Dans l'Europe du XIXe siècle, la femme a un statut juridique inférieur à celui de l'homme. Elle est une mineure légale subordonnée au Pater familias puisque, aux termes du Code civil napoléonien, dont l'influence s'est fait sentir dans toute l'Europe, « la femme doit obéissance à son mari ». L'épouse et la mère sont donc dénuées de personnalité juridique et privées de toute autonomie.
Une femme ne peut, sans autorisation de son mari, ester en justice, s'inscrire à une université ou à un examen, ouvrir un compte en banque ou encore faire établir un passeport. Par ailleurs, les femmes vivent souvent dans des conditions d'extrême dénuement dont elles ne peuvent espérer sortir. Ainsi, on estime que 40 à 50% des femmes vivant à la ville étaient célibataires et n'avaient que leur force de travail pour subsister. Faute d'emploi, beaucoup recouraient à la prostitution.
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les femmes de toutes conditions se soient révoltées : les femmes ouvrières contre les bas salaires, le chômage, la dureté des tâches qu'on leur attribuait ; les bourgeoises contre la privation de tout droit politique et économique. Mais ces revendications multiples s'inscrivent dans un mouvement plus large : l'émergence du féminisme comme force autonome dans l'espace social, politique et culturel.
Cette nouvelle identité féminine est-elle la revendication d'une égalité et d'une intégration complète à la société civile et politique ou l'affirmation de différences spécifiques aux femmes dans un mouvement d'individualisation du genre féminin ? Le paradoxe réside en ce que les femmes demandent l'égalité des sexes tout en étant différentes des hommes. Ainsi, les femmes sont prises dans le conflit entre le général et le particulier : quelles sont les qualités qui l'emportent dans la définition du statut politique, juridique et social, celles du genre humain ou celles du sexe féminin ?
[...] (Le suffrage des femmes en France, 1913). Les féministes renversent le discours traditionnel (valorisation de la maternité pour maintenir la femme dans la sphère privée) pour réclamer l'accès à la citoyenneté au nom des qualités maternelles. S'agissant du droit de vote, on a opposé le féminisme anglo-saxon, qui instrumentalise la différence pour obtenir la représentation des femmes en tant que sexe ; et le féminisme français qui se démarquait peu de la logique individualiste à l'œuvre dans notre démocratie. Quelques acquis En dépit d'un anti-féminisme virulent dont on ne doit pas négliger l'impact, la mobilisation en faveur de l'intégration des femmes dans la société commence à porter ses fruits. [...]
[...] Elle expose ses idées émancipatrices au travers de romans : Une vieille fille (1864), Un divorce (1865), Un mariage scandaleux (1867). Elle crée en 1866 une Association pour l'amélioration de l'enseignement des femmes. Avec une vingtaine de femmes elle rédige en 1868 un Manifeste en faveur de l'égalité des sexes (L'égalité en marche) en appelant à la création d'une ligue des femmes. Les signataires réclament les droits civils, le droit à l'instruction, le droit au travail pour les femmes et l'égalité des salaires. [...]
[...] Le féminisme est un courant philosophique qui aborde la femme comme individu à part entière et cherche les moyens de lui permettre une véritable réalisation de soi. L'aile modérée des années 1900 préfère la femme au foyer alors que l'aile radicale l'envisage partant à la conquête des territoires masculins. Mais tous s'accordent à ce qu'elle puisse choisir elle-même sa voie et obtenir les moyens de son choix. Accéder à une liberté d'agir, de penser, d'exercer la profession de son choix, de se mouvoir à son gré, de pratiquer un sport ou de porter un costume plus commode (Transformation du costume (jupe-culotte ou jupe raccourcie pour faciliter une liberté de mouvements indispensable à la femme active) et promotion de la gymnastique féminine) est le fer de lance de toutes les féministes. [...]
[...] Il ne s'agit pas pour les femmes de se confondre avec un modèle dominant. Construire une société indifférenciée ou androgyne n'est pas l'objectif du féminisme. Elaboration d'une culture féministe (journaux La Fronde ou L'Entente). La femme doit accéder à l'universel tout en étant reconnue comme un être spécifique. II- Mais un courant dualiste et individualiste met au centre du mouvement des femmes la revendication de spécificités féminines Face aux arguments misogynes, les féministes répondent par la valorisation des différences de la femme Les adversaires des droits des femmes - Les positivistes Pour les positivistes, la différence biologique des sexes est posée comme loi de physiologie sociale qui doit présider à la construction des Etats modernes. [...]
[...] Dix ans plus tard, Hubertine Auclert, pionnière du suffragisme français, reprend le terme pour désigner son combat. Féministe féminisme et leurs antonymes antiféminisme et masculinisme entrent dans le vocabulaire courant des années 1890 en France et rapidement dans toute l'Europe. La Fédération française des sociétés féministes est la première association à intégrer l'adjectif dans son nom alors qu'elle projette en 1891 de rassembler toutes les sociétés féminines et féministes En s'inscrivant dans le langage, la mobilisation pour les droits des femmes change de statut. [...]
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