L'entre-deux-guerres a été en France la grande période de constitution des bastions ouvriers, des fiefs électoraux communistes dans la proche agglomération parisienne. C'est le cas pour Bobigny qui, pendant les vingt ans de cette période charnière, restera attaché à cette doctrine politique. Ce qu'il est intéressant de voir, c'est comment le PCF a réussi à se maintenir aux commandes de cette municipalité et quels en ont été les facteurs. D'autre part, il est tout aussi intéressant de voir quelles ont été les politiques menées dans tous les domaines (logement, enfance, culture) par cette municipalité et qui nous renseigne donc sur la gestion d'une ville administré par des communistes
[...] C'est d'ailleurs dans ce contexte que les communistes fondent en 1929 une section de la fédération des locataires animé par un conseiller municipal, et laquelle dénonce les vautours de Bobigny (ceux qui escroquent par un loyer élevé, ceux qui veulent mettre à la porte des familles insolvables), donne leurs noms, et les menace. Enfin, pour comprendre l'hégémonie du PCF à Bobigny, il convient aussi de s'interroger sur les forces politiques locales, hors communistes. A Bobigny, l'Eglise catholique a été la force organisée la plus redoutable pour les communistes : leurs rapports étaient donc plutôt conflictuels. Le ton est donné en 1928 par un tract du sous-rayon communiste de Bobigny réagissant à l'inauguration de la chapelle Notre-Dame du Bon Secours (doc.2). [...]
[...] D'ailleurs, Bobigny fait plus figure de cité-dortoir que de ville industrielle. Le père Lhande explique en 1925 : durant le jour, toutes ces artères a peine tracés dans le terrain vague se vident : hommes et femmes sont au travail à Paris [ ] Mais le soir, les tramways déversent à nouveau le flot des travailleurs dans la plaine Le caractère obsédant du problème des transports à partir de 1919 vient confirmer ce témoignage. Le conseil municipale ne cesse d'envoyer à la compagnie des Tramways de l'Est Parisien, comme au conseil général, des vœux, des plaintes, des réclamations contre l'insuffisance des liaisons avec Paris, rendue dramatique précisément par l'importance des migrations de travail. [...]
[...] Il y a aussi une très forte politique culturelle à Bobigny : bals, seances de cinéma, kermesses, rencontres sportives ou soirées musicales. Des 1921, un cinéma est ouvert, les prix sont baissés pour permettre à la population laborieuse de voir les films, principalement soviétique, évidemment. Ce qu'il aura été intéressant de remarquer dans cette étude sur le Bobigny de l'entre-deux-guerres : c'est le formidable ancrage d'un PCF nouvellement constitué, avec ses hauts et ses bas ; et la vocation sociale de cette municipalité qui se soucie avant tout de la condition ouvrière. [...]
[...] Tout d'abord, elle soutenait financièrement les luttes de travailleurs : les grèves principalement (employés de banque grévistes, aide au fond de soutien de la municipalité communiste d'Halluin dans le Nord après des grèves en 1931 ) D'autre part, les dépenses d'assistance augmente considérablement : Multiplié par 6.5 pour les vieillards, par trois pour les femmes enceintes Il y a aussi beaucoup de chômage (les entreprises locales licencient : Philips, St Gobain) et une caisse de secours est donc activé (rem. orale: il y a beaucoup de suicide aussi, cause de la misère = suicide anomique, E.Durckheim). La municipalité va même jusqu'à faire des distributions d'aides en nature, et soutenue d'ailleurs pendant la crise par les maraîchers (qui vivaient jusqu'alors à l'écart de la commune). Mais en 1936, la municipalité soutient la grève d'ouvriers maraîchers en leur distribuant des repas (habituellement, ils mangent chez leurs patrons) et en arbitrant le conflit. [...]
[...] Avec les petits commerçants, la municipalité communiste a traditionnellement aussi quelques problèmes relationnels. Pendant la première guerre mondiale, ils avaient fait grimper les prix et le pain était cher et mauvais. Mais encore une fois, pendant la période de crise le rapprochement fut possible. En 1935, il existe à Bobigny une section communiste de la Confédération du Petit Commerce et l'Artisanat. Ils s'intègrent donc, contrairement aux maraîchers, dans la vie locale. La gestion communiste de la ville aura été basée essentiellement sur le social. [...]
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