D'après Peter Berger, « La sociologie repose sur une forme de conscience particulièrement moderne. » Ainsi quel que soit son tempérament ou son caractère, le sociologue est par essence amené à faire tomber les masques et donc à développer cette conscience sociologique qui répond à une nécessité d'ordre méthodologique bien plus que psychologique.
[...] Par exemple, dans les années 20, l'université de Chicago et son chef de file, Robert Park préconisent de se salir les mains pendant leurs recherches sur la vie urbaine. Everett Hughes, quant à lui, se passionne, avec ses élèves pour les métiers les moins respectables de la société et les travaux de Lynd sur Middletown livreront le point de vue des prisons locales. Quelles que soient les convictions du sociologue, il faut donc qu'il considère toujours l'irrespect d'une société, c'est une condition essentielle à l'existence de cette science. [...]
[...] L'idéologie est donc un concept central pour les sociologues de la connaissance comme Vilfredo Pareto et pour le sociologue en général puisqu'ils se doivent de démystifier ces discours habilement orchestrés pour révéler les ressors inavoués des actions en société. Ce dernier point explique l'émergence de la sociologie en période révolutionnaire comme en France au XIXème siècle ou en Allemagne avec le mouvement historiciste, mais aussi aux États-Unis. C'est d'ailleurs dans ce pays qu'on peut le mieux observer la deuxième dimension de la conscience sociologique, à savoir l'irrespect. [...]
[...] C'est ce dernier point qui constitue la troisième dimension de la pensée sociologique : la relativisation, et qui explique la modernité relative à la conscience sociologique. En effet la relativisation est désormais courante dans les sociétés occidentales et dans l'esprit moderne. Un esprit qui est principalement caractérisé par sa mobilité à la différence, comme l'explique Lerner des sociétés traditionnelles qui assignent à leurs membres un statut permanent. De nos jours, les fluctuations et les incertitudes constituent l'identité d'un individu. Il doit donc faire appel à des experts pour mieux comprendre son rôle dans un monde qu'il appréhende mieux. [...]
[...] Invitation à la sociologie, chapitre 2 Peter Berger : Quelles sont les dimensions de la conscience sociologique ? D'après Peter Berger La sociologie repose sur une forme de conscience particulièrement moderne. Ainsi quel que soit son tempérament ou son caractère, le sociologue est par essence amené à faire tomber les masques et donc à développer cette conscience sociologique qui répond à une nécessité d'ordre méthodologique bien plus que psychologique. Quelles sont les dimensions de la conscience sociologique ? Nous tenterons de répondre à cette question en suivant la chronologie du raisonnement de Peter Berger dans un extrait de son Invitation à la sociologie (chapitre 2). [...]
[...] L'individu est perpétuellement en proie aux doutes, car il est entouré de systèmes symboliques capables d'interpréter totalement la société ainsi que les systèmes concurrents. Chacun se répond et donne un autre point de vue si bien qu'il est aisé de passer de l'un à l'autre lorsqu'on entre en contact avec l'adversaire. Ces conversions sont qualifiées en sociologie de réversibilités biographiques et elles sont une dimension primordiale de la conscience sociologique. Le sociologue se doit ainsi de relativiser les identités sociales en fonction des espaces sociaux et d'en considérer le caractère changeant quand elles sont confrontées à l'extérieur. [...]
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