La maladie est une expérience individuelle, on est malade ou bien-portant pour soi-même, et, pourtant, pour la société également: la maladie est vécue, subie individuellement, mais aussi apprise. Par la rencontre avec les institutions, avec les prescriptions, des rôles se différencient, des normes de conduite s'imposent. Ainsi étudier la représentation sociale de la santé et de la maladie consiste à observer comment cet ensemble de valeurs, de normes sociales et de modèles culturels est pensé et vécu par les individus, comment s'élabore logiquement et psychologiquement l'image de ces objets sociaux que sont la santé et la maladie.
Cette étude se place à l'intersection de la médecine psychosomatique, de l'anthropologie (qui permet de voir comment santé et maladie sont liées au système global de valeurs de la société) et de la psychosociologie médicale (à partir des théories de Freud et de Parsons). L'orientation psychosociale est centrale, autour de l'articulation entre la personne et le système socio-culturel: la visée majeure est de comprendre les comportements dans les relations-mêmes qui se créent entre individus, santé et maladie, de comprendre comment les individus construisent la réalité sociale. Par là-même, l'objet n'est donc pas de recenser les connaissances médicales, mais bien de mettre en évidence l'image du réel chez les individus, d'étudier la santé et la maladie, pour l'individu, dans la société. Les principales problématiques sont donc les suivantes:
- Quels sont les liens entre les concepts de maladie et de santé ? S'excluent-ils réciproquement ?
- Quelles sont les origines de la maladie, de la santé ?
- Quelle est l'incidence de la santé et de la maladie sur la participation à la société ? La santé est-elle requise par la société ? La maladie est-elle une conduite déviante ? Quelles sont les normes de conduite du malade et du bien-portant ?
La méthode utilisée par Claudine Herzlich pour réaliser cette étude a été celle de l'entretien individuel libre, afin d'éviter d'avoir des observations trop fermées. La population interrogée se compose de 80 personnes, pour moitié cadres, membres de professions libérales et intellectuelles, et pour l'autre moitié, membres de classes moyennes; à l'intérieur de ces deux groupes, les sujets se répartissent en nombre égal selon des variables d'âge et de sexe, c'est-à-dire hommes et femmes de 25 à 40 ans et de plus de 40 ans. Finalement, face à l'hétérogénéité et à l'étendue du matériel recueilli, trois principaux objets d'analyse ont été définis:
- les thèmes, concepts et constructions qui rendent compte de la genèse,
- ceux qui rendent compte de la définition et de la classification des états,
- ceux qui rendent compte des conduites du bien-portant et du malade.
[...] Ainsi, finalement, la lecture de ce livre m'a permis de mieux appréhender la (les) réalité(s) de la maladie, des maladies, de la santé, des santés, de me rendre compte que les définitions de ces concepts n'allaient pas de soi. Cela a également été l'occasion pour moi d'aborder la santé sous un autre angle que géographie ou médicale (par exemple, de voir d'autres classification des maladies que celle usitée en médecine), et de mieux comprendre la définition de la santé donnée par l'OMS en 1947 (état de bien -être physique, psychique et social qui ne consiste pas seulement en l'absence de maladie ou d'infirmité). [...]
[...] Santé et maladie se différencient de par l'opposition entre individu et mode de vie. A partir de là, la question se pose de savoir ce que signifie l'idée de mode de vie, et plus particulièrement, l'idée de mode de vie néfaste pour la santé. Le mode de vie est déterminé par la fonction sociale de l'individu. Le mode de vie urbain est vu comme simultanément malsain et contraint: l'air vicié, le bruit, le rythme de vie sont des contraintes de la vie en société; dès lors la société se substitue au mode de vie, dans un double rôle, puisqu'elle est porteuse de maladie (elle est malsaine) et exige la santé et impose un rythme de vie (elle est contraignante). [...]
[...] Troisièmement, dans la maladie-métier, la fonction du malade est de lutter contre la maladie, l'inactivité, comblée, est alors supportable. Accepter sa maladie et le temps de la maladie (s'installer dans la maladie) et par là-même, avoir du pouvoir sur la maladie (en la supportant, en s'y adaptant, en s'orientant vers la guérison, physiquement et psychologiquement) constituent les deux points essentiels de la maladie- métier. Ici, la perception des phénomènes organiques est plus complète (car la lutte suppose la connaissance) et donc plus différenciée; le fond de santé, facteur de résistance à la maladie, est prépondérant. [...]
[...] Herzlich Santé et Maladie, analyse d'une représentation sociale 1. Présentation de l'ouvrage La maladie est une expérience individuelle, on est malade ou bien-portant pour soi-même, et, pourtant, pour la société également: la maladie est vécue, subie individuellement, mais aussi apprise. Par la rencontre avec les institutions, avec les prescriptions, des rôles se différencient, des normes de conduite s'imposent. Ainsi étudier la représentation sociale de la santé et de la maladie consiste à observer comment cet ensemble de valeurs, de normes sociales et de modèles culturels est pensé et vécu par les individus, comment s'élabore logiquement et psychologiquement l'image de ces objets sociaux que sont la santé et la maladie. [...]
[...] Il s'agit maintenant d'étudier comment l'image de la santé et de la maladie oriente les attitudes et les conduites à son égard. Tout d'abord, l'hygiène est une conduite qui aménage un mode de vie nocif, qui consiste en des conduites individuelles spécifiques qui s'intègrent à des domaines de l'existence divers. L'alimentation et la détente viennent en premier, devançant l'hygiène corporelle et la prévention médicale (c'est sans doute dû au fait que l'hygiène alimentaire est une préoccupation consciente, tandis que l'hygiène corporelle et le prévention médicale sont automatisées, acquises lors de l'enfance, institutionnalisées). [...]
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