Conférence prononcée en mai 2006 à la Cour d'appel de Dijon à destination de magistrats, enseignants à l'Ecole Nationale des Greffes et des agents de l'administration pénitenciaire et de la protection judiciaire de la jeunesse. Elle a pour objectif de montrer la relativité de concepts tels que le "folie" et la "normalité", montrant que, selon les époques et les lieux, on peut passer de l'un à l'autre, notamment par la classification des comportements déviants, selon que ces comportement réussissent à devenir majoritaires ou non.
[...] L'indigène, présenté en cage ou dans une reconstitution de son milieu naturel est animalisé. Il est présenté quasi-systématiquement comme polygame et donc volage, cannibale et attardé[12], cette présentation rassurant le parisien comme le provincial sur sa propre normalité, voire sur sa supériorité. Cet aspect des choses est sans doute à la source de notre extrême méfiance concernant le pouvoir médico-socio-psychologique seul apte à qualifier aujourd'hui une personne de fou, de déviant et, par extension, de déliquant/coupable. Cette méfiance est d'ailleurs partagée par M. [...]
[...] Le fou, de même que les déviants, est en fait une personne qui a une expérience différente de l'expérience commune face à un même événement ou un même stimulus. Cependant, contrairement aux déviants, le fou ne fait pas acte de volonté dans son comportement. Il est, selon Ph. Le Moigne, dans l'incapacité de souscrire aux normes et aux valeurs de la société dans laquelle il vit. Il n'est pas capable d'identifier les normes tacites, ni même les normes expresses. Le fou, contrairement au déviant, n'est généralement pas considéré comme sanctionnable, mais plutôt hors jeu au sens où sa raison est défaillante. [...]
[...] Source S.D.A.T in D.U.A.H. séminaire d'antheopologie/ethnologie. Pour plus de détails, consulter S. Lemaire et P. Blanchard, Ces zoos humaines de la République coloniale in Le Monde Diplomatique Août 2000, pp. 16-17, Culture coloniale : la France conquise par son Empire, même auteurs, éd° Autrement, Paris p., Zoos humains De la vénus hottentote aux reality shows, mêmes auteurs plus E. Deroo, G. Boetch, éd° La Découverte, Paris p., A. Ruscio, Le credo de l'homme blanc, éd° Complexe p. [...]
[...] Dans ce cas, il faut, la sanction que constitue la marginalisation peut aussi être partielle. Elle peut aussi être volontaire ou indépendante de la part du déviant, et nous ferons la distinction entre le marginalisé, le mis en marge sanctionné d'un comportement ou aptitude non conforme et le marginal, délibérément en retrait du système normatif de référence. Cette distinction est confirmée par S. Noguès. Parmi les marginalisés, nous avons distingué entre d'une part, ceux dont aucun acte de volonté ne peut remettre en cause leur statut, à savoir les handicapés physiques ou mentaux, les personnes âgées (avec un degré de marginalisation encore faible mais croissant) et, d'une certaine façon les génies et, d'autre part, ceux qui ont des attitudes, comportements ou valeurs longtemps considérés comme coupables et sanctionnés moralement tels que les toxicomanes ou les homosexuels. [...]
[...] Il n'est pas écarté de la société mais interroge la majorité normale sur sa faible rationalité. Généralement, le génie serait plus à classer dans les marginalisés, les mis à part, victime lui aussi de son anormalité sociale que comme un anormal médicalement constaté. A titre d'illustration, il suffit de se référer aux études montrant les grandes difficultés d'insertion scolaire des enfants sur-doués et leur placement dans des instituts spécialisés, participant à cette marginalisation dès l'enfance. En dehors du fou, la problématique de la normalité et de l'anormalité pose la question de la déviance, considérée cette fois comme issue d'un acte de volonté et alors d'autant plus dangereuse pour la cohésion du système normatif, qu'il soit social ou juridique. [...]
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