A la société d'ordres de l'Ancien Régime où les statuts sociaux étaient déterminés par la naissance, la Révolution française a substitué l'égalité des chances. Les positions sociales des individus ne sont plus déterminées par la naissance mais sont accessibles à tous. Dans ce contexte, l'école a pour vocation de délivrer des titres scolaires (diplômes) permettant ensuite de répartir les positions sociales. On a assisté à une massification scolaire et donc à une élévation du niveau d'instruction de la population. Cette évolution devrait-elle se traduire par une augmentation de la mobilité sociale ?
L'élévation du niveau de formation initiale a contribué à accroître la mobilité sociale en France mais celle-ci reste moins forte que ce que l'on aurait pu espérer.
[...] Par contre, la part des cadres et professions intermédiaires a progressé, permettant aux enfants issus de milieux modestes de connaître une ascension sociale. Cette mobilité est alors structurelle. Le rôle de l'école dans l'ascension de ces catégories sociales n'a pas été négligeable des fils d'ouvriers sont devenus des professions intermédiaires ; sont devenus des cadres. S'il est plus rare que des enfants d'ouvriers sautent deux échelons hiérarchiques, à savoir que la mobilité sociale est plutôt de proximité, l'inégalité des chances semble donc réduite. [...]
[...] Le déterminisme social visait à prévoir la position sociale du fils par rapport à celle du père s'est atténué. La formule de Claude Thélot Tel père, tel fils semble avoir pris un coup de vieux. Mais les résultats ne sont pas toujours à la mesure des espérances soulevées par la massification scolaire. Les effets de l'élévation du niveau de formation sur la mobilité sociale sont moins forts que ce que l'on aurait pu attendre La démocratisation de l'école n'est qu'apparente Si la sélection directe s'est atténuée à savoir que le taux de réussite par exemple au baccalauréat a fortement progressé quelque soit l'origine sociale des élèves, d'autres formes de sélection sont apparues. [...]
[...] La démarche sociologique est donc celle de l'individualisme méthodologique. À chaque palier d'orientation scolaire, les enfants et les parents font un calcul rationnel coût-avantage-risque d'une poursuite d'études dont les résultats dépendent de leur origine sociale. Dans les milieux populaires, le coût d'une poursuite d'études s'élève avec l'allongement de la scolarité ainsi que le risque d'échec alors que l'avantage diminue. Cela aboutit à une surreprésentation des milieux favorisés et à une sous-représentation des milieux populaires au fur et à mesure que l'on progresse dans le niveau d'études. [...]
[...] Les jeunes de milieux modestes de plus en plus nombreux à réussir le bac investissent cependant en grande majorité dans des filières post-bac courtes telles sur le BTS, le DUT. La démocratisation scolaire n'a pas éliminé les inégalités sociales à l'école. Si les taux de réussite ont progressé, des écarts persistent tout de même. Plus de 80% des enfants de cadres sont bacheliers contre 20% pour les enfants d'ouvriers. Deux types d'analyse permettent d'expliquer le maintien de l'inégalité des chances. Pour Pierre Bourdieu qui adopte une démarche holiste, les raisons de l'inégalité des chances sont à rechercher dans les différences de dotation en capital économique, social, mais aussi culturel. [...]
[...] Cela est dû à une dévalorisation du diplôme. L'élévation globale du niveau de formation n'a pas assuré le brassage scolaire qu'en attendaient les fondateurs de l'école laïque. Si des exemples d'ascension sociale sont réels, on est loin d'atteindre une véritable égalité des chances dans notre société. On en vient même à dire que l'ascenseur social s'est bloqué depuis les années 1980. A un moment où le chômage des jeunes reste à un niveau élevé où les discriminations sont de plus en plus mal ressenties, des efforts en faveur de l'école semblent nécessaires afin d'éviter une explosion sociale telle qu'on l'a connu en novembre 2005 (émeutes dans les quartiers). [...]
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