Quand on pense à la transe, on pense immédiatement aux sociétés tribales, au chamanisme ou à une pratique indigène située entre magie et sorcellerie. Mais comment approcher ce phénomène qui semble si lointain et étranger ?
Nous avons choisi, pour aborder ce thème difficile d'accès, de nous appuyer sur l'expérience des manèges à sensations. Depuis près de trois siècles, l'Homme est entré dans une course aux sensations nouvelles, en fabriquant des machines toujours plus puissantes et performantes. Avec la sophistication des appareils, la pratique du manège est devenue une pratique à part entière, ayant ses dynamiques et ses enjeux propres, que nous nous proposons d'étudier dans le cadre de notre analyse sur la transe.
Il est évident que chacun de nous appréhende et ressent l'attraction selon ses propres critères de jugement et aucun de ces récits n'aurait valeur de supériorité. Dès lors, on peut voir dans ces textes une opposition entre l'idée de plaisir et le ressenti de l'attraction. Pour certains, le manège est subi, voire redouté et pour d'autres, il est désiré. L'expérience des manèges, conçus pour divertir et amuser le public, laisse souvent des souvenirs angoissants à ses passagers. Pourtant certains n'hésitent pas à renouveler l'expérience.
Le manège étant considéré comme un divertissement, lieu de fête et d'amusement, pourquoi cette conception de prise de risque et cette notion de soumission font-elles leur apparition ?
Il devient alors nécessaire de déterminer la valeur du jeu pour savoir si le manège peut être rattaché au divertissement ou à une autre forme de jeu. On peut donc s'interroger sur les correspondances entre ces deux expériences de vie : en quoi les manèges à sensations peuvent-ils s'apparenter à une forme de transe moderne ?
[...] On peut donc s'interroger sur les correspondances entre ces deux expériences de vie : en quoi les manèges à sensations peuvent-ils s'apparenter à une forme de transe moderne ? Le jeu, le manège et la transe L'homme n'a cessé d'inventer au fil du temps de multiples formes de jeux pour se divertir. Divertissement en premier lieu, le jeu se caractérise par une liberté d'exercice où le joueur consent à y prendre part. Un jeu n'a pour le sens commun aucune conséquence sur la vie réelle (lorsque je joue aux cowboys et aux Indiens, je ne meurs pas vraiment). [...]
[...] Ils s'attachent par la taille à l'extrémité d'une corde et la coincent entre leurs orteils afin de parvenir au sol dans la position de l'aigle bras tendus. Avant de toucher le sol, ils font plusieurs tours complets. La cérémonie commence à midi et est interprétée comme une danse du soleil couchant qu'accompagnent les oiseaux. Les enfants haïtiens se tiennent par les mains face à face, les bras tendus. Le corps raide et incliné en arrière, les pieds joints, ils tournent à perdre haleine pour le plaisir de tituber après l'arrêt. Le toboggan, les tourniquets et la balançoire sont des jeux analogues. [...]
[...] Là encore, il y a une similitude entre les deux domaines. En effet, on ne va jamais seul dans ce lieu mais en groupe. Une fois l'attraction choisie, elle devient le lieu d'exécution du rituel où chacun prend position dans la machine. Il y a d'ailleurs un parallélisme à faire avec la place que chacun occupe dans le manège et la place des acteurs dans le rituel sacré. C'est souvent les plus âgés qui montent en premier (comme l'idée de sagesse des aînés qui renvoie au rituel et au sacré) ou les plus courageux. [...]
[...] Au fil de notre réflexion de groupe, les questions se sont affinées et une véritable démarche a vu le jour. Nous avons choisi de ne pas inclure dans notre dossier les recherches d'informations générales sur les manèges pour ne pas rompre le déroulement de notre questionnement, ni la logique que nous lui avons assignée. Toutefois, les questions de sécurité qui font débat suite à certains accidents tels que le drame de la Fête des Loges, les études statistiques des publics ou les principes de construction des attractions sont venus enrichir notre réflexion. [...]
[...] Comment axer notre réflexion autour de la notion de vertige dans un manège avec la notion de transe ? Roger Caillois établit que l'homme dispose de nombreux moyens de se divertir et divise le jeu en quatre groupes, les jeux de compétition, les jeux d'argent, ceux qui consistent à jouer un rôle (simulacre) et pour finir les jeux de vertige. C'est dans ce quatrième groupe que nous pouvons trouver l'exemple le plus flagrant de cette prise de risques et le lien avec la transe. [...]
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