Alors qu'aujourd'hui en France on ne cesse de proclamer l'égalité entre l'homme et la femme, force est d'admettre que le milieu ouvrier est loin de remplir cet idéal. Plus que jamais le monde ouvrier est un monde typiquement masculin où la femme doit se cantonner à son rôle traditionnel de 'bonne épouse et bonne mère'. Cependant, bien que reléguées à la seconde place, les femmes jouent un rôle important, tant dans la reproduction du clivage des sexes que dans l'activité extra-professionnelle des ouvriers
[...] L'ouvrier s'aménage souvent un petit atelier dans le sous-sol ou le garage pour bricoler. Même pour de petites bricoles qui auraient pu être réalisées à l'intérieur, l'homme sort[2]. Selon Florence Weber, le bricolage ou "travail d'à côté" serait essentiellement masculin, mais si l'on reprend la définition de Hoggart, alors on peut dire que le bricolage n'est pas plus une affaire d'homme que de femme. L'objectif premier du bricolage est de mettre en valeur le savoir-faire du bricoleur : L'intérêt que l'on porte à la construction d'un objet ne réside pas tant dans l'unité de la conception ou dans l'harmonie des couleurs mais dans la minutie du travail qui est à elle-même sa propre fin. [...]
[...] En fait, ce n'est pas aussi catégorique. Tant que l'exploitation agricole se limite à la taille d'un potager, alors ce sera l'homme qui s'en chargera, en revanche dès que l'exploitation devint plus importante, la femme contribue très fortement au travail agricole. Dans un couple paysan, le jardinage est une activité féminine car il relève du travail domestique au même titre que les tâches domestiques. Au contraire le jardinage ouvrier est valorisé car il devient une activité de "spécialiste", il est donc masculin. [...]
[...] En effet, grâce à des petits travaux de couture et de ménage, ainsi qu'en activant une profonde solidarité familiale, la femme permettait à la famille de survivre et au mari de chômer (du moins officiellement, car ce dernier effectuait du travail clandestin). Plus tard, ce sont encore les femmes qui étaient les premières à descendre dans la rue pour réclamer du pain et des conditions de vie plus décentes. On se souvient par exemple de l'image de Miou-Miou, ouvrière combattante et affamée, dans le film Germinal, qui mène un cortège de femmes jusque chez les bourgeois qui se gavaient sans gêne de brioches encore tièdes. [...]
[...] En effet, ces activités frôlent souvent le travail au noir et la peur d'un contrôle renforce la méfiance. L'artisanat est une activité masculine par excellence : il est inconcevable qu'une femme la déclare en son nom, n'imagine pas, ici du moins, qu'une femme puisse être maçon, électricien ou menuisier»[19]. Cette tradition est très ancienne dès le haut Moyen-Age on pouvait voir la division sexuelle du travail : les hommes fabriquaient et les femmes vendaient : «cette économie urbaine en gestation permet également aux femmes de s'engager dans la vente, du moins dans certains secteurs.»[20] Cependant, bien que l'artisanat déclaré soit exclusivement masculin, on peut considérer que la femme exerce à sa manière des activités artisanales. [...]
[...] La femme redoute aussi le chômage de son mari car la perte de l'emploi signifie un retour à la maison, menaçant du même coup son espace. Ces deux raisons expliquent en partie pourquoi les femmes valorisent hautement le travail d'à côté masculin, allant même jusqu'à y participer activement, si toutefois la légitimité sexuelle le leur permet. II. Le rôle de la femme dans le travail d'à côté de son mari Dans son ouvrage Le travail d'à côté, Florence Weber met en évidence trois grandes formes d'activités : le travail agricole, le petit commerce et l'artisanat. [...]
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