La parution de 1963 d'Outsiders par Howard S. Becker s'inscrit dans la lignée de l'Ecole de Chicago et du milieu interactionniste ayant étudié la délinquance. En approfondissant ce phénomène et par le biais d'une démarche compréhensive, Becker (mais d ‘autres aussi comme Goffman ou Blumer) renouvelle l'approche de la délinquance en choisissant pour objet d'étude la déviance qui doit être considérée comme la transgression implicite ou explicite d'une norme sociale. Il ne cherche donc pas à en analyser les causes étiologiques mais l'étiquetage mis en place par la collectivité envers les individus dit déviants. Il centre donc son analyse sur l'essence même de la déviance, c'est-à-dire sur le fait que celle-ci naît d'un comportement mis en relation avec les autres. Becker privilégie donc le terme d'action collective qui regroupe toutes les activités accomplies par un certain nombre d'acteurs qui agisse ensemble. Selon lui, « comme toutes les activités humaines, la déviance peut être considérée comme une activité collective ». Il y a donc un double sens à saisir : d'une part la déviance est un construit social, fruit de l'action collective ; d'autre part la déviance ne peut pas s'établir a priori dans un individu, il faut un groupe afin de créer des caractéristiques communes liant ces membres. Comment la déviance devient-t-elle une action collective ? De quelle manière s'exprime-t-elle à travers et en dehors du groupe de déviant ?
[...] Avec l'exemple de la marijuana, le processus de mise en place d'une législation stricte montre qu'il y a une corroboration d'évènements qui décide alors de définir la marijuana comme une norme non conforme. Sous la bannière d'éthique, les USA décidèrent alors en 1937 d'interdire l'usage de cette drogue. Avant celle-ci était exclusivement consommée par les immigrés. L'état américain n'y voyait donc pas un intérêt personnel. Mais quand ce phénomène prit de l'ampleur une loi fédérale fut élaborée, cependant la difficulté restait dans le fait qu'il fallait ne pas interdire l'usage de cette drogue dans le milieu des traitements médicaux. Depuis les fumeurs de marijuana sont donc stigmatisés. [...]
[...] Dès le départ, il apparaît clairement que la déviance est une notion inventée par la société elle-même et qu'elle est donc une activité collective. Ainsi le terme de Outsider prend deux sens : d'une part il est l'acteur qui a transgressé une norme, il est étranger au groupe car il est perçu comme non conforme ; d'autre part il n'accepte pas les normes en vigueur et s'intègre dans son groupe de déviant, il considère lui-même les autres comme étrangers. La déviance est une propriété non du comportement mais de l'interaction entre la personne qui commet l'acte et celle qui réagit à l'acte commis. [...]
[...] Il y a donc ici un élément clé : on ne peut devenir que fumeur de marijuana que si on apprend à fumer, cependant implicitement il faut qu'il y ait une personne apprenant à fumer. Il y a donc une forme d'activité humaine à vivre collectivement. A la lueur de cette étude nous avons mis l'accent sur le fait que la déviance est une activité collective. Becker nous montre que son rôle en tant que sociologue est d'étudier, d'analyser et de comprendre pourquoi la déviance (ou tout autre phénomène dans une généralité) existe à l'intérieur de chaque société. [...]
[...] La déviance est le résultat de la société elle-même. C'est donc dans cette perspective que nous pouvons la considérer comme une activité collective dans le sens où le processus de déviance se fait par les interactions des personnes non déviantes. S'il y a existence de normes, c'est car des personnes les ont fait exister. Ainsi il faut s'intéresser aux personnes qui élaborent et font appliquer les normes auxquelles ces déviants ne se conforment pas. Cependant ce processus est infiniment complexe puisqu'il dépend de plusieurs variables. [...]
[...] La déviance est donc une activité collective qui doit être perçue comme toute activité humaine ! Ainsi les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance elle est donc une conséquence de la façon dont les acteurs vont créer les règles. Néanmoins ce processus social se fait aussi par une forte cohésion au groupe de déviant. Cependant même si le terme de déviant se définit obligatoirement par l'acceptation du regard d'autrui, l'implication dans un groupe se fait grâce à ceux étant dans le groupe. [...]
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