La violence symbolique et l'habitus font parties intégrantes de la terminologie bourdieusienne. Chacune de ces notions renferme des complexités et des constantes sans que l'on ne puisse véritablement ignorer la mobilité. Dans ce travail, je me suis appliquée à clarifier ces deux termes qui ont une importance majeure pour comprendre les analyses de Bourdieu, mais également – et plus largement – les idées du mouvement déterministe, et plus généralement encore les approches sociologiques qui suivront.
A partir d'exemples d'ouvrages du sociologue français, j'ai illustré mes propos.
[...] Ses membres disposent souvent des capitaux culturel, économique, social et corollairement, d'un abondant capital symbolique. Ils usent de cette distinction pour affirmer leur identité et imposer aux autres leur vision du monde social, ce sont eux qui définissent la culture légitime. Bourdieu, à propos de la grève et de l'action politique[2], illustre cela en évoquant la mise de côté des formes de violence dure, physique pour laisser place à des formes de violence douce, symbolique. Le rapport de force ne compose pas, seul, la réalité sociale, le rapport de sens occupe également une place significative. [...]
[...] Cette forme de violence se manifeste de façon d'autant plus prégnante que l'agent qui la subit est ignorant des conditions et des instruments de son exercice. Par une manipulation de la méconnaissance en imposant des significations comme légitimes tout en dissimulant les rapports de force qui sous-tendent le pouvoir de la violence symbolique elle apparaît comme porteuse d'une valeur reconnue par tous. Cette violence indicible résulte d'un processus qui s'élabore dans les mentalités et dans les institutions et se présente alors comme évidente, naturelle, allant de soi. La classe supérieure se distingue des autres par les volumes de capitaux dont elle est dotée. [...]
[...] Et ce, d'autant plus que l'habitus est inscrit chez l'agent. La portée est telle que l'acquisition de nouvelles dispositions dans les premières années, la scolarité en est un exemple prégnant est nécessairement conditionnée par les dispositions intériorisées antérieurement. Chaque habitus que l'on peut nommer secondaire s'intègre à l'ensemble et participe au façonnage permanent d'un seul et même habitus. Pierre Bourdieu présente l'habitus comme ayant des effets structurels qui permettent de comprendre le fonctionnement même de la société et assurant la régulation sociale par son influence évidente dans le phénomène de reproduction sociale. [...]
[...] Mais, dès lors qu'émergent des modifications de ces conditions objectives, l'habitus ne se réadapte pas de la même façon. On pourrait comparer cet effet à un mouvement d'inertie d'où résulte l'hystérésis[9], comme le nomme Bourdieu, qui peut se manifester sous la forme d'un décalage. Lorsqu'il y a l'apparition d'une asymétrie entre conditions de production de l'habitus et celles dans lesquelles il est amené à fonctionner, on peut dire que l'agent occupe une position sociale pour laquelle il n'a pas les dispositions essentielles. [...]
[...] Dans la seconde situation possible, l'habitus se restructure selon la trajectoire sociale parcourue par l'agent, qu'il s'agisse d'une ascension, stagnation ou dégression sociale. Tout déplacement dans un champ social provoque l'habitus de l'agent et l'oblige à réagir. Apparaît alors un sentiment d'aisance ou de gêne. Le concept d'habitus dispose en lui de la capacité de se structurer différemment selon la nouvelle dynamique que peut tendre à adopter un agent. Dans tous les cas, l'habitus d'origine devra être converti afin que le sujet puisse s'adapter. Ces ajustements peuvent marquer durablement l'habitus d'un agent. [...]
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