Que ce soit dans le domaine de l'éducation, de la santé ou des transports, les mouvements sociaux constituent un élément central des sociétés contemporaines. Par exemple, la crise du port autonome à Marseille en 2007 entre le gouvernement et les syndicats et qui a donné lieu à moult manifestations témoigne sans conteste de la prégnance et de la vitalité des conflits sociaux dans la société. De l'avis de certains commentateurs, les négociations devaient s'acheminer progressivement vers un « compromis institutionnalisé » entre les différentes parties. On voit bien que les négociations évoluent continuellement selon l'état des rapports de force en présence. Les conflits ont donc plusieurs faces, celle de l'antagonisme comme celle du compromis. D'autres exemples de conflits sociaux, tels que les blocages de routes par les chauffeurs routiers ou les grèves enseignantes, sont mal-perçus en règle générale par l'opinion publique qui les considèrent comme fortement perturbateurs car mettant en péril le lien social. .Pourtant, tous ces exemples montrent combien les conflits sociaux, malgré la violence, les oppositions et les blocages qu'ils entraînent, peuvent être aussi positifs, ne seraient-ce que parce qu'ils sont producteurs de « règles du jeu » au sens de D.Reynaud. Les conflits sociaux sont donc ambivalents.
[...] B La cohésion des groupes 1. Les conflits producteurs d'interactions sociales G.Simmel dans Le conflit social a souligné à quel point le conflit est profondément socialisateur. Contrairement à Durkheim pour lequel la règle doit éviter le conflit, Simmel pense que le conflit est producteur de règles. Il produit en cela de l'innovation. Si le conflit apparaît marginal, pathologique et résiduel chez Durkheim, il est au contraire central et normal chez Simmel. Le principal mérite des conflits étant selon lui de conduire à la reconnaissance de son adversaire, au partage d'enjeux communs et à la structuration des identités individuelles. [...]
[...] La civilisation des loisirs l'équipement massif des ménages, ou encore le développement de la protection sociale auraient de ce fait fortement relativisé le thème de la paupérisation des masses. Mais, le processus de démocratisation ne s'accompagne pas pour autant d'une disparition des conflits. Pour Tocqueville, les individus devenant de plus en plus envieux les uns des autres, les sociétés seraient sujettes à différents types de conflits de petite importance (autour d'enjeux matériels), mais l'élévation des niveaux de vie marquerait la fin des grandes révolutions. [...]
[...] Loin d'être anti-social, les conflits sont donc des interactions sociales fondamentales pour les individus. Chez Marx, on trouve l'idée que la lutte permet le passage pour les ouvriers de la classe en soi à la classe pour soi, à la prise de conscience de ses intérêts comme communauté agissante. Lénine comme A.Gramsci évoqueront par la suite le rôle central des intellectuels dans la formation et la structuration des classes ainsi que P.Bourdieu en parlant d'effet de théorie sur des classes existant de manière probable. [...]
[...] Le premier mettra l'accent sur le caractère central, mais finalement transitoire des conflits dans la tradition marxiste Le deuxième sur les conséquences des transformations économiques et sociaux sur la lutte des classes et l'émergence de nouveaux mouvements sociaux A Des conflits centraux, mais transitoires dans la tradition marxiste Dans cette optique, la fonction du conflit est centrale, car elle engendre le changement social, mais transitoire, car les conflits sont destinés à disparaître une fois la société transformée Le grand soir ou la fin de la lutte des classes ? Pour K.Marx, ce sont les rapports de production qui rendent compte de l'évolution des sociétés. Le conflit via la lutte des classes représentant le moteur de l'histoire et de l'évolution des sociétés. Le conflit a donc une fonction centrale pour toute société. [...]
[...] La connaissance scientifique des conflits sociaux s'en trouvant in fine renforcée de manière importante. En définitive, que l'action soit rationnelle ou raisonnable, guidé par l'intérêt ou l'investissement au sens de P.Bourdieu, force est de constater qu'un ensemble de déterminants spécifiques, une logique sous-jacente précise peut expliquer la mobilisation collective. Pourtant, les recherches sur les logiques collectives n'ont pas toujours été orientées dans ce sens. La foule guidée par ses pulsions. Pendant longtemps, divers observateurs du social ont considéré les mouvements collectifs obéissants à des logiques irrationnelles. [...]
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