Aujourd'hui, environ 5,5% des personnes de plus de 65 ans sont placées en institution. Mais 90% des personnes âgées se disent être en maison de retraite contre leur gré. La transition entre le domicile et une chambre dans une institution n'est pas simple. Les institutions tentent de répondre aux demandes et aux besoins des personnes vieillissantes afin de leur garantir le meilleur bien être possible. Ainsi, l'avancée en âge et les pertes qui en découlent imposent des dispositions spécifiques, notamment dans le domaine de l'intimité et on peut se demander quelle est la place de l'intimité au sein des institutions (...)
[...] Pourtant, parfois ces soins sont effectués la porte ouverte, dans la chambre même de la personne ou elle est sensée avoir son intimité. Tout ce développent nous permet de comprendre que les institutions gériatriques sont confrontées au paradoxe de concilier les impératifs sécuritaires et organisationnels tout en offrant les éléments nécessaires pour faire de ces lieux, des lieux de vie ou chacun peut avoir son intimité. Si on pousse la réflexion un peu plus loin, on se rend compte que toute la problématique vient aussi de la place qu'occupe la personne âgée dans la société. [...]
[...] On peut se demander s'il est possible de trouver son intimité en institution. De plus, quand on pose la question de la place de l'intimité à un soignant travaillant en EHPAD (établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes), il répond : Ici ? J'aurais tendance à vous dire que ça n'existe pas, ici. L'intimité, dans un lieu collectif comme ici . Il semblerait qu'il y ait tout un tas de facteurs portant atteinte à l'intimité des résidants. Il se trouve que la dépendance des personnes vieillissantes opèrent parfois un renversement des responsabilités et des rôles parents-enfants et semblent conférer à ces dernier un droit de regard, de jugement sur leur parent. [...]
[...] Par exemple, il devient impossible pour la personne de se déplacer seule, elle doit impérativement demander l'aide d'un soignant. Les soignants sont contraints, de mettre en place de type d'organisation car ils se sentent vulnérables, menacés en cas de problème. Mais, ont-ils conscience qu'avec cette pratique de protection, de surveillance, ils nuisent fortement à l'intimité des personnes âgées. Ainsi, en acceptant la mission intenable de veille permanente, les directeurs et les professionnels deviennent maltraitants mais pas bienveillance. Enfin, la notion d'intimité ne peut pas exister au travers de certaines pratiques de soins. [...]
[...] Toute cette réflexion sur la personne âgée et son intimité nous fait comprendre que savoir regarder nos interlocuteurs âgés consiste à ne plus les voir comme des sujets ayant perdu quelque chose mais plutôt a essayer de les considérer comme différents, agissant différemment et dans un autre contexte. Finalement, au-delà du corps dans son intimité, c'est dans la relation de soin, qu'on trouve la possibilité de laisser s'épanouir, non pas la personne malade ou handicapée, pas même la personne soignée, mais l'humain. Bibliographie - Darnaud T., L'impossibilité de l'intime dans les institutions gériatriques, Gérontologie et société 2007/, 122, p. 91-106. - Djaoui E., De l'intimité du professionnel dans l'intervention au domicile, Gérontologie et société 2007/, 122, p. 157-162. [...]
[...] On Invite de plus en plus les personnes à décorer leur chambre avec des objets personnels et dans la mesure du possible à apporter leurs meubles. Cela permet de leur constituer un espace plus intime. Le personnel soignant peut par exemple regarder avec eux les photos, parler de la vie familiale, des souvenirs . En effet, les photos sont des traces de vie comme les objets, les vêtements ou les murs d'une maison familiale. De plus, dans le souci d'apporter plus d'intimité aux résidants, certaines institutions gériatriques ont mis en place ce que l'on appelle la chambre d'intimité. [...]
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