans son ampleur le phénomène de brassage culturel. C'est un domaine qui occupe particulièrement Robert Escallier. Il note dans son étude sur Tunis l'apport massif européen et en particulier italien à l'architecture de la ville. On retrouve de la faïence et des marbres importés de la péninsule italienne mais bien plus encore la présence d'artisans qui participent à l'élaboration minutieuse puis à la construction des grands édifices tunisois en important les techniques de la renaissance. [...]
[...] ] reale, libero e amplissimo salvacondotto e libera facoltà e licenza che possiate venire, stare, trafficare, passare e abitare con le famiglie senza partire, tornare e negoziare nella città di Livorno . Samuel Fettah, Le cosmopolitisme livournais : représentations et institutions (XVII-XIXe siècles) Cahiers de la Méditerranée Marie-Carmen Smynerlis, Coexistence et réseaux de relations à Smyrne aux XVIIIe et XIXe siècles Cahiers de la Méditerranée Ibid. Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Capitulations_of_the_Ottoman_Empire Malcolm Yapp Marie-Carmen Smynerlis, Coexistence et réseaux de relations à Smyrne aux XVIIIe et XIXe siècles Ibid. Ibid. [...]
[...] Dans ces cités colorées et joyeuses de tant de diversité, où la pluralité se manifeste dans une multitude de langues, de religions, d'expressions artistiques, de traditions ou de simples pratiques quotidiennes, de saveurs, d'odeurs, de modes vestimentaires, de toutes les expressions de la personnalité de chacun, surgissent soudain les démons de la haine Le cosmopolitisme ne fait plus l'unanimité à la fin du XVIIIe siècle. Ce fait est dû au nationalisme, phénomène apparu clairement au XVIIIe siècle et ayant conquis les esprits et tous les degrés de la politique mondiale au cours du siècle. La citoyenneté est exclusive, elle ne peut tolérer de cultures hétérogènes au sein d'un même ensemble. [...]
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