La tentation du racisme ordinaire

Résumé du document

L'été 2004 aura été marqué par de multiples faits racistes spectaculaires : profanation de tombes, incendie d'un centre social parisien fondé par la communauté juive, attaques sur personnes, sans oublier la lamentable "affaire du RER" exhibant une agression fictive qui mobilisera spontanément médias et politiques. Alors qu'Ariel Sharon nuance après-coup sa dénonciation d'un antisémitisme français à la mi-juillet, la réalité semble paradoxalement lui donner raison. Le racisme et l'antisémitisme ne recoupent pas exactement les mêmes réalités (...)

Extraits

[...] On touche donc ici à un paradoxe. Tandis que l'acte de profanation est moralement et socialement gravissime, il se banalise comme simple forme d'affirmation de soi anonyme de jeunes désoeuvrés en mal d'identité. Le 8 juillet 2004, Jacques Chirac appelle au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) à un " sursaut " face à la recrudescence des actes racistes. C'est au contraire une pandémie qui suivra. Cette nouvelle forme de racisme terroriste est-elle moins préjudiciable pour autant ? Certes, on sait rénover des tombes et des monuments. [...]

[...] L'article 225-1 du Code pénal définit en outre comme discrimination " toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance vraie ou supposée à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée L'article 225-2 prévoit deux ans de prison et euros d'amende, notamment pour le refus de la fourniture d'un bien ou d'un service, le refus d'embaucher ou le fait de sanctionner ou licencier une personne selon les critères de l'article 225-1. Les décisions de justice restent un levier fondamental de la lutte contre le racisme dans la mesure où elles affirment l'ordre du droit par-delà le désordre des faits. Enfin l'antiracisme doit-il sans doute assurer les bases théoriques de ses fondements .C'est le mérite de l'oeuvre de P. A. [...]

[...] IV) Les moyens de lutte contre le racisme L'éducation est ici le mot-clé. Elle seule peut éveiller à une tolérance civique et morale envers la différence de l'autre. Elle seule peut éviter qu'une méconnaissance flagrante de l'histoire pousse des esprits incultes à ignorer le prix du sang de soldats musulmans ou juifs morts pour assurer la liberté dont ils jouissent aujourd'hui avec insouciance. L'enseignement de la Shoah, de la collaboration française au génocide juif sous le régime de Vichy, des crimes colonialistes français mais aussi de tous les grands génocides à échelle mondiale, devrait pouvoir fonder les bases d'une mémoire collective et d'une conscience citoyenne critique envers les idéologies totalitaires. [...]

[...] Le FN n'a certes pas l'exclusivité de la tentation raciste. Des ratonnades ont par exemple été organisées par des éléments extrémistes de la communauté juive. Les positions du parti FN sur l'immigration et l'identité nationale sont néanmoins bien connues, ainsi que la verdeur de leurs services d'ordre. C'est à vrai dire l'extrémisme de tout bord qu'il faut sévèrement sanctionner, en s'attachant à la dangerosité de certaines idées, susceptibles de se traduire en actes, ou à la transgression objective de ces derniers. [...]

[...] Ces confusions sont encore monnaie courante aujourd'hui. Un " juif " Français est d'abord Français avant d'être juif et il peut être blond aux yeux bleus. Pareillement, la communauté religieuse islamique est éclatée en multiples chapelles et c'est de l'ignorance d'assimiler indifféremment les plus extrémistes (telles les " Frères musulmans les wahabites ou les salafistes) avec les plus modérés. Le jeune " beur " n'est pas moins Français non plus que n'importe quel autre jeune, même si son histoire en fait un immigré de la deuxième génération. [...]