« L'enfer, c'est les autres. »
Par cette conclusion poignante à sa pièce Huis-clos, Sartre annonce la vague d'individualisme qui va submerger les sociétés modernes au cours des années 1960.
Si la notion de « moi » est typique de l'être humain, elle s'est toujours intimement entrelacée avec la culture grégaire également propre à notre espèce, l'une dominant l'autre selon la nature de la situation rencontrée par l'individu ; l'actuelle montée en puissance de l'individualisme bouleverse ces rapports dont l'équilibre se maintenait depuis l'aube de la civilisation humaine. Peut-on y voir une menace pour la cohésion sociale ?
Pour répondre à cette question il faut en premier lieu étudier la justification de la place de l' individualisme dans la société moderne, et la fonction de ciment qu'il peut même y exercer (I) ; puis considérer les nuisances qu'il est susceptible d'engendrer au niveau de la cohésion sociale (II).
[...] D'où l'accroissement de la compétition et de la méfiance dans le milieu professionnel. De plus, la pauvreté dans une atmosphère individualiste engendre l'exclusion, et cette exclusion peut aller jusqu'à la non- implication totale de l'individu qui finit par se détacher complètement de la vie communautaire. D La montée de l'individualisme fait vaciller la citoyenneté Ce malaise se traduit également par une crise du politique : l'individualisme correspond au repli des gens sur la sphère privée ; ils tendent à se désintéresser de la sphère publique et des institutions collectives, et à oublier la valeur de la liberté politique si durement conquise par nos aïeux ; comme en témoigne le taux toujours croissant d'absentéisme, à peine quelques décennies après l'avènement du suffrage universel en France. [...]
[...] Le phénomène d'émancipation correspond à une perte de repères, la liberté d'un être engendre chez lui une remise en question et le fragilise ; on observe dans nos sociétés modernes occidentales une forte recrudescence du stress, de la dépression et d'autres pathologies liées au mal être de l'individu. Emile Durkheim, dans son analyse du suicide, tient l'anomie, c'est-à-dire l'affaiblissement des normes sociales, pour responsable des troubles identitaires. À son sens, la présence de barrières sociales (pouvant s'incarner à travers la famille, la religion, etc. ) est essentielle à la stabilité identitaire et à l'épanouissement de l'individu. La montée de l'individualisme est ainsi à l'origine d'un repli sur soi de l'individu et donc d'un recul de la cohésion sociale. [...]
[...] De là il engendre l'affaiblissement de la solidarité et le compartimentage de la société. La manifestation la plus flagrante en est l'éclatement de la famille ; cette entité large et soudée dans les sociétés traditionnelles se morcelle, la compréhension intergénérationnelle s'étiole, comme en témoigne le désir d'émancipation de plus en plus précoce chez les jeunes ou la relégation des couches de population des plus âgées dans des infrastructures déshumanisées. L'individualisme est par essence un système égoïste, dans lequel l'individu livré à lui-même et privé des repères collectifs établit ses propres normes ; il a donc tendance à les adopter comme universelles et à rejeter ce qu'impose l'autre, ce qui induit une montée d'incivilité : La compréhension et la solidarité reculent, l'intérêt prime sur l'honneur et les sentiments dits nobles Ceci se manifeste par un climat de peur et par l'accroissement inquiétant des actes violents ou délinquants : par exemple on observe une évolution à la hausse des crimes et délits constatés en France entre 1990 et 2001 ; et chacun peut constater, dans la vie quotidienne, l'agressivité et l'impolitesse en recrudescence. [...]
[...] Dans quelle mesure l'individualisme est-il un danger pour la cohésion sociale ? Introduction L'enfer, c'est les autres. Par cette conclusion poignante à sa pièce Huis-clos, Sartre annonce la vague d'individualisme qui va submerger les sociétés modernes au cours des années 1960. Si la notion de moi est typique de l'être humain, elle s'est toujours intimement entrelacée avec la culture grégaire également propre à notre espèce, l'une dominant l'autre selon la nature de la situation rencontrée par l'individu ; l'actuelle montée en puissance de l'individualisme bouleverse ces rapports dont l'équilibre se maintenait depuis l'aube de la civilisation humaine. [...]
[...] Dans le domaine politique, l'avènement de l'individualisme a inspiré aux individus l'exigence de libertés nouvelles, et la volonté de mener de longs et tenaces combats contre le poids du passé et des traditions afin de conquérir ces libertés. L'émancipation de l'individu est donc à l'origine d'actions collectives, c'est donc parfois un facteur de construction d'une nouvelle société. C L'individualisme peut être facteur d'uniformisation des pratiques sociales En dernier lieu il faut souligner le fait que la généralisation de l'individualisme peut conduire à la normalisation des mœurs, et ce par le biais des tendances. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture