Analyse de la citation :
« Une nouvelle forme de contrôle social se met en œuvre, dont la médiation donne une belle illustration, qui repose non plus sur la contrainte mais sur le consentement et la participation des individus. Apparemment cela va dans le bon sens. Pourtant, il est permis de se demander si cette évolution, à la croisée de chemins idéalistes, gestionnaires et marchands, sera le ferment d'une émancipation ou l'expression d'une servitude volontaire. Tout dépendra de la capacité des acteurs sociaux, et en particulier des médiateurs, à comprendre le sens politique de leur action. »
Faget, J. (2008). L'impensé de la médiation : contre-culture ou soft power ?. Empan, 72, (4), 74-80. doi:10.3917/empa.072.0074., pp. 79-80.
[...] Le recours à la médiation est un choix politique, qui permet une prise de décision en apparence basée sur un consensus à partir de l'écoute de chacun : pour autant, rien ne dit à quel point un consensus doit tenir compte des uns ou des autres oo 221. Il est en réalité beaucoup plus difficile, et les exemples sont nombreux à ce niveau, de déterminer si la médiation permet vraiment une prise de décision « populaire », alors que son élaboration reste à la discrétion du médiateur, voire du commanditaire Cette faiblesse majeure de la médiation mise en évidence, il reste à démontrer que la médiation porte un risque réel de n'être qu'illusoire, alors qu'elle continuera de faire des gagnants et des perdants Les bénéficiaires de la médiation resteront ceux qui en maitrisent les rouages Le système de médiation reste un système complexe, dont la maitrise des enjeux donne une grande chance de voir le consensus tourner en la faveur des mieux informés. [...]
[...] Ainsi, le risque existe qu'une « société de la médiation » devienne une société davantage populiste qu' « ultra-démocratique ». La rhétorique du recours à la médiation pourrait être associée à celle du recours au peuple au détriment du recours à la raison. L'on pourra ainsi s'interroger, dans les années à venir, sur de possibles affaiblissements même du système de représentation indirect public et privé (politique, au sein de l'entreprise . ) en cas de multiplication des recours à la médiation. [...]
[...] La principale différence serait donc que ses conclusions relèvent du résultat de la démocratie directe, et non d'une loi générale. Il reste à déterminer si cela est vraiment positif Utilisée par les mêmes personnes et aux mêmes fins, il n'est pas dit que la médiation permette réellement de mieux servir les intérêts de chacun L'on a beaucoup fait le procès d'un système juridique, politique et économique dirigé par une minorité de personnes aux intérêts communs, fusse-t-elle appliquée dans les pays démocratiques. [...]
[...] Pour ce faire, nous démontrerons dans un premier temps en quoi la médiation a pu se développer comme illustration d'une société plus démocratique et participative, changeant jusqu'à l'organisation même de la société. Dans un second temps, nous montrerons qu'en réalité, celle-ci s'est surtout construite pour remplacer des systèmes que nombre de parties prenantes n'acceptaient plus, jugeant que l'ancien système de décision était déficitaire, mais sans pour autant porter de gages sur le fait que le nouveau ne le sera pas. [...]
[...] Cela pose à la fois la question de leur disponibilité et de leur empowerment oo 122. Un possible cercle vertueux : des individus mieux informés participent davantage, ce qui les renforce à leur tour : la société serait donc aussi celle de « empowerment » oo 122. Cet état des choses renforce également l'idée selon laquelle les individus seraient désormais enclins à donner davantage de temps dans la prise de décisions la concernant, plutôt qu'à la déléguer, ce qui est nouveau. [...]
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