Toute enquête n'est pas une enquête d'opinion. Il y une différence entre une question d'opinion et une question de fait. Le problème de validité interne est aigu dans les enquêtes d'opinions (mémoire, désirabilité sociale, etc.). Les gens peuvent avoir des tas de raisons de nous mentir, de se tromper, de ne pas se souvenir même sur les faits mais pour l'opinion, le problème est qu'on ne sait pas trop ce que c'est. Il peut aussi avoir des sujets sur lesquels les gens peuvent ne pas avoir d'opinion avant que l'enquêteur ne pose la question. Mesurer l'opinion est quelque chose de complexe dans la mesure où on n'est pas certain qu'il existe une opinion préalable à l'enquête et que l'opinion n'est pas le produit de l'enquête.
L'opinion publique n'est pas un concept « qui va de soi ». Est-ce que l'opinion publique est celle qui transparait dans les médias ? Laquelle ? Est-ce que les opinions que les gens rendent publiques dans les manifestations, les pétitions, les lettres ouvertes, etc. Il y a déjà un confit dans les deux définitions de l'opinion. Est-ce l'opinion qui s'exprime dans les enquêtes ? Par exemple, lorsqu'on fait un micro-trottoir, cela n'a aucun sens. C'est juste une illustration : c'est un échantillon non représentatif mais cela parle aux gens. La question du forum internet pose également problème. Les gens qui s'expriment après un article : on ne sait pas qui ils sont et ils se sont auto sélectionnés. Ils ont décidé d'aller s'exprimer. C'est donc non représentatif car ils n'ont forcément pas le même avis que ceux qui ne veulent pas aller s'exprimer. Il faut toujours se demander si c'est représentatif ou non. Doit-elle être considérée comme une « réalité spécifique » (à la manière de Durkheim) ou comme un agrégat d'opinions individuelles (voir les individualistes méthodologiques)?
[...] ( ) Il y a beaucoup de façon d'imaginer ce qu'est l'opinion légitime. Le peuple s'exprime-t-il dans les manifestations, les pétitions, les grèves ? Oui, mais ce ne sont que les gens mécontents qui se font entendre. Il faut donc tenir compte d'une majorité silencieuse (majorité de gens qui ne s'exprime pas, mais qui dirait que Le peuple s'exprime-t-il par son vote ? Le suffrage universel apparaît comme un compromis. Chacun peut effectivement contribuer à élire les dirigeants qui vont prendre les décisions. [...]
[...] Mais, en même temps, il semble dire que ce n'est pas une opinion ‘signifiante' : elles n'ont pas d'intérêt. Selon lui, il faudrait énoncer une série de prises de position explicites de groupes mandatés pour constituer les opinions et les diffuser de façon à ce que les gens puissent se situer par rapport à des réponses déjà constituées. On demanderait aux gens s'ils sont d'accord ou non par rapport à telle ou telle opinion. Cette méthode s'oppose à toutes les règles de méthodes de construction de questionnaire qui supposent que chaque item ou question soit univoque, et indépendant des autres. [...]
[...] On ne tient pas compte de la constitution des opinions publiques. Il pense que l'opinion se crée par les groupes formés en société. Par exemple, sur les forums, les gens se défoulent, car ils ne signent pas de leur nom. Selon lui, c'est l'étude des groupes qui permet de comprendre la dynamique de l'opinion publique. Aujourd'hui, par exemple, ce qui fait le débat sur la privation de la poste est que des groupes se positionnent pour ou contre la privatisation. [...]
[...] On voit apparaître dès la fin du 19e siècle l'idée que le gouvernement représentatif n'est peut-être pas le stade ultime de la démocratie. On pourrait aller plus loin et c'est ce que Bryce tente de dire. Il y a une double difficulté de cette conception. Elle est en dehors du principe représentatif. Le peuple a le pouvoir d'élire ses dirigeants, mais on les laisse discuter paisiblement dans les assemblées. Tout le monde ne partage pas le souhait de voir s'exprimer ainsi le peuple. [...]
[...] 2e étape : Elle va ensuite assez vite prendre une connotation politique. Elle va être vue comme le tribunal de la raison (prémices de la Révolution française). On va présenter l'opinion publique, dont on ne sait pas très bien qui elle est (elle apparaît dans des tracs, les premiers journaux, les cafés, les couleurs de la cour, etc.). Ce tribunal de la raison serait une sorte de sagesse populaire, mais qui constitue aussi une force contre laquelle on ne peut résister si on s'y oppose. [...]
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