A la fin du XVème siècle, le peintre Dürer définissait, dans L'Apocalypse, quatre fléaux : la guerre, la mort, la peste et la famine. Cette représentation montre que la peur du manque de nourriture est une crainte très ancienne et profonde des populations. Assurer la sécurité alimentaire, c'est-à-dire garantir la disponibilité et l'accès aux aliments nécessaires pour être actif et en bonne santé, a toujours été une priorité pour l'homme. Au delà des politiques d'autosuffisance alimentaire (qui ont aussi existé dans les pays développés, l'autosuffisance ayant été l'un des buts premiers de la Politique Agricole Commune de l'Union Européenne en 1962), le XXème siècle a aussi essayé de soulager cette peur par la définition d'un droit à l'alimentation.
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 précise ainsi dans son article 3 que "tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne" et dans son article 25 que "toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation." Ce droit, repris dans les Conventions de Genève, en particulier dans le premier protocole additionnel de 1977 dont l'article 54, alinéa 1, dispose qu'"il est interdit d'utiliser contre les civils la famine comme arme de guerre," est donc censé être protégé même en temps de guerre. Ce droit a encore été réaffirmé récemment par 182 Etats lors du Sommet mondial de l'alimentation de Rome en 1996, où l'objectif de réduire de moitié la sous-nutrition d'ici à 2015 a été fixé.
Pourtant la faim, et la famine, sont encore des réalités du monde contemporain et cet objectif est encore loin d'être atteint. Des centaines de millions de personnes sont morts au XXème siècle des conséquences des famines. Près de 830 millions de personnes souffrent encore aujourd'hui de sous-alimentation, principalement dans les pays pauvres d'Asie du Sud ou d'Afrique subsaharienne, où une personne sur cinq ne mange pas à sa faim
[...] L'éradication de la famine par la prévention et la démocratisation 1. La prévision et la prévention des Famines Prévoir la famine Prévoir la famine est aujourd'hui devenu possible grâce à de nombreux systèmes de surveillance et d'alertes. Des satellites scrutent en permanence les conditions météorologiques, l'évolution des masses d'air et des océans, rendant prévisibles sécheresses et autres cataclysmes. Des observatoires sont aussi mis en place dans chaque pays, des analyses faites sur l'état de nutrition des populations. Les systèmes d'alerte ont pour objectif d'identifier les zones géographiques les plus vulnérables, où une surveillance accrue des évolutions politiques et économiques ainsi que climatiques et environnementales sera effectuée afin d'être prêts à réagir rapidement. [...]
[...] De plus, depuis 1960, s'il y a eu un doublement de la population mondiale, le ratio des disponibilités alimentaires par personne a malgré tout augmenté de 20% du fait d'une hausse continue de la productivité, non prise en compte par Malthus. Par exemple, en kilos de céréales par personne ont été produits dans le monde, contre 247 en 1950, soit un accroissement de près de 25%. Par ailleurs, la croissance démographique se ralentit, son apogée étant dépassé et le SIDA provoquant actuellement une hausse de la mortalité. La population mondiale devrait se stabiliser vers 11 milliards d'être humains vers 2150. Les réserves de production devraient théoriquement être suffisantes pour nourrir ces onze milliards de gens du fait de plusieurs facteurs. [...]
[...] Le mouvement de guerre peut ainsi espérer se transformer en force politique. Ainsi, pour de nombreux mouvements en quête de moyens financiers et matériels, de pouvoir et de reconnaissance internationale, la guerre est aujourd'hui plus intéressante que la paix nous dit Sylvie Brunel (2002). Et encore, la famine n'est plus aujourd'hui la conséquence malencontreuse des conflits modernes, mais leur argument en ce sens que la famine est une arme contre des minorités. Elle constitue l'échelon suprême des politiques discriminatoires qui vont jusqu'au nettoyage ethnique. [...]
[...] Néanmoins, cette objection semble relativement mince et concerne peu d'exemples. B. Empêcher les famines, c'est aussi empêcher les conflits 1. Des origines communes aux famines et aux conflits Au vu du développement des moyens de surveillance décrits précédemment (satellites et autres), on peut affirmer que, sans la guerre et les conflits, la famine ne représenterait plus une telle menace. La famine a survécu jusqu'à présent malgré une capacité accrue à la prévoir et aussi à la prévenir parce que certains le souhaitaient et l'utilisaient comme une arme de guerre, se montrant insensibles et indifférents aux souffrances des populations. [...]
[...] En effet, les combattants seront toujours les premiers à être nourris. Si les crises politiques sont une origine importante des famines, il faut également reconnaître que la famine est en retour source d'instabilité politique. En effet, sa survenue et les tensions qui l'accompagnent, provoquent toujours une remise en cause du pouvoir, qu'il soit démocratique ou autoritaire, car les autorités en place portent la responsabilité d'un échec, celui de la prévention. C'est pourquoi il y a souvent contestation du pouvoir, accusé des quatre i : incurie, incompétence, imprévoyance et impunité. [...]
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