Alors que pour la première fois dans l'histoire française, une femme est donnée comme l'un des candidats favoris à la plus haute fonction de l'Etat, l'on pourrait croire que la question de l'égalité hommes/femmes est dorénavant dépassée. Toutefois alors que les femmes participent largement à la vie économique française, elles ne continuent pas moins à supporter des discriminations et des inégalités persistantes : chômage, précarité, salaires,...
« La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme » ainsi est inscrit, dès le préambule de la constitution de 1946, l'égalité des droits entre les genres. Pourtant, celle-ci est loin d'être avérée dans le monde du travail. Et c'est au travers l'écart salarial qu'on peut le mieux éclairer la situation des femmes dans le domaine professionnel.
Nous nous intéresserons tout d'abord aux femmes sur le marché du travail et leur traitement salarial. Dans un second temps, nous verrons comment l'inégalité salariale fait partie de ce paysage – principalement au travers le sous-emploi et le chômage, ainsi qu'aux ségrégations horizontales et verticales qu'elles connaissent massivement. Enfin, nous tenterons de comprendre en quoi cet écart salarial au profit des hommes repose sur une domination masculine plus générale dans la société.
Extrait du document :
Selon l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), pour 2003, l'écart relatif de salaires nets entre femmes et hommes est de 19,6%. Le salaire annuel (brut ou net) des hommes est supérieur de 24% à celui des femmes dans les entreprises privées et semi-publiques et de 16% dans le secteur public [Mermet, 2006].
En 2003, dans les entreprises du secteur privé et semi-public, une femme salariée à temps complet perçoit en moyenne, une rémunération nette de 18 736€ (1561€ par mois), soit 19,6% de moins que la moyenne des hommes (23 297€, soit 1941€ par mois). Cet écart, relativement stable depuis plusieurs années est dû pour l'essentiel à des différences de structure des qualifications et des emplois : ainsi, en 2003, 18,6% des hommes salariés à temps complet sont des cadres, contre seulement 12,3% des femmes. L'écart salarial hommes femmes s'élève à mesure que l'on monte dans la hiérarchie des salaires : il s'échelonne en effet de 7% pour les employés à 23% pour les cadres [INSEE, 2004].
[...] Enfin, nous tenterons de comprendre en quoi cet écart salarial au profit des hommes repose sur une domination masculine plus générale dans la société. I Les femmes sur le marché du travail Il est tout d'abord nécessaire de comprendre la place des femmes dans l'ensemble du monde du travail. A Les femmes et le travail La place croissante des femmes dans la vie économique est l'une des données majeures de l'évolution sociale des dernières décennies [Mermet, 2006] Place indéniable des femmes dans le monde du travail Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le travail féminin n'est pas récent et son développement n'a pas été linéaire. [...]
[...] Ce que les femmes font plus difficilement. Mais c'est également le manque d'expérience opérationnelle ou de management qui entrent en jeu. En effet, les femmes accèdent plus difficilement à des postes opérationnels au sein de l'entreprise (ex. : directeur d'usine). Ce sont pourtant ces postes à responsabilité qui représentent le levier de futurs dirigeants. Les femmes, elles, se trouvent plus souvent cantonnées à des fonctions supports (telles que la communication ou les ressources humaines) qui les écartent finalement d'une future haute responsabilité. [...]
[...] Mais sur l'ensemble de la vie active, le salaire des hommes et des femmes n'évolue pas de la même façon. Car très rapidement, les écarts de revenu entre hommes et femmes se creusent au cours de leur carrière : à situation initiale équivalente, le salaire des hommes augmente plus vite que celui des femmes. De manière générale, si l'on compare des salariés du secteur privé travaillant à temps complet, les évolutions de salaire sont nettement en faveur des hommes avant 25 ans, puis équivalentes entre 25 et 30 ans, enfin plutôt en faveur des femmes après 30 ans et ce jusqu'à la fin de la carrière [LE MINEZ, ROUX, 2002]. [...]
[...] Cependant, elles n'ont pas les mêmes possibilités d'évolution de carrières que les hommes. Car malgré le fait qu'aujourd'hui, aucun métier n'est juridiquement interdit aux femmes en France, leur accès aux postes les plus élevés est loin d'être effectif. Pour illustration : en 1996, aucune femme n'est dirigeante parmi les 220 plus grosses entreprises. L'accession des femmes aux postes de cadres et aux plus hauts degrés de la hiérarchie demeure inhabituelle. En effet, on ne compte que de femmes parmi les équipes dirigeantes des entreprises leaders installées en France. [...]
[...] «Cependant, elles ne représentent que 36% des cadres et professions intellectuelles supérieures en 1982). Elles n'occupent que 17% des postes de direction dans les entreprises de plus de 500 personnes) de ceux des comités de direction. Seule une entreprise de plus de 1 salarié sur cinq est dirigée par une femme, et la proportion diminue avec la taille. Dans la fonction publique la situation est légèrement moins impressionnante : celle d'Etat compte 13% des femmes dans des postes de directeur, sous-directeur ou chef de service. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture