Aujourd'hui, de nombreux pays semblent ne plus être confrontés ou très peu à l'analphabétisme de leurs populations grâce à la généralisation de la scolarité. Pourtant, on s'inquiète désormais des difficultés rencontrées par certaines personnes dans la maîtrise de la langue écrite, malgré leur scolarité et les médias tendent à faire de ce phénomène que l'on qualifie d'"illettrisme" un phénomène alarmant et inquiétant pour la société. Pour cela, de nombreuses campagnes et enquêtes ont été organisées et ont donné lieu à de nombreux discours sur cet "illettrisme" de la part des médias, des associations, et même des membres du gouvernement : il est ainsi montré comme un nouveau "fléau" de notre société qu'il faut combattre et ceux qu'on qualifie d' "illettrés" sont ainsi décrits comme inadaptés, handicapés, et souvent associés à l'exclusion, la délinquance, la violence,… Mais ces discours se contredisent et n'arrivent pas à se mettre d'accord sur ce qu'est vraiment cet "illettrisme" en nous donnant des définitions des plus variés, des chiffres très divers sur l'ampleur du phénomène et en émettant des stigmatisations, qui n'ont pas lieu d'être, sur ces soi-disant "illettrés". Il faut donc se méfier de ces discours et les étudier d'un regard critique. On peut alors se demander si cet "illettrisme", dont on nous parle, existe vraiment et si ce n'est pas seulement un mot que l'on utilise pour désigner des réalités qui sont en fait très différentes les unes des autres
[...] Il nous dit aussi que des enfants sont de médiocres lecteurs en sixième" sans expliciter ses critères et en utilisant la notion de "médiocre" qui est plutôt "floue", et, de plus, négative et normative. Ces chiffres ont donc bien seulement une fonction rhétorique pour attirer l'attention des lecteurs et n'ont aucun fondement scientifique: il ne faut donc pas se rapporter à eux mais les considérer de manière critique. IV. Les métaphores à l'étude Dans tous ces articles, les auteurs se livrent aussi à des métaphores pour désigner les "illettrés" mais ces métaphores sont toutes issues du sens commun, totalement injustifiées et souvent scandaleuses. [...]
[...] De nombreuses autres causes comme le manque d'incitation à la lecture, une déficience des compétences, une inadaptation des populations rurales sont encore évoquées dans tous ces articles ce qui nous montre, encore une fois et encore plus clairement que la diversité des définitions, que l'on a voulu englobé dans ce phénomène appelé "illettrisme" tout un tas de situations très différentes. VI. Les conséquences à l'étude Tout comme pour les causes, de multiples conséquences sont imputées à l'"illettrisme" et on tend à le présenter comme un problème de base, cause de nombreux autres problèmes sociaux tel l'exclusion, le chômage, la violence L'une des conséquences la plus évoquée est la marginalisation des "illettrés" mais n'est-ce pas plutôt ces discours qu'ils veulent les marginaliser en tentant de créer cette nouvelle catégorie sociale distinctes de celle des "lettrés" ? [...]
[...] des actions sociales basées sur des modèles scolaires d'apprentissage des modèles scolaires d'apprentissage Malgré une évaluation basée sur des normes scolaires, on pourrait penser que les actions "de lutte contre l'illettrisme", qui s'adressent à des personnes sortis du système scolaire, s'adapteraient, elles, aux situations particulières et privilégieraient un apprentissage de l'écrit pratique et utilitaire. Mais dans la réalité, beaucoup de méthodes d'intervention se réfèrent encore à des apprentissages scolaires de l'écrit peu adaptés à la vie professionnelle et sociale de la personne et sans faire attention à l'individu et à ses compétences propres. Il existe en réalité différentes formes d'interventions. [...]
[...] Ceci implique une valorisation sociale de la "culture lettrée" et un ethnocentrisme culturel indéniable: on considère que la seule connaissance est la connaissance écrite puis on tente de construire des catégories sociales distinguant les "lettrés" des "illettrés" ce qui vise aussi à rassurer ceux qui se pensent hors de la catégorie de population considérée être "en difficulté". Mais de cette manière et parce que l'"illettrisme" est définit de manière ethnocentrisme, il sera alors toujours possible d'être considéré par quelqu'un d'autre comme "illettré" par rapport à sa propre connaissance. [...]
[...] Dans cette seconde partie, je m'intéresserais à la manière dont c'est construit cette notion tant utilisée qu'est l'"illettrisme": pourquoi en est-on venu à parler d'"illettrisme" de cette façon et pour toutes ces situations et par rapport à quels modèles a-t-on tenté de le définir et d'y remédier? Je m'appuierai pour cela sur le texte d'A.M. Chartier "Construction sociale de l'illettrisme et modèles scolaires: Pratiques et représentation de l'apprentissage", extrait de l'ouvrage L'illettrisme en question, que j'ai présenté lors d'une séance de TD. Dans ce texte, A.M. [...]
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