Alors qu'il est de bon ton dans certains milieux de crier à l'échec de la politique de démocratisation culturelle, certains osent nuancer le propos. Olivier Py, directeur du théâtre de l'Odéon, est de ceux-là. A l'occasion d'une conférence organisée par l'Arop, il s'est insurgé contre le dramatisme ambiant et a défendu toutes les possibilités déjà explorées et à explorer pour faire venir de nouveaux publics au théâtre. Il a notamment cité toutes les actions envers les scolaires, défendant des stratégies globales. D'après lui, ces actions ont pour raison d'être que, sur une classe, si 40% va tendre à l'indifférence face à la représentation, 40 % sera intéressé, amusé et questionné, certains feront du mauvais esprit, mais un élève, peut-être, sera transporté et découvrira un monde à explorer.
Reste que s'il existe certaines voies pour faire progresser la démocratisation culturelle, certains groupes sociaux restent absents de représentations, concerts, expositions et autres manifestations culturelles.
[...] On peut arguer que cela n'est pas la même chose, reste que cela démultiplie l'offre et touche aussi un autre public, jusqu'alors non- public. Pour extrapoler, le cadre japonais moyen qui n'aurait jamais pu voyager jusqu'à Orsay peut maintenant profiter des collections. Dans ce nouveau cadre, quid des obstacles ? L'obstacle économique est partiellement levé, ne serait-ce que par le téléchargement Peer to Peer, les podcasts, les captations, etc. accessibles sur le net. L'obstacle culturel et symbolique s'efface aussi pour deux raisons. [...]
[...] On voit donc que même en essayant de définir le plus clairement possible le non-public - comme groupe des personnes qui, n'ayant pas les codes nécessaires pour décrypter l'offre culturelle dans son ensemble, y seraient indifférentes - la porosité de la notion face à la mutabilité des pratiques culturelles reste difficile à appréhender. D'un point de vue aussi bien sociologique que politique, théorique que pratique, il est alors nécessaire de questionner la pertinence et l'utilité d'une telle notion. Nous nous y attacherons en trois parties, montrant que la pertinence de la notion de non-public est liée à l'usage que l'on veut en faire. [...]
[...] Ces corrélations ont et sont toujours étudiées à travers des sondages et des données statistiques, continuent de mobiliser l'intérêt des sociologues[3]. Une fois la pertinence sociologique de la notion de non-public vérifiée, et au-delà de l'usage purement théorique de la notion, il est nécessaire de s'interroger sur ses usages concrets. Quels usages a cette notion ? et pour qui ? Parmi les différents acteurs de la vie culturelle, on peut en distinguer plusieurs dont l'action est facilitée, non par l'existence, mais par la connaissance du non-public. [...]
[...] Philippe URFALINO, L'invention de la politique culturelle, Paris, Ministère de la culture/Comité d'histoire, La Documentation française In Au-delà du public : non-public et publics potentiels [sur Internet]. Francis JEANSON, L'action culturelle dans la cité, Paris, Le Seuil p. 136-141. In Au-delà du public : non-public et publics potentiels [sur Internet]. Voire dernière mise à jour de l'INSEE sur les Pratiques culturelles à l'âge adulte selon la catégorie sociale est récente (août 2007) et le dernier sondage TNS-Sofres sur les pratiques culturelles préférées des Français mars 2006. [...]
[...] Ensuite, même si le prix de certaines pratiques reste élévé (opéra, théâtre, pratiques amateurs, etc.), de nombreux efforts sont faits à destination du public susnommé non diplômé et donc a faible salaire ou au chômage. Les tarifs jeunes, les tarifs chômeurs, les initiatives des MJC, les prêts gratuits en médiathèques municipales sont autant d'incitation à consommer de la culture quel que soit son capital économique. L'obstacle économique, s'il existe, est donc à nuancer. Ce sont donc les obstacles culturels qui semblent les plus complexes à surmonter. On les définira ici comme liés à la possession ou non d'un capital culturel qui permet de maîtriser les codes liés à certaines pratiques. [...]
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