L'importance qui est accordée au temps de travail et à la discipline au travail est étroitement liée et dépendante de la nécessité de synchroniser la main d'œuvre, d'organiser le travail et ce dans un contexte économie et social qui change.
La première révolution industrielle a débuté tardivement en France comparé à la Grande-Bretagne. Cependant certaines formes d'organisations existaient tout de même. Dans les activités de transformation et de production du XVIème et XVIIème siècle, le travail s'étendait à d'anciens artisans indépendants et à des familles paysannes à domicile. Le degré de synchronisation exigé était faible puisque dans ce système, le temps passé à chercher, transporter ou à attendre des matériaux étaient irréguliers. Les travailleurs bénéficiaient d'une certaine flexibilité et d'une certaine autonomie puisque l'organisation du travail était caractérisée par l'irrégularité, l'imprévisibilité.
Avec les progrès techniques, énergétiques, machinistes, il se met en place de nouvelles formes de production et d'organisation. A partir du XIXème siècle, la mécanisation se développe et dès lors qu'on a une production énergétique autonome, la production peut alors se rassembler sous un même toit. Avec l'arrivée des fabriques et la construction des filatures employant plusieurs centaines d'ouvriers dans un même espace, on voit désormais ouvriers, hauts fourneaux, forges, moteurs à vapeur, machines, dans un même lieu. Il en découle nécessairement une organisation de la production et des cadences qui impliquent une nouvelle discipline pour les travailleurs.
[...] Les plans de restructuration, les suppressions d'emplois pour augmenter la productivité et la polyvalence, même si elle permet aux salariés de procéder à plusieurs tâches, tout cela ne fait qu'augmenter la charge de travail et donc la pression sur les salariés[58]. Dans le secteur public par exemple, il a fallu diminuer les dépenses tout en augmentant les exigences. Désormais il faut faire plus et mieux mais avec moins de moyens, d'où une forte augmentation des charges de travail et de la productivité. Au temps du taylorisme il y avait des problèmes de lassitude, de perte de sens du travail. [...]
[...] En 1963, Crozier[21] va montrer que les ouvriers et notamment les ouvriers de maintenance, ont une zone d'incertitude En effet, ils sont les seuls à connaître les machines dont ils s'occupent. De ce fait ils disposent d'une certaine autonomie sur la gestion de leur travail comme par exemple décider eux même du temps de maintenance de la machine et ainsi avoir un certain pouvoir sur la production. Il va montrer que la marge d'autonomie, dont dispose le salarié, demeure dans la possibilité qu'a le travailleur, de refuser ou de négocier ce que l'autre lui demande. [...]
[...] On voit certes que les règles bornent et délimitent les champs des possibles, les marges de manœuvres des travailleurs, salariés, mais on voit aussi que ces derniers comblent les vides laissés et non traités par les règles formelles. De plus, comme Y. Clot l'a expliqué, ces capacités à faire preuve de compétences informelles et d'autonomie permettent de jauger et d'évaluer le travailleur d'une certaine manière. Il y a des styles de l'action propre à chaque agent, des manières de faire et des formes d'investissement qui garantissent une appropriation psychologique de la tâche et qui assurent la bonne exécution.[33] Y. [...]
[...] Touraine, L'évolution du travail ouvrier aux usines Renault (1958), Paris, Fayard Bernoux, La sociologie des organisations, Paris, Editions du Seuil Idem. Weil, La condition ouvrière, Paris, Gallimard Dans Où va le travail humain ? Friedmann présente et commente l'ouvrage de Navel. Linhart, L'établit, Paris, Minuit Braverman, Travail et capitalisme monopoliste, Paris, Maspero, Economie et socialisme M. Lallement, Le travail une sociologie contemporaine, Paris, Editions Gallimard Idem. Touraine, L'évolution du travail ouvrier aux usines Renault (1958), Paris, Fayard P.Dubois, Le sabotage dans l'industrie, Edition Calmann-Lévy Idem. [...]
[...] Ici les salariés sont limités dans leur liberté d'action car ils sont régit par un système de contraintes. Beaucoup d'auteurs (Weil[10], Navel[11], Linhart[12]) se sont penchés sur le monde ouvrier à cette époque et en sont tous arrivés à la même conclusion, à savoir que le taylorisme est inhumain. Ou encore Braverman[13] qui définit les travailleurs comme des automates limités dans l'exécution des tâches parfaitement définis. Le taylorisme a longtemps été pensé comme une façon de limiter la capacité des salariés à libérer complètement leur potentiel au travail. [...]
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