Les « nouvelles sociologies », qui équivalent pour Philippe Corcuff à la sociologie relationnelle, « ont fourni des ressources pour déplacer les oppositions routinisées ». L'auteur place dans ces dernières les dichotomies matériel / idéel, objectif / subjectif et collectif / individuel. Ces concepts, produits par deux visions du monde antagonistes, ont fourni, en conséquence, deux méthodes d'analyse du monde social qu'on tend à opposer farouchement. Ces deux méthodes ont été forgées pour l'une – expliquer – par Emile Durkheim (1858–1917), pour l'autre – comprendre – par Max Weber (1864–1920) C'est un débat qui recouvre une dimension ontologique : quelle est l'origine de l'action individuelle ?
[...] Il s'agit, plus que de les concilier, de tourner la page en quelque sorte. L'antagonisme n'aurait plus lieu d'être dans la mesure où les faits sociaux sont effectivement produits par les actions individuelles mais agissent également comme des contraintes extérieures. Ce seraient ainsi les deux faces, subjective et objective, d'un même objet. Comme le dit François Dubet il n'y a pas à choisir entre l'individu et la société, ces deux objets nous étant donnés ensemble avec le paradoxe qui leur est associé : l'individu est pleinement social et la société est la résultante des actions individuelles Il en conclut donc qu' il n'est guère imaginable d'expliquer sans comprendre et de comprendre sans expliquer Ainsi, aujourd'hui, la dichotomie dans les écrits des chercheurs n'est presque plus décelable et, même s'il faut justifier sa méthode, celle-ci ne descend plus guère de l'une ou de l'autre vision de la société. [...]
[...] Ceci étant entendu, la sociologie pourrait être libérée de ses fers et allier les méthodes pour mieux rendre compte de la réalité sociale. II) Une dichotomie à dépasser : la nécessité de maintenir une pluralité de méthodes Dépasser la dichotomie originelle veut moins dire trouver une autre voie que prendre ces deux méthodes pour deux faces d'un même objet. C'est-à-dire que la sociologie doit accepter la dualité de l'homme social qui est produit de la société mais aussi créateur de celle-ci Accepter cela, c'est se libérer de l'antagonisme et c'est reléguer la philosophie sociale au second plan pour mieux utiliser des méthodes qui sont complémentaires L'acceptation de la dualité de l'homme Les deux méthodes sociologiques ont été opposées en raison du différend ontologique qui les sous-tendait. [...]
[...] Dorénavant, la sociologie se sert de ces références tout en ne s'en contentant pas. La pluralité méthodologique est ainsi la garantie de ne pas se poser ses propres limites. Bibliographie indicative Sociologie politique, Chagnollaud, Dominique (1956- . ) / Dalloz / 1997 Introduction à la sociologie politique, Baudouin, Jean / Éd. [...]
[...] Ainsi, on peut conclure à un échec de cette troisième voie dans le sens où les deux méthodes n'ont pas pu être dépassées. Cet échec nous ramène plutôt à savoir si les deux méthodes, bien que sous-tendant des conceptions du monde opposées, ne sont pas conciliables pour une meilleure compréhension du phénomène social et politique en particulier. Des méthodes qui, dans la pratique, sont réconciliables Méthodes qui ont été théorisées dans l'opposition l'une de l'autre, leur pratique révèle pourtant même chez les pères fondateurs une utilisation non dissociée. [...]
[...] Conclusion La sociologie et la sociologie politique en particulier a de moins en moins pris en compte les deux visions du monde qu'étaient à l'origine de l'antagonisme expliquer / comprendre. La sociologie contemporaine a perçu qu'il était inutile de dissocier théoriquement deux facettes de l'homme social qui ne se retrouve pas dans la réalité. Ainsi, la société est à la fois une contrainte pour l'homme et un produit de celui-ci. Le sachant très bien, les pères fondateurs et les écoles de pensée qui les ont suivis conciliaient déjà dans leur recherche les deux méthodes. [...]
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