Les premières études féministes sont généralement datées des années 70. Les féministes profitent de mai 68 et de ses implications en termes de liberté et de critique des institutions. Leurs analyses s'inspirent des travaux intellectuels des années 50-60, mais l'on peut se demander si le radicalisme soixante-huitard ne nuit pas aux relations avec les intellectuelles antérieures au mouvement. Mai 68 joue donc un rôle important chez les nouvelles féministes, mais celles-ci sont tout de même liées à une critique antérieure de la famille et du couple traditionnel.
[...] La reconversion comme universitaires par des militantes est vue par le Mouvement de Libération des femmes (MLF) comme une trahison (A.L). En effet, l'Université est un lieu de compétition professionnelle et un espace masculin. S'y engager revient à satisfaire des intérêts individuels au détriment de la lutte pour l'émancipation des femmes (A.L). Certaines féministes vont jusqu'à adopter une position antiintellectuelle (A.B). Selon elles, les femmes doivent s'intéresser à leur monde et à leur corps, via leurs sensations. La raison serait d'essence masculine (A.B). Dans ce contexte, les travaux et centres de recherche émergent tardivement. [...]
[...] L'État se désinvestit des recherches féministes, le Ministère des droits de la femme n'existe plus. Mais des études féministes existent toujours, et certaines militantes, vu les difficultés du mouvement féministe, décident de se convertir à la recherche. Les rapports restent tendus avec l'Université, qui pratique des discriminations vis-à-vis des femmes (par exemple, besoin de travestissement dans un oral). Le militantisme approuvant la recherche apparaît dans les années 80. Les associations régionales d'études féministes se regroupent en 1989 dans l'Association Nationale des Études féministes (ANEF), pôle militant du champ des études sur les femmes (A.B). [...]
[...] Cette année-là, on peut mentionner la naissance de la revue historique Clio. Histoire, femmes et sociétés. Les fonctions professionnelles se féminisent. Réveil du mouvement féministe aussi en 1995 : préparation de la conférence mondiale de Pékin, manifestation du 25 novembre pour la défense des acquis concernant le droit à l'avortement. En 2000, la France a ratifié le protocole facultatif à la Convention sur l'élimination des discriminations envers les femmes Le féminisme et la recherche féministe constituent désormais un mouvement culturel valorisé dans la société. [...]
[...] II L'institutionnalisation des études féministes (1982-1995) (A.B) L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 va favoriser cette institutionnalisation. Le Ministère de la Recherche et de la Technologie et celui des Droits des femmes subventionnent le premier colloque Femmes, féminisme, recherche à Toulouse en 1982. Ce colloque est un grand succès et marque le véritable début des recherches féministes. En 1983, est créée au CNRS l'action thématique Recherches féministes et recherches sur les femmes Bard rapporte les propos de Lagrave, selon laquelle cette période marque la séparation entre action féministe et recherche. [...]
[...] La relève du féminisme chez les jeunes existe. Elle est caractérisée par les aspirations suivantes : mixité, antisexisme plus que le féminisme (terme toujours stigmatisé depuis le backlash des années 80) pragmatisme. En 2002 est né le Réseau interuniversitaire pour le développement des enseignements et des recherches sur le genre et les sexualités (REGENSE). Ce réseau ne renie pas les liens avec le militantisme. Mais certaines lesbiennes radicales refusent toujours la mixité et restent dès lors en marge. [...]
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