« Lisez pour vivre ! » : cette injonction adressée par Flaubert dans sa Lettre à Mademoiselle de Chantepie en 1857 souligne l'appréhension première de la lecture comme un fait individuel : on y trouve du plaisir et une utilité personnels qui ne sont pas toujours faciles à distinguer. Mais la lecture se définit aussi comme une activité sociale d'acculturation ou de divertissement de l'homme alphabétisé où se manifestent des significations collectives multiples, voire des effets de contrainte sur la conscience intellectuelle, variables selon les époques et les milieux. D'où l'importance d'une approche historique de cette pratique culturelle.
Il a fallu attendre le XIXe siècle pour voir « la lecture » se répandre dans toutes les couches de la population française à des fins autres que celle de connaître la parole sacrée et son exégèse. Une fois la lecture mise à la portée de tous, l'appétit de lire s'est accru, les ouvrages se sont multipliés, faisant éclater le carcan imposé d'une lecture légitime, en faveur d'une lecture dite « facile ». Une « fureur de lire » semble s'être emparée d'une part croissante des Français tout au long du XXe siècle.
Ainsi, entre les années 1870 et le début des années 1990, quelle place les Français ont-ils progressivement attribuée à la lecture dans leurs activités et loisirs quotidiens, quelles en sont ses représentations dans les mentalités collectives et quels enjeux culturels, sociaux, voire économiques et politiques lui sont associés ?
[...] Le temps des précurseurs : des années 1870 à 1945 A. À la Belle Epoque, lire devient une activité quotidienne et populaire La démocratisation de l'école qui caractérise la fin du XIXe siècle et le début du XXe réduit tout à la fois le nombre d'analphabètes et stimule une demande d'instruction dans tous les milieux. Il en résulte un accroissement de la masse de lecteurs potentiels, dont l'intérêt pour le livre se laïcise par ailleurs progressivement. Partout, un public désormais avide et respectueux se tourne vers les bibliothèques qui multiplient l'offre et le prêt de livres. [...]
[...] De même, entre ces deux dates,le nombre des personnes ayant acheté des livres passe de 51% à 56%. De plus, l'étude de sondages révèle que nombre de lecteurs sont influencés par la critique : en effet des acheteurs de livres se déterminent sur la foi d'un article de presse. L'émission Apostrophe animée par Bernard Pivot jouera parallèlement un rôle important durant les années 1980 dans la promotion d'un ouvrage. L'évolution de la lecture comme pratique culturelle à partir de 1974 n'est par conséquent pas linéaire, puisque le nombre des exclus de la lecture et celui de ses adeptes progressent tous deux à un rythme élevé. [...]
[...] En effet, les années d'après guerre ont fait l'expérience nouvelle de la publicité, dont le recours permet de lancer délibérément un livre ou de promouvoir un journal. Il s'agit désormais de stimuler la consommation culturelle suite à une prise de conscience quant au rôle et aux fonctions du livre : celui-ci est désormais vécu comme un instrument essentiel à la vie, une jouissance nécessaire et une ouverture sur le monde. C'est dans ce sens d'une consommation culturelle émergente que Jean Giono définit la presse comme le plus puissant instrument de culture de la civilisation moderne Il faut pour rendre compte de la réinscription par la diffusion en édition de l'imprimé au cœur de cette civilisation moderne souligner le rôle de la presse féminine comme reflet de la lecture en tant que pratique et enjeu culturels, ainsi que comme facteur d'uniformisation croissante. [...]
[...] Lire en France des années 1870 au début des années 1990 Lisez pour vivre ! : cette injonction adressée par Flaubert dans sa Lettre à Mademoiselle de Chantepie en 1857 souligne l'appréhension première de la lecture comme un fait individuel : on y trouve du plaisir et une utilité personnels qui ne sont pas toujours faciles à distinguer. Mais la lecture se définit aussi comme une activité sociale d'acculturation ou de divertissement de l'homme alphabétisé où se manifestent des significations collectives multiples, voire des effets de contrainte sur la conscience intellectuelle, variables selon les époques et les milieux. [...]
[...] Tandis que la diffusion fléchit, la concurrence des quotidiens gratuits (Métro Minutes), lancés une dizaine d'années plus tard, sera mal ressentie, même si depuis 1995 plusieurs journaux font face en faisant passer leurs informations sur Internet. En somme, bien qu'il soit difficile de dresser un bilan net et univoque de l'évolution de la lecture en tant que pratique culturelle au cours du XXe siècle, celle-ci semble s'être globalement démocratisée, diffusée au profit du plus grand nombre et se perçoit de plus en plus comme une activité quotidienne de loisir, un outil primordial de travail et le vecteur essentiel d'information. [...]
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