Mark Granovetter, dans cet article, importe les méthodes de la sociologie pour étudier un phénomène très important de l'économie, le marché du travail. Cela va lui permettre, en se référant à des études empiriques, de contester les postulats de la théorie économique, l'individualisme méthodologique excessif, qualifié d'atomisme, et la seule prise en considération des motivations économiques et égoïstes pour expliquer les actions individuelles. Ces études permettent aussi la critique de la nouvelle théorie institutionnaliste, et de ses raisonnements fonctionnalistes, expliquant « a priori » que tous les phénomènes économiques sont la solution optimale à un problème économique. On verra comment, à chaque fois, les outils conceptuels de la sociologie permettent une meilleure compréhension de quatre phénomènes économique, la mobilité des individus sur le marché du travail, la loyauté et la productivité à l'intérieur d'une entreprise et l'explication des promotions des travailleurs. Enfin Granovetter fera quelques remarques sur le problème de l'efficacité d'une situation économique que nous résumerons rapidement. En présentant les analyses de Granovetter on essaiera, pour chaque exemple, de dégager l'intérêt de la démarche en y ajoutant des commentaires personnels. On essaiera ensuite de dégager l'intérêt des résultats de Granovetter pour la sociologie économique et ses relations avec l'économie ; on fera enfin quelques remarques sur la sociologie et les rapports qu'elle entretient avec ses sous-disciplines.
[...] La théorie neo-institutionnaliste considère que si un individu ne change pas d'emploi c'est qu'il est bien apparié à cet emploi, Granovetter réitère les critiques précédentes les individus qui occupent différents emplois ne constituent pas des atomes isolés, mais il forme un système qu'il faut analyser dans son ensemble dès lors on ne peut se contenter de l'appariement entre le travailleur et l'emploi. Citant de nombreuses études Granovetter montre qu'il est difficile de savoir si la mobilité au travail et les phénomènes de turn- over, sont positif ou négatif pour l'économie. Les études aussi bien économiques que sociologiques ne permettent pas de répondre à cette question, les processus sous-jacents étant extrêmement complexes. Granovetter appelle alors à sortir d'un climat dans lequel le discrédit du structuro fonctionnalisme a plongé la sociologie. [...]
[...] (Granovetter p168) ; ces contrats doivent permettre de freiner la défiance et ainsi de d'expliquer la loyauté à une entreprise. Ainsi des pratiques apparemment inefficientes, comme la rigidité des salaires, l'avancement à l'ancienneté et l'attachement du travailleur à son entreprise découlent de contrats implicites ( ) optimaux ».(ibid.) Les analyses en termes de salaires d'efficiences conçoivent la productivité au travail comme dépendante du salaire versé au travailleur. Selon Granovetter ces analyses, ayant une conception atomisée de l'acteur, ne peuvent pas rendre compte de manière suffisante des forces les plus importantes de la situation de travail qui déterminent la loyauté et l'effort (Granovetter p169), ceci aussi bien dans les relations entre employeurs et employés que dans celles du groupe de travail. [...]
[...] Et en effet Granovetter présente la critique de la théorie de l'action économique comme le second de ses résultats. La prise en compte d'autres motivations de l'action nous semble découler assez facilement de la considération d'un acteur situé socialement. Ces situations sociales impliquant des comportements non uniquement intéressés, par exemple, comme le souligne Granovetter, les employeurs ou les employés peuvent être loyal l'un envers l'autre du fait, non de leur intérêt, mais parce qu'ils se connaissent depuis longtemps. Dans ce texte Granovetter se centre assez peu sur l'action. [...]
[...] On essaiera ensuite de dégager l'intérêt des résultats de Granovetter pour la sociologie économique et ses relations avec l'économie ; on fera enfin quelques remarques sur la sociologie et les rapports qu'elle entretient avec ses sous disciplines. Sur le marché du travail, on sait qu'un individu qui a déjà fait l'expérience d'un événement donné ( ) a plus de chance de revivre cet événement (Granovetter p156). Deux types d'explications sont généralement donnés. La première est celle dite de l'hétérogénéité qui explique le phénomène par les caractéristiques personnelles de l'individu, par exemple, la mobilité au travail d'une personne par sa personnalité instable. [...]
[...] Philippe Steiner a la même démarche considérant que la sociologie économique étudie les faits économiques en apportant l'éclairage donné par l'analyse sociologique Les abstractions de la théorie économique sont, dit-il, nécessaire mais non suffisante et la sociologie économique ne nourrit cependant aucune opposition de principe à l'économie économique »(Steiner p111). Il y a donc une volonté de critique mais une reconnaissance de l'existence des phénomènes économiques et de la légitimité de la science économique. Les phénomènes économiques sont ainsi encastrés dans les faits sociaux mais ils ont un statut particulier. [...]
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