On mange chinois et on danse le tango argentin à Paris. Les restaurants français se multiplient au Japon et McDonald sert ses hamburgers à Pékin. Les mangas japonais ont conquis l'Europe. Les matchs du championnat anglais de foot sont suivis en direct chaque week-end par des millions de téléspectateurs chinois, thaïlandais ou coréens.
La mondialisation économique, phénomène de diffusion du modèle économique libérale et d'intensification des échanges de tous types à l'échelle planétaire, a un corollaire : la mondialisation culturelle. Cette expression désigne la circulation de produits culturels à l'échelle du globe mais également de certaines pratiques sociales, valeurs et normes.
Mais il convient avant d'aller plus loin de définir tout d'abord la notion de culture : au sens ethnologique, la culture est un concept assez vaste qui épouse pratiquement toute l'organisation d'une société. En effet, la culture peut se définir comme la totalité complexe faite de normes, d'habitudes et de représentation acquises par l'homme en tant que membre d'une société. C'est donc une notion extrêmement large qui recouvre pratiquement tous les domaines de l'activité humaine (l'éducation, la santé, l'alimentation, l'habillement, l'industrie, le sport, la création artistique). A cette définition ethnologique s'oppose une autre acception du mot plus restrictive qui réduit la culture au patrimoine et à la création littéraire et artistique. Pour étudier les différents aspects de l'impact de la mondialisation de la culture, il est clairement plus pertinent de considérer la culture dans son sens élargi.
[...] Les résultats de l'observation et les conclusions qu'on en tirera seront différents en fonction de ces deux échelles d'observation. Ainsi, les économistes et les spécialistes des médias des industries culturelles observent la puissance de groupes privés comme Philips, Sony ou les majors américaines. Ils ont un point de vue global de la circulation des flux culturels. En revanche, un ethnologue qui séjourne deux ans dans un village africain aura un point de vue local sur la mondialisation culturelle. Le point de vue global sur la mondialisation de la culture isole les produits culturels de leur contexte. [...]
[...] Il s'agit plutôt de l'avènement d'une nouvelle diversité culturelle dans un ensemble plus homogène et sous influence. Nous avons également que les cultures disposent d'une étonnante capacité d'adaptation : chaque groupe conserve son quant-à-soi et défend son identité en recontextualisant les biens importés. L'Humanité apparaît ainsi comme une vraie machine à créer de la différence. Laissons le mot de la fin à Jean-Pierre Warnier, professeur universitaire spécialiste de la question : Parler de la mondialisation est un abus de langage. [...]
[...] Ici apparaît la difficulté de faire un bilan général de la mondialisation de la culturelle : il faudrait pour cela placer dans chaque ville et village un ethnologue, un observateur attentif au changements culturels Un foisonnement de créations culturelles Au ras des communautés locales, on observe que l'érosion des cultures singulières est limitée par des éléments solides des cultures traditionnelles, et qu'il y de par le monde, une production culturelle constante, foisonnante et diversifiée, en dépit de l'hégémonie culturelle occidentale. En effet, chaque culture réinterprète, se réapproprie, réalise son propre bricolage avec ce que lui offre la mondialisation culturelle et les ressources de la tradition. Les cultures sont des machines à fabriquer de la différence. Prenons un exemple concret : la culture marocaine. Au niveau culinaire, cuisine marocaine traditionnelle et cuisine occidentale coexistent parfaitement dans quasiment tous les ménages. [...]
[...] Dans cette confrontation, toutes les sociétés semblent être sur la défensive face aux industries culturelles. Ces industries semblent jouir d'une puissance incomparable, voire destructrice. L'industrie culturelle est en effet portée par des multinationales implantées partout dans le monde et financièrement très puissantes. Ces multinationales ont le monopole des échanges culturels mondiaux : des recettes mondiales du cinéma sont réalisées par une poignée d'entreprises américaines ( Warner, Disney, Paramount, Fox, ) tandis que le marché de la musique est contrôlé à par cinq majors(Sony Music, Universal, BMG, EMI et Warner) Les pays du sud sont confrontés à une invasion de produits culturels occidentaux : télévision, cinéma, musique auxquelles ils ne peuvent faire face et qui se fait au détriment de leurs propres productions culturelles. [...]
[...] En clair, est-ce que la mondialisation de la culture entraîne forcément l'uniformisation des cultures ? Pour répondre à cette problématique, nous étudierons les effets de la mondialisation sur deux échelles : dans un premier temps, nous nous intéressons à la circulation des flux culturels au niveau mondial et nous verrons qu'à cette échelle, l'uniformisation des cultures semble être un fait inéluctable puis dans un second temps nous étudierons la manière dont sont reçus ces flux à l'échelle locale et il nous apparaitra que les spécificités culturelles sont toujours fortes. [...]
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