L'introduction de l'histoire de l'art à l'école et le désir de culture commune

Résumé du document

Notre époque est marquée par de nombreuses réflexions sur l'enseignement et par des modifications régulières de l'organisation et des missions de ce dernier. La plus récente de ces modifications introduit un nouveau champ disciplinaire obligatoire dès le cycle III : l'histoire de l'art. D'après les textes officiels, il s'agit d' « un enseignement de culture artistique partagée ». Il est donc question d'acquérir une culture commune par le biais de la rencontre et de l'étude des œuvres. Mais la question de la culture commune elle-même est floue, c'est une question récente, idéologique et toujours d'actualité. L'histoire de l'art semble un domaine approprié à l'acquisition de cette culture : elle permet un rappel à l'histoire par le recourt au sensible. Elle est donc un moyen privilégié de transmission, mais dans son support même, elle est nécessairement l'expression d'un parti pris. Progressivement, l'école comme moyen de diffusion de la culture s'est imposée. Elle est un lieu idéal, qui cependant traverse une forte crise. On peut ainsi se demander si l'introduction de l'histoire de l'art à l'école n'est pas là justement pour résorber en partie les conséquences de cette crise.

Extraits

[...] Choisir une démarche d'orientation En conséquence, le choix se fait en fonction de la volonté de cet individu ou de ce groupe, il est donc obligatoirement orienté. Guy Coq va encore plus loin en nous montrant que cette orientation est nécessaire car : L'enjeu est de construire une humanité. . Choisir les œuvres qui seront présentées aux enfants est donc un parti pris, mais un parti pris nécessaire qui doit assurer, selon Guy Coq, la continuité culturelle de la société. [...]

[...] L'éducation doit permettre au sujet de se décentrer, de s'ouvrir à l'altérité. En cela elle limite l'individualité subjective tout en lui permettant de se constituer au travers de la rencontre de l'autre. La plupart du temps, la société et autrui sont considérés comme des limites à la liberté. Ce point de vue prend en compte la liberté individuelle. Le fait que la société et autrui puissent être vecteur de liberté est occulté, l'école se doit donc d'introduire ce point de vue chez les plus jeunes d'entre nous. [...]

[...] Ce malaise peut être caractérisé à partir de cinq remarques. Pour lui, certains excès de l'homme démocratique sont porteurs à terme d'une destruction de ce qui rend possible la démocratie. L'homme démocratique est celui qui exerce librement sa capacité de choisir tel ou tel modèle de société. En ce sens, il peut faire le choix de rompre avec la démocratie. Cependant, il éprouve des difficultés avec la temporalité. Il se veut libre du passé, il voudrait se construire seul En conséquence, il se voue à un présent incessant. [...]

[...] L'œuvre d'art en tant qu'objet interroge, témoigne, elle est intrusion du passé dans le présent, preuve de la véracité du passé au travers du regard d'un homme sur son époque. Elle est susceptible de toucher tout le monde. Le recours au sensible, un moyen démocratique En tant qu'objet, c'est-à-dire en tant que potentiel d'expérience directe, elle est un moyen démocratique de transmission de la culture. Sa simple présence attire l'attention, mais en branle la conscience, provoque des émotions. En cela, il n'est pas nécessaire de disposer d'une culture préalable pour la rencontrer. Elle peut toucher n'importe lequel d'entre nous sans distinction. [...]

[...] Dans le cadre d'un enseignement obligatoire de l'histoire de l'art se pose alors de fait, la question du choix des œuvres. Il s'agit comme nous le dit Guy Coq de choisir les œuvres dont certaines ont marqué de nombreuses générations si on veut toucher un maximum d'élèves. Mais encore une fois, c'est compter sur l'évidence d'une émotion qui si elle existe, est pourtant décrite par Guy Coq comme une une immense création Un obligatoire parti pris Un réservoir immense, un choix nécessaire L'art est avant tout caractéristique de l'activité humaine. [...]