Peu de noms sont aussi mythiques et auréolés de prestige… Peu de dynasties, hormis les dynasties régnantes, sont aussi tentaculaires et internationales. On a souvent en tête la richesse des Rothschild mais on oublie leurs débuts difficiles. James est né dans le ghetto juif de Francfort. Mayer Amschel Rothschild a cinq fils qui s'installent dans cinq grandes capitales européennes. James de Rothschild s'installe à Paris et fonde la branche française. De « juifs de cour », il devient vite le prêteur des rois. Témoignage des services rendus dans une époque et un pays qui méprisaient les Juifs, les Rothschild sont anoblis par le chancelier autrichien qui les élève au rang de barons. En 1848, au début de notre période, la famille est déjà bien installée et enrichie. Elle contrôle la haute banque. C'est dans ce contexte d'après révolution que la branche française des Rothschild va véritablement s'intégrer à l'élite et adopter son style de vie.
Cette ensemble documentaire composé d'une biographie de James de Rothschild extraite du Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse, d'une photographie de Disdéri, d'un éloge et d'un extrait de l'Enquête sur la question sociale en Europe du journaliste Jules Huret, se propose de mettre en avant la dynastie Rothschild, à la fois pour montrer son particularisme et son caractère représentatif des élites.
A partir de là, on peut se poser la question suivante : Dans quelle mesure la famille Rothschild est-elle représentative des élites françaises ; et en quoi revêt-elle un caractère hors-série qui a fait d'elle un mythe ?
Nous verrons successivement que les Rothschild sont représentatifs de l'élite française tant au niveau des mœurs que de la vie sociale. Enfin, nous mettrons en avant le caractère exceptionnel des Rothschild pour justifier la constitution d'un mythe autour de cette dynastie.
[...] Mais pour autant il ne s'agit pas d'une spécificité. Les familles régnantes, celles de la noblesse et de la grande bourgeoisie d'affaires ou industrielle, ont pratiqué une endogamie sociale qui s'est parfois manifestée par une véritable endogamie familiale. Comme le remarque Anka Muhlstein, cette pratique s'étendait aux Juifs en tant que petite communauté fermée. Les Rothschild avaient donc deux bonnes raisons de se marier entre eux : leur position sociale et leur appartenance à une minorité. Ils poussent seulement à leur paroxysme des comportements que l'on retrouve ailleurs. [...]
[...] Enfin, nous mettrons en avant le caractère exceptionnel des Rothschild pour justifier la constitution d'un mythe autour de cette dynastie. Les Rothschild : les mœurs d'une famille de l'élite française Le poids de l'hérédité et de la lignée Le sens de la famille apparaît symboliquement dans l'adjonction du prénom du père à ceux des fils. Au début du XIXème siècle, Meyer adopte la forme Mayer qui avait une consonance plus germanique. Jacob transforme son prénom principal, sans doute dans le même but : en atténuer les consonances juives. [...]
[...] TRANSITION : Les Rothschild ont ainsi excellé dans beaucoup de domaines. Mais aucune d'entre elles n'aurait été possible sans les fondations de solides fortunes. Cette adaptation d'une riche famille à la vie sociale de sa classe, cette prolifération des Rothschild hors du métier bancaire est bien dans l'ordre des choses. III/ Les spécificités d'une dynastie archétypique Une famille d'origine israélite, demeurée pratiquante - La tradition juive (peu de mariages mixtes, rôle du patriarche, choix des prénoms, la tsedaka) Autoritaire et protecteur, James demeurait le père de famille juif traditionnel. [...]
[...] On remarque par exemple qu'Alphonse, le fils de James de Rothschild porte deux des prénoms de son père à savoir : Mayer et James ; il s'appelle donc Mayer- Alphonse-James de Rothschild. Cette récurrence des prénoms permet d'inscrire les individus dans la lignée, de les insérer dans une tradition familiale. Il s'agit de signifier l'appartenance à un ensemble d'une réalité supérieure à celle des individus, qui les englobe et à laquelle ils doivent l'essentiel de leur identité. Les prénoms viennent conforter le poids du patronyme. [...]
[...] La branche française est exemplaire de cette réussite dynastique. A chaque génération les aînés sauront prendre la relève (Alphonse, le fils de James et de Betty). - Le droit d'ainesse Le pragmatisme dans les relations semble avoir prévalu. L'aîné, le baron Edmond de Rothschild, a pris, après la mort de son père, la direction de la maison de Paris La famille Rothschild est ainsi tout à fait représentative de ces lignées de la grande bourgeoisie dans lesquelles l'aspect dynastique, sous sa forme collective, est primordial. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture