Les changements dans les rapports à la hiérarchie et à la place du dirigeant au sein de l'entreprise, amorcés dans les années 1970 et 1980, ont marqué un renouvellement de la pensée sociologique face au concept d'autorité. Ainsi, les transformations sociales et culturelles vécues par l'entreprise ont engendré une remise en cause de la légitimité des rapports d'autorité, et par là-même un questionnement vis-à-vis du rôle du leader, individu détenant une position dominante dans le système d'acteurs de la firme.
La définition de Roger Lambert établissant le leader comme « une personne ayant une influence démontrable sur la syntalité du groupe » marque l'enjeu de la place du leader dans les rapports d'autorité au sein de l'entreprise. Dans une organisation sociale faite par classement des personnes selon une échelle ascendante d'importance et de pouvoir, le leader peut ainsi dépasser les différentes strates hiérarchiques, pour venir s'imposer comme un élément indissociable de la régulation sociale de l'entreprise. En sciences cognitives, la régulation est ainsi un processus de rétroaction qui permet de contrôler la coordination des actions jusqu'à résolution des problèmes. On peut donc envisager la régulation sociale comme un processus similaire, s'appliquant au sein de la hiérarchie d'une entreprise. Ce sont donc les personnes capables de regrouper autour d'elles les agents, qui neutralisent et résolvent les conflits sociaux survenant.
Dans cette perspective, le leader peut-il réellement s'imposer comme un vecteur « d'échange et d'altérité » au sein de l'entreprise, comme l'a théorisé Renaud Sainsaulieu? La grille de lecture héritée de Weber doit-elle prendre en compte une évolution du leader tendant vers un décloisonnement des relations de travail ?
[...] Activité globale de groupe. Lambert, Roger, Autorité et Influence Sociale Psychologie sociale in Traité de Psychologie Expérimentale (Fraisse, Paul ; Piaget, Jean), PUF Modèle hiérarchique. Sainsaulieu, Renaud, Sociologie de l'entreprise, Organisation, culture et développement, 2e édition, Presses de Sciences Po et Dalloz Weber, Max, Les caractéristiques de la bureaucratie Économie et Société, Plon Ce dernier est caractérisé par différents éléments : une domination des règles et des procédures écrites ; une description exhaustive des tâches de chacun, ainsi que des devoirs et des compétences ; une hiérarchie d'autorité claire, une séparation entre propriété des moyens de production et gestion de ces moyens, et une progression au mérite. [...]
[...] Le groupe est vécu comme un élément préjudiciable à l'ascension individuelle, ce qui favorise le rejet du leader, évoquant trop la notion de collectif. Le chef, ou le supérieur hiérarchique, disposent d'une importance considérable cependant, en tant qu'ils constituent un point de repère dans un environnement mouvant et que le commandement hiérarchique est considéré comme indispensable, même s'il doit être libéral et adaptatif.] Sainsaulieu, Renaud, Sociologie de l'entreprise, Organisation, culture et développement, 2e édition, Presses de Sciences Po et Dalloz [Dans certaines organisations, les employés peuvent aussi faire acte de retrait par rapport aux relations interpersonnelles de travail, et ils rejettent par là même toute idée de leader, puisqu'ils ne se considèrent pas comme un groupe.] Piotet, F., Sainsaulieu, R., Méthodes pour une sociologie de l'entreprise, Paris, Presses de Sciences Po, 1995. [...]
[...] La notion de collectif, de masse, est renforcée, et elle est perçue comme un repère dans l'entreprise, effaçant clivages et disparités. Les représentations collectives renvoient donc à un modèle de fusion, où les salariés se regroupent autour d'un leader afin de faire valoir leurs causes.] Sainsaulieu, Renaud, Sociologie de l'entreprise, Organisation, culture et développement, 2e édition, Presses de Sciences Po et Dalloz [Chez les professionnels ouvriers, et dans une certaine mesure chez les employés, la relation au leader se fait selon un modèle de négociation, très présent dans la culture collective. [...]
[...] La grille de lecture wébérienne semble toujours appropriée de nos jours, mais Sainsaulieu fait cependant remarquer que les leaders sont à présent investis d'une fonction de régulation sociale, qui leur permet de baser le comportement collectif sur de l'échange, et non plus sur des rapports de force et de domination. Si l'on convient d'une culture d'entreprise, c'est-à-dire une forme de sociabilité propre, la régulation est tout aussi liée à l'interaction stratégique des pouvoirs et aux ajustements face aux pressions externes, qu'à la dynamique sociale se créant autour des représentations. Le rôle du leader devient donc primordial dans la régulation du système social, dans la mesure où il est à même d'exercer une influence sur la syntalité du groupe en se définissant comme pierre angulaire des rapports dans la hiérarchie. [...]
[...] Hiérarchie et régulation sociale dans l'entreprise : le rôle des leaders Les changements dans les rapports à la hiérarchie et à la place du dirigeant au sein de l'entreprise, amorcés dans les années 1970 et 1980, ont marqué un renouvellement de la pensée sociologique face au concept d'autorité. Ainsi, les transformations sociales et culturelles vécues par l'entreprise ont engendré une remise en cause de la légitimité des rapports d'autorité, et par là-même un questionnement vis-à-vis du rôle du leader, individu détenant une position dominante dans le système d'acteurs de la firme. [...]
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