Du 10ème siècle au 13ème siècle de grands changements bouleversent la condition des paysans. Au début de la période, les campagnes carolingiennes sont peuplées de groupes de paysans qui utilisent des outils simples, les rendements sont médiocres et constants, un lien personnel lie le paysan à son seigneur. Trois siècles après, les paysans ne sont plus uniformes (distinction entre laboureurs et manouvriers) (...)
[...] Le paysan se distingue de l'économiste en plusieurs points. Le paysan échange du capital contre un autre capital plus prisé (terre), alors que l'économiste investit cet argent pour en gagner plus ; le paysan considère que s'endetter est une honte et revient à avouer sa misère, alors que l'économiste ne vit pas en autarcie et s'endette. Un paysan traditionnel travaille beaucoup il n'épargne pas sa peine économise, respecte les coutumes et amasse son capital. Un paysan progressiste s'émancipe du système «totalitaire du village, cherche à améliorer la productivité pour gagner plus et travailler moins, s'ouvre au monde extérieur, lit la presse et participe aux organisations collectives. [...]
[...] Comment comprendre la nature du paysan ? Les rapports du paysan à la société, à la terre, au temps Pour le paysan, le prestige social dépend de deux choses : l'ampleur du capital détenu (donc pas d'investissement risqué mais lente et sure thésaurisation), la conformité aux traditions (ne pas prétendre faire mieux que les autres). Le rapport que le paysan entretient avec la collectivité est paradoxal : il veut n'avoir de compte à rendre à personne et veut se débrouiller seul, mais fait comme tout le monde et regarde tout ce que font ses voisins. [...]
[...] Son respect des coutumes est bouleversé : -l'utilisation massive d'engrais et de pesticides a rendu possible la monoculture intensive : ceci est perçu comme une régression pour les paysans, habitué à la polyculture. -la population rurale est désormais à majorité non-paysanne. On est passé d'une figure ancestrale du paysan, à la figure moderne de l'agriculteur. [...]
[...] Du 16ème siècle au 18ème siècle, de grands changements ont lieu notamment grâce aux physiocrates : suppression des jachères, passage de la monoculture à la polyculture, culture-élevage. Au 19ème, en France, la condition paysanne échappe aux bouleversements de la première Révolution industrielle (échec des tracteurs à vapeur). Grande continuité, en rupture avec le monde industriel en plein essor, qui fascine et fait peur. Au 20ème a lieu une véritable révolution qui conduit à la fin des paysans face à l'arrivée de l'agriculteur. [...]
[...] Les obstacles à sa culture posés par les paysans sont multiples, et ont leur propre rationalité : le maïs hybride est moins beau que le maïs roux (le paysan aime son produit), il pousse plus lentement (ainsi, ceux qui l'ont cultivé les premiers ont été raillés par leurs voisins qui les accusaient d'être paresseux), il est nécessaire de s'endetter pour acheter les engrais et les herbicides (alors que le paysan met un point d'honneur à ne pas être esclave du prêt), la nouveauté vient de l'Amérique (opposition à ce qui vient de l'extérieur et contrarie l'ordre traditionnel), les rendement sont doubles mais cela n'a pas beaucoup d'importance (l'important est de produire pour se nourrir, pas de produire le plus possible pour vendre). Finalement, le maïs hybride a mis quinze ans à être complètement adopté par les paysans béarnais. Ce sont les gros qui se sont lancés les premiers, décidant les moyens et les petits. [...]
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