La fermeture des villes de manière physique - avec des barrières ou des éléments infranchissables - n'est pas un élément nouveau dans l'Histoire. Des faubourgs au pied des forteresses en passant par les villes fermées de l'ex-URSS, la fermeture a toujours constitué un moyen de mise à l'écart. Pourtant, si dans de nombreux cas cette sécurisation est involontaire, par exemple pour des villes en guerre, lors d'embargos humanitaires ou simplement dans les cités cherchant à se défendre, elle peut dans d'autres situations être volontaire.
C'est ce dernier point que l'on étudiera au travers du phénomène des enclaves résidentielles fermées gardées ou « gated communities ». Bien que le modèle des résidences fermées soit apparu à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre, leur développement ne s'est accéléré que récemment. A tel point qu'aujourd'hui, elles sont considérées comme une véritable « menace » pour l'urbanité.
[...] La peur, moteur de l'enfermement Qu'est-ce qui pousse les urbains à vouloir s'enfermer ? Il semble que la première réponse des personnes vivant dans les enclaves résidentielles fermées soit la recherche d'un environnement tranquille, où les enfants peuvent jouer en toute quiétude et dans lequel les valeurs immobilières sont certaines de rester constantes. Les promoteurs immobiliers spécialisés sur ce type de produits ont d'ailleurs bien compris cette demande, en implantant ces enclaves résidentielles dans des endroits proches de la nature et en associant à cette localisation des noms bucoliques : les Marronniers, les Tilleuls . [...]
[...] De plus, la plupart de ces quartiers sont de taille modeste et n'ont pas les moyens de financer leurs propres services. On ne peut pas à proprement parlé utiliser le terme de ville pour les décrire. En France par exemple, ils ont une taille moyenne de 38 logements. Enfin, les enclaves résidentielles fermées sont, pour beaucoup, source de surconsommation foncière. Or aujourd'hui, la notion de développement durable prend de plus en plus d'importance. Les gated communities vont à l'encontre de ce principe, à la fois sur le plan social et sur le plan environnemental. [...]
[...] Quartiers résidentiels sécurisés. Paris, Bréal Not In My Back Yard Pour reprendre le titre du livre de Thierry Paquot sur le sujet Maître de conférence à l'Institut Français d'Urbanisme et membre du laboratoire CNRS Théorie des mutations urbaines D'après l'étude de Blakely et Snyder : Fortress America : gated communities in the United States, Brooking Institution Press, Lincoln Institut of Land Policy, 1997. [...]
[...] Diabolisées, elles représenteraient un danger pour l'avenir des villes. Pourtant, peut-on réellement parler d'avenir pour ces objets qui ont été créés de toutes pièces par les acteurs économiques de la construction ? Le terme lui-même de gated community a été inventé par les premiers promoteurs à se lancer sur ce marché. Avant d'être un objet social, ces enclaves constituent toujours un placement financier sûr. Le développement des gated communities devra également passer outre la connotation péjorative qui leur colle à la peau. [...]
[...] Existe-t-il des villes fermées ? Résumé Barrières, clôtures, barbelés, enceintes grillagées, etc. sont autant d'éléments physiques qui apparaissent aujourd'hui dans le panorama urbain. Les résidences fermées et gardées ou gated communities témoignent depuis ces dernières années de cette tendance à la fermeture. Pourtant, si ces moyens de protection avaient leur place dans les villes fortifiées du Moyen-âge, pourquoi apparaissent-ils dans des villes contemporaines dégagées de toute menace extérieure ? Il semble bien que ce soit la peur et le rejet de tout risque urbain qui soient à l'origine de cet enfermement. [...]
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