Les violences envers les femmes et notamment les violences conjugales sont un phénomène de société avéré qui concerne tous les pays et toutes les classes sociales. Parmi les victimes de ces violences, les femmes immigrantes ou étrangères sont particulièrement vulnérables. Le parcours migratoire engendre souvent l'isolement, la perte des repères et le déclassement social. Au-delà de cette vulnérabilité, les femmes qui ne disposent pas encore d'un statut de résidence permanent sont sujettes à une double peine, privées de statut légal lorsqu'elles choisissent de fuir la violence, ou obligées de subir la situation par peur d'être expulsées vers leur pays d'origine. Nous nous intéresserons au cas des femmes qui immigrent vers deux régions : l'ile de La Réunion et le Québec. Dans les deux cas, c'est le fait de détenir la citoyenneté du pays qui met l'agresseur dans une situation de supériorité par rapport à la victime dont le droit de rester sur le territoire est souvent conditionné au maintien du lien avec l'agresseur (mariage, vie commune, contrat de travail, ou parrainage). Cette condition instaure un rapport de dépendance qui rend la situation délicate si une femme étrangère est violentée. C'est un paradoxe certain que de choisir de quitter son pays pour rejoindre son conjoint, ou pour trouver une situation de vie meilleure, vers un pays reconnu pour son attachement aux droits de l'homme et de s'y voir violentée sans recours, séquestrée et utilisée comme esclave ou simplement expulsée. Les immigrantes qui rejoignent leurs conjoints ou familles subissent des situations de dépendance dans plusieurs aspects de leur vie. Elles sont parfois dépendantes de leur mari ou employeur d'un point de vue financier, du fait de la non-maîtrise de la langue, du fait de l'éloignement de leur réseau social et des difficultés d'accès au marché du travail qu'elles peuvent subir. Les conditions imposées pour la délivrance d'un visa ont de lourdes conséquences. En France, l'obligation du maintien de la vie commune et au Québec le parrainage, sont des systèmes juridiques qui instaurent un rapport inégalitaire au sein du couple. La menace du retrait des papiers d'identité et du titre de séjour est un moyen de pression très fort qui est utilisé dans la grande majorité des cas de violence faites aux femmes étrangères. Ces situations de dépendances sont les effets pervers de lois régissant l'organisation juridique, administrative et économique de la France et du Canada.
[...] Cependant, nous étudierons dans le second chapitre, les effets concrets de cette mesure juridique, qui s'avère très insuffisante pour sortir les femmes de la situation de dépendance qu'elles vivent Le contexte québécois L'égalité entre les femmes et les hommes est une valeur à laquelle les Québécois sont attachés[12]. Le mouvement féministe a pris une place importante dans l'histoire du Québec. Selon Micheline Dumont (2005) c'est un des mouvements féministes les plus dynamiques du monde occidental La pression quotidienne exercée sur la voie publique envers les femmes à La Réunion n'est pas perceptible au Québec. Évidemment, les violences conjugales existent, les chiffres suivants permettent une comparaison significative avec l'ile de La Réunion. [...]
[...] Références bibliographiques Bennett M., et Sani F., (2004), The development of the social self Hove, Psychology Press, New York p. Bourdieu P., (1979), La distinction. Critique sociale du jugement, coll. Le sens commun, éd. de Minuit p. CARDU, H. et BOUCHAMMA Y., (2000). Identité et insertion socioprofessionnelle ; un outil de counselling interculturel auprès de femmes immigrantes, Les actes du CONAT, Québec. Castonguay, M-H., (2009). [...]
[...] Une adaptation au contexte serait nécessaire pour transférer des outils, mais, selon Johanne Magloire, chargée de coopération et d'éducation de la CDPDJ que nous avons rencontrée, les projets de médiation culturelle mis en place pour sensibiliser à la lutte contre les discriminations et former certains publics sur des sujets particuliers à La Réunion pourraient tout à fait être pertinents concernant les femmes immigrantes victimes de violence au Québec. Cet élément sera développé dans la section suivante. Le médiateur peut établir des liens entre les groupes de femmes des pays d'émigration et d'immigration afin d'agir en commun face à des problématiques transnationales pour le droit des femmes et la liberté de circulation Proposition spécifique du médiateur : la médiation culturelle comme outil de prévention et de reconstruction. [...]
[...] Immigration et intégration tenant compte des rapports sociaux entre les sexes : Actes de l'atelier sur la recherche en matière de politiques et analyse sélective sur la documentation sur la recherche en matière de politiques 1987-1996, Ottawa, Gouvernement du Canada. CONFÉRENCE RÉGIONALE des ÉLUS de MONTRÉAL, octobre 2004), L'isolement des femmes immigrantes et des communautés culturelles : des causes et des solutions à partager, Femmes et développement régional, Journée de réflexion et d'échanges interculturels. CôtÉ, A., KÉrisit, M., et CôtÉ, M-L., (2001). [...]
[...] La modification de l'identité culturelle est influencée par la volonté d'intégrer les habitudes de vie, de connaître les traditions, les coutumes, les spécificités de la langue tout en acceptant que l'on reste toujours différent. Il s'agit pour l'individu de gérer l'ambivalence intérieure entre la volonté de garder sa spécificité liée à sa culture d'origine et celle de passer inaperçue, de ne pas être différent. La question est de trouver le dosage qui permet de satisfaire à la fois les besoins de spécificité et d'appartenance. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture