Six millions d'« emplois atypiques » en France, souvent réservés aux femmes et qui sont l'antichambre de l'exclusion, voila le constat aujourd'hui. Un emploi atypique est défini comme étant une activité professionnelle qui diffère de la "normale" : à savoir un CDI à temps plein. Ainsi un emploi à temps partiel est un emploi atypique, de même que les emplois dits précaires, qui se définissent comme des emplois dont la durée est limitée dans le contrat (CDD, intérim...). Il y a en effet eu une progression explosive de la précarité, de 1985 à 2001: entre le milieu des années 1980 et l'année 2001, le nombre de salariés employés sous contrat à durée déterminée a triplé (de 319 000 à 929 000), celui des intérimaires a été multiplié par six (de 114 000 à 606 000), les contrats aidés et stages ont plus que doublé (de 115 000 à 408 000). Les emplois temporaires, qui touchaient 2,7% de la population active occupée en 1985, concernent en 2001, 8,2% des personnes ayant un emploi.
Depuis les dernières décennies les emplois atypiques ont connu une forte augmentation, ce qui remet en partie en cause dans la société la conception traditionnelle de l'emploi, justement en tant que classique CDI à temps plein. On peut donc se demander quelles peuvent être les différentes explications des causes de cette augmentation, et notamment chercher à connaître son éventuelle origine : est-elle dans l'offre de travail (les postulants), la demande de travail (les employeurs), dans une action étatique ou encore dans une évolution sociétale de la production (nouvelle régulation)?
[...] En effet avec Durkheim dans La division du travail social, on peut voir les emploi atypiques comme une division du travail contrainte, donc injuste, et surtout anomique : le travail perd sa dimension d'instance d'intégration sociale et entraîne des phénomènes d'anomie pathologique dans la société. Les grandes avancées des emplois atypiques peuvent amener ceux-ci à être vus comme typiques en tant qu'expression d'une évolution sociétale ou encore des perversités d'un système libéral incontrôlé Bibliographie Durkheim (Emile), La division du travail social. Gazier (Michel), Tous sublimes, vers un nouveau plein emploi. Inglehart (Ronald), La révolution silencieuse. [...]
[...] D'où les désinstitutionalisations comme les "contrats de mission" qui sont en fait des CDD "anoblis" . Egalement on peut comprendre avec Malthus qu'il faut pour lutter contre le chômage mieux diviser les heures travaillées qui seules s'échangent sur le marché du travail : le chômage serait ici dû aux travailleurs à temps plein, égoïstes Ainsi la réforme des 35 heures peut être vue dans cette approche comme un partage redistributif - ou en tous cas voulu comme tel - de ces heures travaillées au profit des chômeurs Un nouveau mode de régulation : les changements organisationnels dans l'entreprise Ici ce phénomène des emplois atypiques est l'expression de l'avènement de l'entreprise du troisième type non plus basée sur les professions traditionnelles et assez stable, mais au contraire sur la capacité des employés à s'adapter, à évoluer, à développer des savoirs- être au-delà de leurs savoirs-faire. [...]
[...] Un choix individuel Une approche micro nous permet d'envisager le développement de ces nouveaux emplois comme l'expression d'un calcul individuel qui aurait parfois tendance à évoluer vers une préférence pour les loisirs. Ainsi par exemple une mère de famille qui veut travailler mais aussi s'occuper de ses enfants aura recours à un temps partiel, tous comme plus globalement les nouveaux modes de vie ont tendance à favoriser une plus grande flexibilité de l'emploi pour améliorer les conditions de vie si possible. [...]
[...] De plus on peut comprendre cette augmentation par le fait qu'aujourd'hui très souvent les entreprises sont de plus en plus soumises à leurs actionnaires. Avec Baumol on sait que leur rationalité s'effectue à court terme (les zinzins : investisseurs institutionnels), ce qui signifie qu'ils ne voient que le niveau de dividende de l'entreprise, et celle-ci doit dès lors, pour assurer le niveau de ses actions, maintenir celui-ci au niveau jugé souhaitable. Dès lors le risque de variation économique lié à la conjoncture ne repose plus sur les actionnaires justement, mais bien sur les employés, don les types d'emplois permettent un réajustement rapide du volume salarial par rapport à la conjoncture. [...]
[...] D'où les stratégies en vogue actuellement chez les jeunes : c'est une remise en cause des professions au sens où elles s'inscrivaient en tant que carrières internes à une entreprise dans une vie. En effet aujourd'hui une carrière est plus une trajectoire qui slalome entre différentes entreprises où on dénote une évolution entre les types d'emplois. Il y a donc un intérêt évident à l'augmentation de la mobilité professionnelle aujourd'hui, cause possible du développement des emplois atypiques. III / l'approche régulationniste de ce phénomène : lutte contre le chômage et avènement d'une nouvelle forme organisationnelle dans la production 1. [...]
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