L'homme est-il réductible à sa culture? - publié le 22/07/2008

Résumé du document

"Le monde est un théâtre". Cette phrase de Shakespeare est souvent citée comme emblématique d'une réflexion humaniste ambiguë selon laquelle l'identité de chacun est prisonnière d'un jeu social qui montre non pas tant qu'aucune personne ne peut révéler ce qu'elle est au plus profond de soi, mais qui signale tout au contraire que nul ne possède une identité prédéfinie est définitive. L'homme serait en ce sens un être culture, sans cesse en quête d'identité, et se transformant au gré de ses rencontres et de ses choix culturels.
Se poser, à cet égard, la question de savoir si l'homme est réductible à sa culture semble paradoxal. En effet, si nous définissons la culture comme un ensemble de croyances, de valeurs et de pratiques qui déterminent l'identité d'un homme dans le cours de sa vie en fonction des choix qui le caractérisent, il semble impossible de voir la culture comme une réduction.

Extraits

[...] Nous vivons toutes ces expériences en un tout que nous appelons la culture. Et, dans un but d'étude, ce point de vue se justifie tout à fait. Mais on atteint le point critique lorsque nous réifions des similitudes de comportement qui ne sont que le résultat du conditionnement semblable d'un groupe d'individus, en quelque chose d'extérieur à l'homme. L'homme n'est pas réductible à sa culture, une culture qui peut relever d'un pays, d'une ethnie, et plus étroitement d'une classe sociale, d'un niveau d'éducation, d'une religion Aussi cette appartenance ne fait pas tout, il y a certains invariants dans l'humain qui l'élève au-dessus des déterminismes, comme la raison, la faculté de communiquer et de créer. [...]

[...] En d'autres termes, la culture inclut tous les éléments dans les caractères de l'homme adulte qu'il a consciemment appris de son groupe et sur un plan quelque peu différent, par un processus de conditionnement Dans ce cas il existe une certaine forme de réductibilité de l'homme à sa culture, car cette dernière, en représentant un homme membre d'une société révèle sa véritable nature. En constituant une acquisition humaine, la culture agit sur l'homme, et ce dernier la considère comme un code de conduite qu'il s'agira de respecter. La culture donne sens et forme à l'expérience, même si l'homme l'ignore, même s'il pense inventer son rapport au monde, il le fait à travers un prisme de pensées et d'émotions. Dans ce sens, l'homme reste réductible à sa culture. L'homme se construit à travers la culture, il se forge sa propre représentation du monde. [...]

[...] Cette définition implique que la culture est plus qu'un phénomène biologique. La culture forme contraste avec les matériaux bruts, intérieurs ou externes dont elle dérive. Dans ce sens, l'homme reste réductible à sa culture dans le fait qu'elle représente un processus de conditionnement En effet, selon notre culture d'appartenance, nous ne parlons pas de la même réalité précisément parce que nous la voyons pas de la même façon : le langage est comme révélateur de cette façon particulière de voir la réalité. [...]

[...] L'homme va donc agir en fonction des valeurs transmises par sa culture, tout en adaptant une certaine démarche afin de dynamiser les relations qu'impose sa propre culture au monde extérieur. Mais une telle définition de l'homme ne fait de lui qu'une puissance de changement qui est paradoxale, puisque chacun devient sans cesse lui- même et qu'il est impossible d'être sûr qu'une personne, à un moment donné, ait réellement achevé son processus de formation. Dès lors, ne faudrait-il pas concéder qu'il y a au fond un substrat du changement, une identité naturelle qui reste propre à chacun, et que nous définirions comme son caractère en dessous de sa culture. [...]

[...] Se demander si l'homme est réductible à sa culture s'est se questionner sur la distance que ce dernier peut avoir avec elle. Par exemple, la facilité avec laquelle techniques, modes de comportements et croyances se transmettent d'une génération à une autre donne à la culture ce degré de stabilité qui permet de la tenir pour une chose ayant une existence propre. N'oublions pas cependant que ce qui est transmis n'obéit jamais à des règles si rigides qu'elles ne laissent aucun choix à l'individu. [...]