En 1961, M. Foucault publiait une thèse qui inaugurerait une démarche originale en philosophie des sciences, "Folie et déraison, histoire de la folie à l'âge classique", rééditée en 1972 sous le titre "Histoire de la folie à l'âge classique". Le philosophe-archiviste se proposait d'intéresser les historiens et les psychiatres à un domaine peu arpenté de manière critique, celui de la gestion de la maladie mentale. Il rappelait combien, derrière un masque d'honorabilité, une spécialité médicale avait été tâtonnante et perméable autant au domaine des idées ambiantes qu'à celui des intérêts politico-économiques.
Les premières manières de gérer la folie en tant que telle au début du XIXe se ressentent des pratiques de l'enfermement. Et le médecin reste très loin, même chez des philanthropes comme Pinel, d'écouter ce qui dans la plainte du fou nous renseigne sur la maladie elle-même. En témoignent et l'usage de la force ou de l'intimidation en cas de "mauvaise volonté".
Sans contester l'analyse foucaldienne des structures profondes, nous reviendrons avec des ambitions plus modestes sur le rôle de Pinel et de son disciple Esquirol dont les noms sont liés aux premiers gestes de libération des fous et à la possibilité de leur guérison. Contrairement à Foucault, nous estimons que les pratiques répressives de ces médecins relèvent moins d'une intention délibérée de répression que d'une impuissance devant un phénomène qu'ils ne maîtrisent pas du tout et qui les effraye.
[...] Source : Centre Hospitalier Charcot, Morbihan , Histoire de la psychiatrie. Où il décède le 2 décembre 1814. Où il décède le 2 décembre 1814. [xii][xi]Fr. Gall ((1758-1828) ,auteur de la célèbre théorie des localisations cérébrales. [xiii][xii] Inquiry into the nature and origin of mental derangement comprehending a concise system of the physiology and pathology of the human mind and a history of the passions and their affects, Londres [xiv][xiii] Traité, p [xv][xiv] C'est John Haslam qui a donné ce nom à tous les moyens d'intervention qui agissent sur le psychisme des malades. [...]
[...] Il refuse le système benthamien de surveillance. Il combat l'arbitraire des décisions d'internement (loi de 1838) en exigeant qu'une expertise médicale et non une décision judiciaire valide la décision de l'internement. Celle-ci sera effectuée par deux médecins. En outre, il plaide passionnément pour l'imposition de règlements qui organisent la hiérarchie des soignants, médecins, infirmiers et surveillants et confèrent un statut aux internés. Esquirol, clinicien et enseignant, défend l'asile au nom certes de la protection sociale, mais surtout au nom d'un principe sous-estimé par Pinel : la nécessité d'isoler les malades de leur famille, lieu où il croit déceler une des causes de la maladie mentale. [...]
[...] C'est donc la Salpêtrière sous la direction de Pinel qui fait figure d'avant-garde. L'oeuvre de Ph. Pinel (1745-1826) Deux événements vont grandement contribuer à médicaliser la folie : la parution du Traité médico-philosophique de Pinel en 1801 et l'application de ses principes à la Salpêtrière pour les femmes et pour des patients fortunés, d'une part ; le traitement qu'applique Esquirol, son disciple, dans sa Maison de Traitement en face de la Salpêtrière, rue Buffon, de l'autre. Pinel, ce déçu de l'Ancien Régime, a échappé à la Terreur en se cachant dans l'hospice de Bicêtre où il a rencontré Jean-Baptiste Pussin qui a déjà acquis une solide expérience du traitement des insensés. [...]
[...] Foucault souligne les échecs, les tâtonnements, voire les aberrations, les conflits plutôt que les continuités qui scandent l'émergence de la psychiatrie. C'est qu'il place très haut la norme de l'éthique sociale et soumet les différentes époques parcourues à un test redoutable. Analyser la manière dont une société gère la folie, c'est poser un défi qui permet de décrypter les défaillances que cette société tente de masquer sous couvert d'abus de pouvoir. Il est vrai, et là encore le travail de Foucault est indépassable, que les habitudes mentales préexistent aux individus et subsistent longtemps après eux. [...]
[...] Foucault, Pinel, l'Empire et la psychiatrie Et si la manière dont une société gère la folie et la délinquance dévoilait les structures profondes de son éthique sociale ? Michel Foucault (1926-1984), l'initiateur de la Recherche sur la folie de la Renaissance à la fin de l'âge classique En 1961, M. Foucault publiait une thèse qui inaugurerait une démarche originale en philosophie des sciences, Folie et déraison, histoire de la folie à l'âge classique, rééditée en 1972 sous le titre Histoire de la folie à l'âge classique. [...]
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