Organisations patronales, syndicalisme patronal, syndicalisme ouvrier, conscience de classe, grèves offensives, traité de Versailles, reformes sociales, Front populaire, CGT
Le syndicalisme patronal se développe parallèlement au syndicalisme ouvrier, mais connaît ses propres difficultés. En effet alors que les syndicats ouvriers parviennent à donner aux travailleurs une conscience de classe, ou au moins la perception d'une même oppression et des espoirs partagés, les patrons sont isolés dans leurs entreprises et sont en concurrence les uns avec les autres, ils ont des intérêts souvent semblables, mais pas d'intérêts communs. C'est un État traditionnellement interventionniste qui, depuis la légalisation des syndicats en 1884, agit en faveur de l'unification du patronat afin de coopérer et de collaborer avec les pouvoirs publics pour faciliter les négociations avec les ouvriers et maintenir l'économie nationale face aux crises.
[...] Le syndicalisme patronal a longtemps été éparpillé entre des intérêts divergents, suivant les régions, les branches d'activités et les tailles des entreprises. L'unification par le haut appuyée par l'État, a échoué lorsque le petit patronat s'est révolté contre le grand capitalisme et leurs trusts. Les chefs de PME ont alors trouvé des ennemis communs, les 200 familles et le communisme qui leur ont permis de se rassembler et construire une doctrine, fondée notamment sur le corporatisme. D'abord proche du Parti radical, la base du petit patronat a alors pu être séduite par l'idéologie réactionnaire de Vichy. [...]
[...] La prise en main de la CGPF par les chefs de PME coïncide avec la reprise du gouvernement par l'aile droite du Parti radical. Le gouvernement Daladier à partir d'avril 1938 en particulier offre un contexte favorable à la revanche des patrons en réprimant la grève de novembre 1938. Une grande partie du patronat français accepte le régime de Vichy La Révolution nationale du maréchal Pétain s'appuie également sur cette classe moyenne, la France traditionnelle des petits patrons. Il reprend en effet le projet corporatiste formulé par le Comité central de l'organisation professionnel (CCOP), centre de réflexion théorique de la CGPF. [...]
[...] Malgré leur statut public, les chambres de commerce jouent un rôle d'organisation patronale. Les comités régionaux des chambres de commerce apparaissent pour les patrons de province exclus des processus de décision de la CGPF comme des instances régionales capables de faire valoir les intérêts des entreprises auprès des décideurs publics. La CGPF, soutenue par l'État aspire à l'hégémonie pour représenter le patronat français, elle le représente en effet dans les instances internationales et siège dans des organismes publics, mais les chefs de petites et moyennes entreprises et la plupart des patrons de province n'ont aucune chance de peser dans les décisions de son assemblée générale dominée par l'UIMM. [...]
[...] Le nombre d'organisations primaires rattachées à la CGPF en 1936 est estimé entre 2500 et 4000 selon les sources, soit environ la moitié des syndicats patronaux de l'industrie et du commerce, y compris les professions libérales. Les rivalités entre les nombreuses confédérations patronales limitent leur impact sur les politiques publiques, au profit des chambres de commerce L'intervention de l'État dans le capitalisme en 1919 est nécessaire, car les négociations pour la fondation de la CGPF suscitent de violentes luttes de rivalités entre de grands patrons en concurrence. [...]
[...] Eugène Schueller, chef de l'entreprise L'Oréal résume l'incapacité d'agir des syndicats patronaux : En 1936, l'organisation patronale n'existait pas. Il fallut tout improviser. René-Paul Duchemin, président de la CGPF, Alfred Lambert-Ribot, Ernest Dalbouze et Pierre Richemond annoncent à Blum qu'ils sont prêts à négocier avec la CGT, même sans mandats officiels de la CGPF. La majorité des patrons, et surtout la base des chefs de petites et moyennes entreprises remet en question la légitimité de ces représentants. Par exemple, la Fédération des syndicats indépendants des industries de l'eau, du gaz et de l'électricité parle des délégués CGPF comme des personnes n'ayant pas leur entière indépendance et représentant les intérêts des entreprises protégées par l'État. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture