Note de synthèse issue de l'ouvrage de Andrea REA et Maryse TRIPIER, "Sociologie de l'immigration" collection repères - La découverte. Extrêmement complet et bien rédigé.
[...] On peut considérer la sociologie américaine de l'immigration comme celle qui a produit les concepts archétypiques de la colonisation des pays neufs. A l'opposé, la sociologie européenne, notamment française, a produit des travaux significatifs sur les récentes migrations de travail, qui se sont avérées aussi des migrations de peuplement Chicago : naissance de la sociologie de l'immigration Les travaux de l'Ecole de Chicago produits entre 1910 et 1940 constituent les textes fondateurs de la sociologie de l‘immigration. Cette dernière est consubstantielle de la naissance d'une véritable sociologie empirique aux Etats-Unis, dans l'entre-deux-guerres. [...]
[...] Elle traduit la condamnation d'une double faute. La première est celle du délit commis et la seconde, consubstantiellement attachée à l'immigration, est celle d'être là, d'être un immigré : Tout se passe comme si l'immigré étant déjà en faute du seul fait de sa présence en terre d'immigration, toutes les autres fautes dont il pourra se rendre coupable durant son immigration sont comme redoublées, aggravées en raison de cette faute première que serait l'immigration La stigmatisation La stigmatisation est un processus d'attribution visant à discréditer une personne ou un groupe de personnes, elle s'accompagne de la dénégation des particularités individuelles au profit d'un stéréotype collectif. [...]
[...] Ces migrations de travail peuvent être provisoires ou définitives. Quand l'installation se prolonge, nous entrons dans une autre logique, celle que nous appelons migrations de peuplement qui caractérise davantage les migrations vers les Etats-Unis au milieu du XIXème siècle et vers le Canada et l'Australie durant le XXème siècle. Pour Lénine en 1913, la migration de travail est liée au développement du capitalisme et de l'industrialisation. Et c'est bien une telle migration qu'il sera continûment question entre pays européens depuis la première révolution industrielle, qu'elle soit interne ou étrangère. [...]
[...] La sociologie de l'immigration va aussi englober progressivement l'étude empirique du racisme, trop souvent cantonnée à l'histoire des idées. Le travail pionnier d'Abdelmalek Sayad (1933 1998) Il a commencé sa carrière scientifique en Algérie aux côtés de Pierre Bourdieu qui définit son engagement de chercheur par une participation à la fois intellectuelle et affective à l'existence et à l'expérience des immigrés Pour lui l'émigration/immigration est un fait social total qui doit englober l'ensemble du processus et concerne l'ensemble des sciences sociales. [...]
[...] Cette solidarité avec les plus démunis, principe d'une formidable lucidité épistémologique, lui permettait de démonter ou de détruire en passant, sans avoir l'air d'y toucher, nombre de discours et de représentations communs ou savants concernant les immigrés, et d'entrer de plain-pied dans les problèmes les plus complexes, celui des mensonges orchestrés de la mauvaise foi collective Un objet dévalorisé La présence des immigrés dans les années 1960 découle de l'extension internationale de l'exploitation salariale. La dévalorisation collective de l'immigration sera d'autant plus aisée que la figure contemporaine de l'étranger est le paysan déraciné du Sud venu travailler dans des postes non qualifiés. Non seulement il est autre mais il est petit amputé d'une partie de lui-même au regard du dominant. Tant que la question de l'immigration n'apparaissait pas comme un enjeu politique, et l'objet d'une gestion institutionnelle, l'objet n'y a avait pas de légitimité. [...]
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