Goffman et Becker sont les premiers sociologues à avoir exploré la notion de déviance dans une perspective interactionniste. Pour eux, la « déviance » est plus le résultat d'un processus relationnel entre les individus qu'une caractéristique en-soi de l'acteur considéré « déviant ». Les auteurs nous introduisent ainsi aux notions fondamentales de « stigmate », de « norme » et de « déviance », d'une manière à la fois novatrice et qui nous a semblé exceptionnellement visionnaire.
Il y a en effet, sans conteste, des normes qui régissent la société internationale contemporaine. Ainsi, l'existence d'une Organisation des Nations Unies, de Tribunaux Pénaux Internationaux, d'une Banque Mondiale, d'un Fonds Monétaire International ou encore d'une Organisation Mondiale du Commerce etc. confirme l'existence de normes, règles, principes fondamentaux - ou du moins de processus d'établissement de ceux-ci - qui sont universellement reconnus par les acteurs de la Communauté internationale. Et qui dit norme – ou lois – dit possibilité de déviance, c'est à dire de non-respect de celles-ci. Ainsi, il y a les « PED » (Pays en voie de Développement), auxquels sont accordés des concessions dans le cadre de l'OMC ; il y a le Tiers-Monde ; ou encore les Etats terroristes ou complices du terrorisme, plus couramment appelés « Etats voyous ». C'est donc que les concepts de « norme » et de « déviance » décrits par Goffman et Becker ne sont pas uniquement compatibles avec une étude sociologique à petite échelle, mais ont la capacité de s'adapter à une plus grande échelle, au niveau international, plus de vingt à trente ans plus tard. En cela, l'œuvre des deux sociologues prend, à nos yeux, une valeur universelle – bien qu'elle ait certaines limites.
Ce dossier sociologique s'attachera donc à rendre compte et à analyser dans une perspective critique les concepts de Goffman et Becker appliqués aux relations internationales. En d'autres termes, on tentera de répondre à la question suivante : dans quelles limites les concepts de « déviance » et de « norme » sont-ils légitimement applicables à une étude sociologique des relations internationales?
[...] Enfin, en Libye entre autres, les États-Unis ont cherché à influencer ou à endiguer les États voyous en apportant leur soutien à leurs voisins ou à leurs ennemis. Quelle que soit la diversité des outils employés pour limiter la portée des activités des voyous ces instruments ont, jusqu'à une date récente, fait primer la contrainte sur la persuasion ou l'incitation. Oublier la déviance pour envisager des politiques d'ouverture et d'incitations Or, le constat s'impose progressivement que les approches punitives des États-Unis se soldent par des échecs coûteux, qui devraient amener à une réévaluation des politiques envers les Etats-voyous, à savoir envisager des politiques d'incitations ou d'ouverture plutôt que de sanctions, qui pourraient représenter une bonne alternative à l'approche punitive. [...]
[...] Les usages sociaux du handicap, BECKER, Howard, Outsiders : études de sociologie de la déviance Introduction Goffman et Becker sont les premiers sociologues à avoir exploré la notion de déviance dans une perspective interactionniste. Pour eux, la déviance est plus le résultat d'un processus relationnel entre les individus qu'une caractéristique en-soi de l'acteur considéré déviant Les auteurs nous introduisent ainsi aux notions fondamentales de stigmate de norme et de déviance d'une manière à la fois novatrice et qui nous a semblé exceptionnellement visionnaire. [...]
[...] Erving Goffman (1922-1982) a étudié la sociologie aux Universités de Toronto puis de Chicago, et enseignera plus tard dans de prestigieuses universités telles que Berkeley, Harvard ou celle de Pennsylvanie. Son travail se centre non pas sur l'individu mais sur l'interaction, usant de métaphores didactiques. Avec La Présentation de Soi, il développe la métaphore théâtrale, considérant les personnes en interaction comme des acteurs qui mènent une représentation. Dans son ouvrage intitulé Les Rîtes d'Interaction, Goffman développe le concept de métaphore du rituel, pour rendre compte des rencontres de face à face. [...]
[...] Stigmates déviance et normes : retour sur trois concepts-clés Avant de démontrer les applications possibles de la théorie sociologique de Goffman et Becker aux relations internationales, il est nécessaire de maîtriser les termes que manipulent les auteurs au fil des deux textes. Partant de sa première occurrence chez les grecs (ou le stigmate se référait à des marques corporelles attestant du détestable statut moral de la personne en question), Goffman insiste sur l'idée de la différenciation dont le stigmate est victime ainsi que sur le discrédit qu'entraîne son apparente étrangeté. [...]
[...] C'est sur cette notion fondamentale d'importance de l'intérêt personnel de l'entrepreneur de la morale que nous allons nous attarder dans la partie qui suit. C. L'intérêt personnel comme la source de l'imposition des normes ou la subjectivité des concepts de norme et de déviance : le comportement ambigu des Etats-Unis (La déviance n'est-elle pas simplement un terme pour désigner les ennemis des grandes puissances L'idée que c'est toujours l'intérêt personnel qui pousse un entrepreneur de la morale à agir est une idée essentielle de Becker. [...]
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